Alors que le ciel se dégage sur les marchés des produits laitiers, les nuages s'amoncellent au-dessus des relations entre producteurs et transformateurs.

La Confédération paysanne, la Coordination rurale et l'Association des producteurs de lait indépendants (Apli) ont réclamé la réouverture des négociations sur le prix du lait pour le dernier trimestre 2009 dans une lettre commune à l'interprofession, le 17 novembre.

La Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL) se prépare, quant à elle, à des discussions serrées avec les industriels pour l'année 2010.

En Bretagne, la tension est toujours forte sur le dossier Entremont Alliance. Après l'annonce par l'entreprise de payer le lait 243 €/1.000 l au dernier trimestre, les producteurs ont vu rouge. Soutenus par la FRSEA Ouest et JA Ouest, ils ont exigé que les produits de la marque soient retirés des rayons des grandes surfaces.

En début de semaine, en Bretagne et dans les Pays de la Loire, des groupes de producteurs ont procédé à des opérations de vérification dans les magasins.

262 €/1.000 l en octobre

Finalement, après une réunion au ministère de l'Agriculture avec Sodiaal et Entremont, le 18 novembre, le fromager aurait accepté de monter à 262 €/1.000 l pour octobre, novembre et décembre.

Les éleveurs «sont à bout», rappelle un responsable syndical. Et les premiers dérapages redoutés par les syndicats ont eu lieu: le bâtiment administratif d'Entremont à Quimper (Finistère) a été saccagé par un petit groupe d'agriculteurs, le week-end dernier.

L'entreprise a demandé «solennellement aux organisations représentatives agricoles de condamner cette violence gratuite». «Personne ne peut cautionner ce type d'actions, mais cela montre combien les éleveurs n'en peuvent plus», a simplement réagi Gilles Psalmon, directeur de la FNPL.

Ailleurs également, les actions ont repris. Depuis la semaine dernière, l'Apli reprend ses réunions de terrain qui avaient rencontré un grand succès à la veille de la grève du lait.

Elle a aussi bloqué plusieurs laiteries dans le grand ouest et le Nord-Pas-de-Calais, filtrant les camions afin de «vérifier les produits qui entrent» et bloquer le lait d'origine étrangère.

Alors qu'il n'est toujours par question d'intégrer les syndicats minoritaires dans l'interprofession, l'Apli travaille aussi sur un projet d'organisation de producteurs au niveau national qui serait chargé de négocier le prix du lait et de le commercialiser.