« En quelques secondes, je peux savoir à n'importe quel moment combien il me reste de vaches à vêler ou combien ont été saillies, assure Serge Thuillier, éleveur à Saint-Didier-en-Donjon, dans l'Allier. À la fin de chaque campagne, j'ai le bilan de mes résultats techniques : nombre de vêlages, mortalité, intervalle vêlage-vêlage (IVV)... L'intérêt est aussi de pouvoir le comparer avec ceux des cinq dernières années ou celui d'un voisin. »
Après une dizaine d'années d'utilisation, Serge ne peut plus se passer de Bovitel, le logiciel proposé par sa chambre d'agriculture. Pourtant, au départ, il n'était pas féru d'informatique.
Désormais, il allume son ordinateur tous les jours : « Je retrouve rapidement tout l'historique et la généalogie d'un bovin sur sa fiche individuelle. Pour une vache donnée, j'ai le nom de ses parents, de ses grands-parents et de ses arrière-grands-parents. Le logiciel m'alerte en cas de risque de consanguinité. »
Serge peut aussi afficher tous les veaux qu'elle a eus et leur devenir, c'est-à-dire quand ils ont été vendus, à qui, à quel prix, leur gain moyen quotidien avant sevrage, ainsi que tous les traitements médicamenteux que la mère a reçus.
De la saillie au sevrage
Au printemps, Serge note au fur et à mesure les saillies sur un carnet. Une fois par semaine, il fait le point et saisit le nom du taureau et la date de saillie sur son ordinateur.
Lorsque des vaches sont inséminées, les informations lui sont transmises directement par le centre d'insémination. Cela restreint le risque d'erreur. Lors des échographies, Serge note les vaches vides dans le logiciel.
« Taux de mortalité, prolificité, taux de gestation et d'avortement... sont autant d'indicateurs que je peux consulter à tout moment, précise-t-il. Je repère ainsi rapidement tout problème au sein mon troupeau. »
Serge utilise aussi régulièrement la gestion par lot. « Auparavant, pour les vaches pleines, je ne notais pas sur mon calepin tous les mouvements entre mes groupes d'animaux, se souvient-il. Maintenant, c'est facile et rapide. Avant les vêlages, je trie mes vaches en cinq lots. Le logiciel calcule automatiquement une date de mise bas à partir des dates de saillies que je note systématiquement.
En quelques clics, je crée mes lots et je les mets à jour. Par exemple, je peux retirer une vache qui a perdu son veau et que je veux réformer. Au printemps, je refais la mise en lots. Je rassemble mes vaches suivant les taureaux que j'ai choisis. Et, au sevrage, je crée de nouveaux lots. Pour une campagne donnée, je peux retrouver tous les groupes d'animaux que j'ai constitués et les mouvements de chaque animal. »
Gain de temps
Si, au départ, les enregistrements sur le logiciel lui ont pris du temps, Serge estime en avoir gagné très vite. Il trouve aussi tout l'intérêt de Bovitel dans la gestion administrative, c'est-à-dire la notification et la tenue du carnet sanitaire.
Seule contrainte : il doit tenir à jour les informations régulièrement pour en tirer tous les bénéfices.
« Aujourd'hui, c'est instinctif, déclare-t-il. Après un vêlage, j'allume l'ordinateur. Je tape le numéro de la vache et j'enregistre toutes les informations sur le veau né ainsi que sur le déroulement de la naissance. C'est très facile. Le logiciel calcule automatiquement l'IVV. Je peux ajouter des remarques comme les conditions de mise bas. Et, dans quelques mois, je pourrai retrouver toutes ces informations sur ce vêlage pour le choix d'un taureau. »
Serge a investi dans le module de base « inventaire » et quatre modules complémentaires : « reproduction », « performance », « bonnes pratiques » et « économie ». Il ne lui manque que le pocket. « Comme je n'ai que soixante vaches, j'ai préféré ne pas l'acheter tout de suite, affirme-t-il. Mais je vais peut-être franchir le cap. »
Aujourd'hui, s'il voulait investir dans le logiciel complet, le coût, qui est propre à la chambre d'agriculture de l'Allier, est de 477 euros. Il intègre la mise en route, le téléchargement de la base de l'éleveur, la formation initiale chez lui, puis en petits groupes, et une année de maintenance.
La cotisation annuelle s'élève à 200 euros. Elle comprend une assistance dépannage-conseil, des formations de perfectionnement et l'analyse annuelle des résultats technico-économiques.
Comme Serge est adhérent à Bovins croissance, il reçoit directement les résultats des pesées de chaque veau.
« Je gère mes ventes d'animaux avec mon logiciel, ajoute-t-il. Grâce aux calculs de poids effectués par le logiciel, j'ai un prix au kilo vif pour tous mes animaux vendus. Ainsi, je suis sur l'année l'évolution des cours et de mon chiffre d'affaires et je peux les comparer à ceux des années précédentes. »
Si l'ordinateur de Serge tombait en panne, tout ce qu'il a saisi ne serait pas perdu. Par sécurité, les données sont sauvegardées régulièrement sur un serveur. Avant, il y avait le risque que le carnet papier passe par mégarde à la machine à laver.
Ce transfert centralisé facilite les échanges de données avec la base d'identification, ainsi qu'avec les interlocuteurs de l'éleveur, dont Bovins croissance et les centres d'insémination.
Comment ça marche: un logiciel sur l'ordinateurComme d'autres logiciels, Bovitel est installé sur l'ordinateur des utilisateurs. Régulièrement, il se met à jour par internet et échange des données avec la base d'identification du département. Des organismes tels que Bovins croissance ou les coopératives d'insémination transmettent aussi directement des informations dans Bovitel. Le logiciel permet d'être plus indépendant de l'internet. C'est un avantage dans les zones pas encore couvertes par l'ADSL. |
Témoignage : Daniel Lafaye, conseiller à la chambre d'agriculture de l'Allier « Se préparer à un appui technique » « Ce logiciel ne tient pas lieu d'appui technique », affirme Daniel Lafaye, qui est à l'origine de Bovitel. Au départ, c'était un logiciel de suivi de troupeau à l'initiative des chambres d'agriculture de l'Allier et de la Saône-et-Loire. « Il permet de suivre précisément les performances de son troupeau et de se comparer. Tous les ans, nous fournissons aux utilisateurs une synthèse des résultats commerciaux et de reproduction du département : poids des broutards et des réformes, âge de vente, mortalité, pourcentage de vaches vides... Nous avons intégré les charges alimentaires et les frais vétérinaires pour aller jusqu'à la marge. Les éleveurs peuvent ainsi se situer les uns par rapport aux autres et discuter des solutions avec le technicien. Par la suite, lors d'un appui technique, nous pouvons être plus efficaces car nous avons toutes les données en main. C'est pourquoi les prestations proposées par la chambre d'agriculture peuvent être réalisées à moindre coût. Par ailleurs, dans un contexte difficile, Bovitel a toute son utilité. Au sein de grands cheptels, l'éleveur peut passer à côté de quelque chose et perdre une partie de marge. C'est aussi plus de sérénité vis-à-vis de tout contrôle conditionnalité. Dernier atout : grâce au logiciel, nous avons amené nombre de producteurs à l'informatique en les épaulant. » |