«Ici, il n'y a plus d'industrie. Ceux qui veulent vivre dans ce lieu doivent créer leur activité.» Jeannine Rigaud habite à Puivert, dans l'Aude. Les touristes viennent jusqu'à ce village verdoyant attirés par le château cathare.
Arnaud Mignard, son propriétaire, Jeannine et neuf autres acteurs économiques ont créé leur réseau, baptisé «Rixande» (du nom d'une femme poétesse au château à l'époque des troubadours). Ils se connaissaient et se renvoyaient déjà des clients.
Dans son château isolé sur son promontoire, Arnaud s'est toujours concentré sur l'accueil et la réhabilitation des lieux. «Je suis un dinosaure des châteaux. Je cède volontiers à Jeanine Rigaud le plaisir d'organiser des repas dans la cour du château.»
Ce jour-là, autour de la table d'hôtes du Camping de Puivert, ils sont quatre membres fondateurs de Rixande: Sophie Pianzola a repris le camping en gérance depuis un an; Jeanine travaille à mi-temps avec son mari agriculteur pour commercialiser leur viande de veau et leurs trois tonnes d'escargots en gamme à déguster, repas à la ferme et foire gourmande; Philippe accueille ses hôtes dans une maison décorée de lutins par sa femme qui réalise également les modelages; Michelle, agricultrice dans une autre vie, pétrit la terre non loin du musée du Quercorb (petite région de Puivert et de Chalabre).
Rixande réunit aussi deux propriétaires de chambres d'hôtes et les créateurs d'une serre à papillons.
Un réseau solidaire et professionnel
Sophie Pianzola étale sur la table du camping les premières maquettes de leurs balades: «Nous voulons retenir plus longtemps les touristes qui font la ronde des châteaux cathares et élargir notre saison vers le printemps et l'automne. Nous proposons un, deux ou trois jours de balade tout compris avec hébergement, pour différents publics: famille, scolaire, baladeurs, seniors. Ce sera par exemple une «balade contée au pays des fées» dans un labyrinthe vert naturel, avec déjeuner le midi et visite de la serre aux papillons l'après-midi. En fonction des circuits, nous faisons appel à des membres associés comme le club d'aéronautique ou un professeur de yoga. Les voyagistes contactés seraient intéressés.»
A terme, l'association projette de récupérer les clients venus en TGV ou en avion à Perpignan: «Nous réajusterons notre offre à la fin de la saison. Notre réseau doit être à la fois solidaire et professionnel pour durer», ajoute Jeanine.
Se former et prendre un salarié avant de se lancerPour mettre au point leurs balades, les membres de Rixande se sont formés cet hiver avec Jean-Pierre Monteils, consultant à Itec tourisme . Leurs onze jours de formation ont été totalement financés par l'Adepfo (Association de développement des Pyrénées par la formation) en dehors d'une adhésion de 30 euros. «Ils se demandaient comment faire une offre homogène à partir de personnes aussi hétéroclites. Les offices de tourisme peuvent relayer leur promotion mais c'était à eux de monter les offres de leur réseau», explique Jean-Pierre Monteils. Leur association de type loi 1901 devrait obtenir, d'ici à deux ans, l'habilitation pour vendre des produits touristiques. Ils vont faire des calculs de rentabilité financière: s'il faut six personnes au minimum pour rentabiliser une balade, ils ne la démarreront pas à quatre. La commercialisation des produits a été déléguée à Sophie. Cela représente quatre mois de travail. L'association a un compte en banque. Les membres fondateurs qui le peuvent ont fait les premiers versements. Ils récupéreront les sommes lorsque les produits seront vendus. «Nous allons faire ce dépôt parce que nous nous engageons dans un projet auquel nous croyons», précise Jeanine. L'an prochain, ils poursuivront leur formation: commercialisation, communication et évaluation de ce qui aura déjà été fait sont au programme. |