Consultant à l'ITEC tourisme, Jean-Pierre Monteils est intervenu, du 18 au 20 septembre 2007, au colloque organisé par Source, à Saverne: "Campagne, construisons ensemble nos destinations touristiques".

 

FA: Pourquoi dites-vous que «tout territoire n'a pas vocation à accueillir les touristes» ?

J.-P. M.: Les aides liées à la décentralisation poussent certains projets de développement touristiques sans fondement. Les élus montent des opérations en se disant qu'ils vont revitaliser leur territoire.

Premier obstacle: leur territoire ne dit peut-être rien aux touristes qui n'ont pas grand-chose à faire de ces préoccupations. Le tourisme rural n'est pas forcément en prise sur le territoire.

Ensuite, sur le terrain, chaque élu défend sa «féodalité», sa commune, son intercommunalité, son office de tourisme ou encore son pays.

En quoi est-ce dangereux?

J.-P. M.: A trop fabriquer des destinations parfois artificielles, on contribue à brouiller l'image du tourisme rural. Et cela engendre des gaspillages.

Que faut-il pour construire une destination touristique?

J.-P. M.: Il faut additionner des conditions minimales: le territoire concerné doit déjà réunir des personnes en nombre, qualité et qualification, prêtes à se lancer ou déjà lancées. Il doit détenir des caractéristiques touristiques: accueil, patrimoine, paysages, produits de terroirs, gastronomie.

Enfin, la volonté politique doit être claire et affirmée: les elus veulent-ils un tourisme nature ou des parcours de moto? Pour quelle clientèle? Sur quelles communes se concentreront les efforts touristiques de l'intercommunalité?

Certaines communes ont d'autres richesses à valoriser. Elles gagneraient à se contenter d'accompagner les initiatives privées au fil de l'eau.

Quelle place pour les agriculteurs dans les projets des élus?

J.-P. M.: Qu'ils n'hésitent pas à participer aux réunions des élus locaux, en demandant l'ordre du jour, en participant avec des propositions constructives, en réfléchissant à plusieurs: souvent, les intérêts contradictoires en apparence s'additionnent.

Quels conseils donneriez-vous à un agriculteur qui monte un projet?

J.-P. M.: La présence sur internet avec un site performant, dynamique, construit par un professionnel pour être visible continuellement est payante. Ensuite, je conseillerai de se lier à un réseau, deux au plus, pour être présent sans se disperser.

Enfin, qu'il soigne l'accueil, l'attention envers ses clients, ces petits services qui coûtent peu mais qui lui feront bénéficier d'un bouche à oreille favorable. D'autant qu'il y a maintenant des blogs où les touristes font part de leurs impressions.

Que recherchent vraiment les citadins en vacances dans le milieu rural?

J.-P. M.: Ils cherchent un lieu de délassement, de ressourcement, un lieu organisé, protégé, sécurisé. Ils pensent parfois qu'il y a un responsable derrière chaque brin d'herbe ou chaque chien qui aboit. Les citadins sont de plus en plus éloignés de leurs racines rurales. Ils patrimonialisent le milieu rural.

Quels conseils donneriez vous aux touristes?

J.-P. M.: J'en appelle à un tourisme raisonné qui prend pivot sur l'homme raisonnable, qui n'exige pas plus quand il est touriste que quand il est chez lui.

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