A l'horizon 2012, 100 % des sols situés en zone vulnérable devront être couverts l'hiver. Cette mesure peut, dans certains cas, restreindre les créneaux d'intervention pour lutter contre les adventices, maladies ou ravageurs. Ou se révéler un levier d'amélioration.

«Un couvert bien installé peut étouffer les adventices et les repousses de culture, assure Jérôme Labreuche, d'Arvalis. Il doit se développer suffisamment pour mener une concurrence efficace vis-à-vis de la lumière et de l'azote. L'enjeu est de taille car la présence du couvert empêche les interventions mécaniques et les traitements au glyphosate pendant l'interculture.»

Le choix d'une espèce vigoureuse au démarrage et la qualité de l'implantation sont donc cruciaux pour contrôler le salissement.

Pouvoir concurrentiel

La moutarde et le radis sont réputés s'installer rapidement et former un couvert dense, à condition qu'il y ait suffisamment d'azote disponible dans le sol. Les graminées et la phacélie ont également un assez bon pouvoir couvrant. L'implantation s'effectuera idéalement juste avant le retour des pluies pour assurer une bonne levée.

Pour un semis précoce d'été, le tournesol est mieux adapté mais il occupe moins bien le sol. Les légumineuses (1) sont intéressantes en termes de fourniture azotée, mais assez peu concurrentielles vis-à-vis des adventices.

«Selon les années et les caractéristiques de la parcelle, une même espèce n'aura pas le même comportement, tempère Jérôme Labreuche. La moutarde, en particulier, peut monter à graines rapidement si l'été est chaud et sec, surtout si elle a été semée tôt.»

L'ombrage et la concurrence par rapport à l'azote sont les effets les plus évidents du couvert sur les adventices, mais des éléments plus difficiles à caractériser entrent en jeu.

Certaines substances chimiques excrétées par les plantes dans le sol ont un effet dépressif sur d'autres espèces. Ces propriétés, dites allélopathiques, peuvent être exploitées contre les adventices, mais s'avèrent néfastes si elles impactent la culture suivante.

Arvalis a ainsi observé que des couverts de graminées détruits tardivement avaient tendance à contrarier la levée de l'orge de printemps. De la même manière, les crucifères et l'avoine ont un effet dépressif sur le maïs, attribué à l'allélopathie.

«Ces effets sont puissants lorsque la destruction du couvert est tardive, mais ne s'expriment quasiment plus si celle-ci est anticipée de quelques mois», signale Jérôme Labreuche.

L'ensemble de la rotation a son importance. «L'introduction de crucifères dans une rotation contenant beaucoup de colza risque de compliquer le désherbage. De même, le ray-grass pose des problèmes de repousses en système céréalier. Le risque Aphanomyces incite, quant à lui, à éviter les légumineuses lorsque le pois revient fréquemment.»

Enfin, la destruction devra être efficace à 100 %, notamment pour éviter la production de graines et le «repiquage» dans la culture suivante.

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(1) Les légumineuses, moins efficaces pour piéger les nitrates, ne sont pas autorisées seules en couvert dans le cadre de la directive Nitrates.

 

Des effets sur certains pathogènes

Des propriétés assainissantes sont mises en avant chez certaines crucifères, en raison de leur richesse en glucosinolates. Ces composés se transforment lors du broyage en molécules toxiques pour certains champignons du sol.

Arvalis a observé un effet sur le piétin-échaudage en blé sur blé, mais non systématique. L'Inra a noté entre autres un effet assainissant de certaines variétés de moutarde sur le rhizoctone brun de la betterave.

Enfin, des variétés de moutarde et de radis fourrager auraient une action antinématode, tandis que d'autres favoriseraient ces ravageurs. «Ce sont des pistes intéressantes, mais nous manquons encore de recul», estime Jérôme Labreuche.

 

 

Limaces: le gîte et le couvert

En leur offrant abri et nourriture, les couverts végétaux peuvent favoriser les ravageurs. Cependant, Arvalis ne constate une augmentation des dégâts que lorsque deux facteurs sont combinés: un couvert ayant laissé de nombreux résidus en surface et l'absence de travail du sol avant le semis.