«Du producteur au congélateur», c'est le slogan choisi par la société Ecomiam pour lancer un réseau innovant de distribution de viande surgelée. Objectif affiché par son concepteur, Daniel Sauvaget, directeur de l'abattoir Tilly-Sabco (Finistère): rétablir le lien entre le producteur et le consommateur.
«Explosion des marques distributeur, sophistication du marketing, défaut de transparence des marges sont autant d'écrans qui ont altéré ce lien, explique-t-il. Le producteur crée la valeur ajoutée, elle doit lui revenir, estime ce fils de paysan. En cette période de crise et de pouvoir d'achat en berne, le consommateur doit pouvoir accéder à un produit de qualité à un juste prix.»
Le nouveau concept a été étudié pour supprimer toute fioriture afin que chacun puisse trouver une juste rémunération de son travail. Chez Ecomiam, pas de magasin, pas d'emballage et de publicité excessive, un effectif minimum.
Le consommateur vient au pied du camion acheter son colis de viande surgelée. Le camion réfrigéré stationne sur des parkings en périphérie des grandes villes à raison de deux points de vente par jour. L'objectif est de travailler avec des transporteurs locaux.
Toujours dans cette optique de rationalisation, l'offre est limitée à trois produits (poulet, porc et boeuf), proposés en colis.
La population est ciblée: familles ayant d'un congélateur et utilisant les produits de base. Selon l'attente des clients, quelques nouveaux colis pourront compléter l'offre au rythme des saisons (assortiments pour barbecue, chapon…).
Transparence des marges
Les producteurs sont partie prenante du projet. Historiquement, l'abattoir Tilly-Sabco travaille avec le groupement des producteurs des Monts d'Arrée pour l'exportation vers le Moyen-Orient d'un poulet rustique.
Il a naturellement fait appel à eux, ainsi qu'à deux autres partenaires: le groupement Prestor Cecab en porc et la filière Cialyn en viande bovine charolaise. Tous sont engagés dans des démarches de qualité et de traçabilité.
La grande nouveauté du concept, c'est le prix. Le groupement de producteurs fixe son prix, tenant ainsi compte du coût de production et d'une juste rémunération pour l'éleveur.
La part du prix de vente au consommateur revenant au producteur varie de 49 % à 54 % environ selon les viandes. Ecomiam met en ligne (ecomiam.com) la répartition et les variations de prix observées le cas échéant.
Emmanuel Le Menn, aviculteur à Saint-Frégant (Finistère) : «Ouvrir de nouveaux débouchés pour pérenniser nos élevages» «Je travaille avec le groupement des producteurs des Monts d'Arrée depuis mon installation en 1989. A la tête d'un poulailler de 4.200 m2, je produis du poulet Rustivol, une souche fermière et rustique. Cet animal à croissance lente a une durée d'élevage allongée de dix à quinze jours par rapport au poulet classique. Je sors un produit de qualité avec une viande plus savoureuse, et récupère 50 % sur le prix de chaque poulet vendu. Je me suis rendu à un point de vente Ecomiam, à Brest, pour discuter avec les acheteurs. Je suis persuadé que ce système a de l'avenir car le consommateur a besoin de davantage de transparence sur les prix des produits. C'en est fini du temps des abus dans le marketing. Nous devons être à l'écoute des nouveaux débouchés pour pérenniser nos élevages.» |
Prix - Format familialLe consommateur peut acheter pour 26,90 € un colis de 12 kg de poulet (dix de 1,2 kg ou huit de 1,5 kg) ou de 6 kg de porc (deux rôtis avec os et quatre sachets de côtes). Le prix est de 25,50 € pour 4 kg de boeuf (six plaques de six biftecks hachés). |