Le ministre de l'Agriculture ne ménage pas ses efforts pour refroidir les dossiers chauds de la filière laitière. Mais ses propositions assureront-elles l'avenir des éleveurs à long terme ?
Dans son discours à la Foire de Châlons-en-Champagne (Marne), le 31 août, Bruno Le Maire a récapitulé les aides qu'il compte mettre en place (déblocage de 30 millions d'euros annoncé en juillet, rencontre avec les banques pour examiner les situations de trésorerie des producteurs).
Il s'est également félicité d'avoir tenu ses engagements sur Entremont dans les délais impartis (lire l'encadré). Cette nouvelle tombe à pic pour désamorcer le conflit le plus aigu de Bretagne, même si rien n'est encore formalisé.
Une autre annonce peut contribuer à calmer les esprits dans les troupes de ceux qui ne soutiennent pas la grève du lait. Lors du prochain Conseil européen de l'Agriculture, le 7 septembre, la France et l'Allemagne «feront ensemble des propositions pour construire une nouvelle régulation européenne du marché du lait».
Les promoteurs de la grève (EMB, OPL et APLI) attendront d'en prendre connaissance avant de lancer leur mot d'ordre, au risque d'affaiblir la mobilisation. La décision sera prise le 10 septembre.
Levée des blocages
Mardi 1er septembre, le ministre a reçu des représentants de la Confédération paysanne, dont les adhérents manifestaient depuis la mi-août. Les blocages du centre-ville de Saint-Étienne (Loire) et de la tour de séchage de Laïta à Ancenis (Loire-Atlantique) ont été levés dans la journée.
«Nous avons évoqué la contractualisation», explique Philippe Marquet, secrétaire général du syndicat dans la Loire, satisfait de l'entrevue. Pour le ministre, c'est encore une «coquille vide» que les partenaires de la filière doivent remplir ensemble. Il considère que le projet des coopératives n'est pas acceptable en l'état car trop d'éléments sont défavorables aux producteurs.
En revanche, un désaccord majeur persiste. Pour la Confédération paysanne, aucun producteur ne doit disparaître. Pour le ministre, aucune entreprise ne doit mettre la clef sous la porte.
En effet, le mot d'ordre de Bruno Le Maire reste la compétitivité sur le modèle de l'Europe du Nord. «Il est temps de faire les choix nécessaires pour gagner en compétitivité et relever le défi que nous posent nos voisins allemands, danois ou néerlandais», a-t-il ainsi déclaré à Châlons.
Avec de tels objectifs, pourra-t-il éviter une nouvelle baisse du prix du lait ? La Fédération nationale des producteurs de lait table sur un prix autour de 250-260 €/1 000 l au dernier trimestre. La Confédération paysanne s'attend à pire.