« Juste après la naissance, les parois intestinales du veau sont très perméables et laissent passer les anticorps », indique Marcel Augier.

 

« Entre 20.000 euros et 25.000 euros. C'est ce que m'a coûté la mortalité des veaux en 2005 », estime Marcel Augier, installé à Sail-les-Bains, dans la Loire.

 Cette année-là, le taux de pertes s'élève à près de 20 %, soit une vingtaine de veaux sur les cent vêlages. « C'était l'affolement, se souvient Marcel. De six à neuf jours après la naissance, les veaux étaient atteints de diarrhée et ne guérissaient pas. »

La responsable, la cryptosporidiose, a été mise en évidence dans le cadre du plan « diarrhées des veaux » mis en place par le groupement de défense sanitaire (GDS) à la fin de l'hiver. Mais outre la mortalité, Marcel a dû faire face à des frais vétérinaires monumentaux, plus de 1.000 euros par mois.

Depuis, il a mis en place des mesures pour que la situation ne se renouvelle pas. Sa stratégie est fondée sur le renforcement de la surveillance des veaux. Une contrainte parfois difficile à tenir compte-tenu de ses nombreuses responsabilités professionnelles.

« Je veille à ce que les veaux absorbent du colostrum le plus tôt possible », continue-t-il, soit dans les deux premières heures qui suivent la naissance.

Les anticorps peuvent alors traverser les parois intestinales. Au fil du temps, ces dernières deviennent moins perméables et les anticorps sont détruits lors de la digestion. Et sans anticorps, les veaux ne peuvent pas faire face aux agents pathogènes.

1,5 litre à la naissance

« L'idéal est de leur faire absorber 1,5 litre de colostrum juste après la naissance, indique Marcel. Et 3 ou 4 litres supplémentaires dans les 24 heures qui suivent. »

Après un vêlage un peu difficile ou lorsque la qualité du colostrum est mise en doute, le veau bénéficie également d'un traitement de faveur. Il reçoit 150 cm3 de colostrum « renforcé » acheté dans le commerce.

« Cela équivaut à 6 litres de colostrum, explique Marcel.  Le coût est d'environ 18 euros par tête. C'est cher, mais au moindre doute je m'en sers. »

« Le colostrum des vaches qui en produisent le plus peut aussi être congelé », signale Isabelle Soudant, directrice du GDS de la Loire. Juste après le refroidissement et sans le laisser sur un coin de table.

« Lors de la décongélation, il faut veiller à ne pas le faire bouillir, insiste-t-elle. Le bain-marie dans un seau d'eau chaude est une bonne méthode. Le lait trait le plus tôt possible après la naissance présente toujours une meilleure richesse en anticorps. »

Une simple observation peut donner une réelle indication sur la valeur du liquide. « Il faut le préférer épais, crémeux et d'un jaune bien prononcé », assure-t-elle. Pour effacer un doute, le pèse-colostrum peut se révéler utile.

« Mais la traite d'une allaitante après le vêlage n'est pas toujours évidente », ajoute Marcel, qui recourt peu à cette solution de dépannage. L'éleveur est pour sa part très vigilant sur le comportement des petits veaux.

« Je les observe le matin après le paillage. Si l'un d'entre eux est “mal couché”, je prends sa température. Et si elle est trop élevée, j'appelle le vétérinaire. » Les méthodes qu'il a mises en place sont payantes. « Maintenant, je ne perds pas plus de cinq veaux durant l'hiver », confie Marcel.

 

Désinfection systématique

Depuis 2005, Marcel Augier réalise un vide sanitaire des bâtiments chaque année. « Le décapage est primordial », insiste-t-il. « Et cela ne sert à rien de le désinfecter s'il n'est pas correctement décapé, ajoute Isabelle Soudant, directrice du GDS de la Loire.

Toutes les traces de matière organique sur les portes, barrières ou recoins doivent aussi être éliminées. Le choix du désinfectant s'effectue avec le technicien de son GDS parmi les produits homologués et en fonction des problèmes pathologiques. »

 

 

Décalage : moins de concentration

« J'ai avancé la date des vêlages à l'automne, indique Marcel Augier. Les veaux naissent dans le bâtiment et repartent au pâturage. Ils développent ainsi moins de maladies. En plus, je peux vendre les jeunes reproducteurs au cours de l'automne suivant, alors que je dois garder une année supplémentaire ceux qui naissent en hiver. »