Les niches à vaches étaient à la mode dans les années 1970. Le Gaec des Martellières à Sept-Forges, dans l'Orne, les a remises au goût du jour.

Les quatre associés, Corinne et Alain Aleaume et Thierry et Patrick Boisgontier, ont choisi ce type de logement pour des raisons économiques afin d'abriter leurs cent normandes et prim'holsteins. « Nous ne voulions pas d'une cathédrale de 8 mètres de hauteur à plus de 5.000 euros la place », lance Patrick.

 

La Charpente repose sur les logettes. Les logettes sont liées à la charpente. La hauteur au faîtage n'est que de 3,75 m, ce qui facilite le montage, précisent Patrick Boisgontier (à gauche) et Alain Aleaume.

 

 

Confort. La logette respecte le mouvement des animaux. Aucun obstacle ne gêne la vache pour s'installer ou sortir de la place qui lui est réservée.

 

 

Montage. Les deux logettes se rejoignent à la faîtière. La hauteur de 3,75 m a facilité le montage.

 

 

Deux effluents. « Nous étions équipés pour épandre du lisier et du fumier, c'est pourquoi nous avons conservé les deux effluents. Nous redoutions de gérer du fumier mou, souvent produit dans l'aire d'exercice à cause de l'absence de paille.

 

 

Deux couloirs proches. Les deux couloirs de raclage sont très proches l'un de l'autre. Il a fallu décaler l'écoulement du lisier grâce à un canal de débordement.

 

Montage facile et rapide

Pari gagné pour les associés puisque le bipente central mesure 3,75 m au faîtage. Il s'insère entre deux autres bipentes qui abritent l'aire d'alimentation pour l'un et le bloc traite pour l'autre. Les logettes sont liées à la charpente et fixées au sol dans un sabot en fer. Le montage est rapide. Trois jours ont suffi avec le seul matériel de l'exploitation.

Ce système a été mis au point avec un charpentier local. Au pignon, les deux logettes et le couloir de raclage occupent 8,20 m. « Une largeur qui n'est pas compatible avec le stockage de paille à l'avant de la logette », regrette toutefois Alain.

Les associés ne se sont pas lancés dans l'aventure les yeux fermés. Alain utilisait déjà des « niches à vaches » avant le regroupement des deux exploitations.

« Je savais que ce type de bâtiment était confortable dès lors que les animaux sont abrités du mauvais temps et qu'ils peuvent s'installer confortablement dans les logettes », explique-t-il.

Avant l'installation du kit, les associés ont réalisé plusieurs tests. « Nous nous sommes assurés que la logette était adaptée aux mouvements de l'animal, indique-t-il. La partie arrière est suffisamment haute pour ne pas faire obstacle à l'animal quand il se lève. A l'avant, la vache peut balancer sa tête comme elle le désire. »

« La logette, dont le sol est bétonné, mesure 2,60 m de longueur avec une barre au genou à 0,50 m du mur. Ce qui laisse 2,10 m à l'animal pour se coucher », compte Alain.

« Le jour où nous avons regroupé toutes les vaches dans la stabulation, elles se sont vite installées dans les logettes. Si nous ne les obligions pas à sortir au pâturage, elles rejoindraient toutes leur logette après le repas du matin ! », commente Patrick.

Il faut dire aussi que le confort est assurée par une épaisse couche de paille, de l'ordre de 3 à 5 kg par vache et par jour. Une couche qui a aussi l'avantage de produire du fumier plus facilement épandable au champ.

Fosse en géomembrane pour le lisier

L'ensemble du bâtiment est couvert. « A cause de la pluviométrie: 850 mm de pluie par an, cela représente beaucoup d'effluents dilués », indique Alain. Le raclage donne du fumier sur l'aire d'exercice comprise entre les deux rangées de logettes, et du lisier pour le couloir de circulation placé entre les logettes et les cornadis.

« Nous étions équipés pour gérer les deux types de déjection, poursuit-il. Pour le lisier, nous avons installé une fosse en géomembrane, moins coûteuse que les fosses en béton. Côté racleurs, ils sont à chaîne. Ils consomment 1,5 kW/h, contre 7,5 kW/h pour les hydrauliques. »

L'économie n'est pas négligeable en hiver puisque les racleurs sont mis en marche trois fois par jour.

Les économies ne se sont pas réalisées au détriment de la fonctionnalité. Le bloc de traite abrite deux box d'isolement. Tous les deux sont équipés de barrières de vêlage. « Chacune coûte 1.800 euros, mais elles sont extrêmement pratiques et nous les utilisons pour les fouilles ou les inséminations. »

Pour réduire la facture, les associés ont aussi limité la maçonnerie. Peu de murs sont porteurs. Seule la charpente de la salle de traite repose sur des murs en parpaings. Le bois domine.

« Le bâtiment des logettes est bardé avec du bois sur toute la hauteur et presque toute la longueur, décrit Alain. Cela nous convenait davantage au niveau de l'aspect extérieur. Nous ne voulions pas d'une structure trop massive dans notre paysage. »

 

Traite: un système TPA en épi

La salle de traite est une TPA en épi double équipement avec sept postes. « Nous avons profité d'une opportunité offerte par un constructeur, sinon nous aurions pris un modèle plus simple », explique Patrick, qui se réjouit du système «Easy Start» qui évite d'appuyer sur un bouton lors de la pose de la griffe.

 

 

Autoconstruction réduite

Le montant total de l'investissement s'élève à 367.000 euros, soit 3.670 €/VL, salle de traite comprise. Cette somme inclut la facture du maçon, de 47.500 euros. « Il n'était pas question pour nous de négliger la conduite du troupeau ou des cultures, insiste Patrick. Voilà pourquoi nous avons choisi de déléguer la maçonnerie à de la main-d'oeuvre extérieure. Nous avons néanmoins installé les logettes avec le charpentier et effectué l'aménagement intérieur. »

« Plusieurs constructeurs proposent des logettes en kit, précise Bruno Gautier, de la chambre d'agriculture. Cela ouvre des perspectives d'autoconstruction car le matériel de l'exploitation suffit au montage. Le nombre de projets incluant ces solutions est en augmentation dans notre département, dont quelques cas avec des aires d'exercice découvertes (*). »

Le coût moyen des constructions classiques est beaucoup plus élevé, puisqu'il s'établit entre 5.000 et 6.000 €/VL.

Il convient aussi d'étudier le coût de fonctionnement, et de ne pas négliger les besoins en paille par exemple. Sans compter la gestion des effluents, fumier et lisier, qui peut dans certains cas compliquer le travail.

« Le tout-lisier avec pose de tapis dans les logettes est une solution, remarque Bruno Gautier. Le surcoût à l'installation peut être compensé par une fosse en géomembrane plutôt qu'en béton. Mais il est encore difficile d'installer des tapis dans les logettes en bois disponibles sur le marché. »

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(*) Voir l'étude de l'Institut de l'élevage.