A la fin de 2008, la vaccination contre les sérotypes 1 et 8 de la fièvre catarrhale ovine (FCO) devenait obligatoire dans tout l'Hexagone. Le ministère fixait la fin de la campagne au 30 avril, sauf dérogations. A trois semaines de l'échéance, lors de l'assemblée générale des groupements de défense sanitaire (GDS) le 8 avril, il était question de reculer la date butoir d'au moins un mois. La décision devrait être entérinée lors du prochain comité de suivi ministériel, le 21 avril.

Sur le terrain, les collectifs antivaccination qui fleurissent çà et là inquiètent. Les professionnels se trouvent parfois à court d'arguments pour répondre aux récalcitrants. La réussite globale de la campagne de prophylaxie risque d'en pâtir. Le taux de vaccination serait bien loin des 80% généralement reconnus comme le seuil d'efficacité.

Mobilisation collective

«La profession est mobilisée pour que la vaccination soit une réussite, a insisté Marc Gayet, le président de GDS France. Je souhaite que l'on reste dans cette ligne de conduite.» C'est-à-dire éviter d'accorder des passe-droits à tout bout de champ.

La dérogation demandée cette année pour les jeunes bovins non vaccinés à leur entrée en engraissement a donc peu de chance d'aboutir. L'argument du danger que représente la manipulation de ces animaux n'a pas convaincu la Direction générale de l'alimentation. « L'objectif est une population totalement vaccinée», a répondu Claudine Lebon.

Le GDS de l'Ain, sous les applaudissements de la salle, a également dénoncé les dérives de certains praticiens, qui contribuent à discréditer la vaccination. Dérives que le président de l'ordre des vétérinaires a formellement condamnées. «L'éleveur fait confiance à son vétérinaire, a insisté Marc Gayet. On n'a pas le droit de ne pas être professionnel, surtout sous mandat sanitaire.»

Pour réduire les délais de paiement des vétérinaires (huit mois dans certaines zones), un partenariat renforcé avec les services de l'Etat a été souhaité afin d'éviter les lourdeurs administratives. Quant à la demande d'un tarif unique pour la vaccination dans toutes les zones, applaudie par l'assemblée, Marc Gayet l'a accueillie favorablement en se déclarant ouvert à un débat sur la tarification».

Le manque de perspectives à moyen et long termes préoccupe tout le monde. Une mission « de prospective sanitaire » a été annoncée. L'objectif est de présenter en juin des propositions aux autorités françaises et européennes.

 

Un risque non négligeable de nouveaux sérotypes

Dans un rapport, l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa) qualifie de non négligeable la probabilité d'introduction de nouveaux sérotypes de la FCO en France. Le risque de transfert depuis la Corse des sérotypes 1, 4 ou 16 est qualifié de faible à très faible. La probabilité d'une progression depuis de pays comme l'Italie, l'Espagne, l'Allemagne ou les Pays-Bas est plus élevée. Les sérotypes 4 et 6 représentent un risque de 8 sur une échelle de 0 à 9. Mais l'Afssa souligne le manque de données disponibles et les difficultés d'évaluation. Concernant l'arrivée en Europe ou en France d'un autre sérotype, elle estime que le risque n'est pas négligeable, mais reste très prudente. Qui aurait pu prévoir l'arrivée des sérotypes 8 puis 6 de la FCO? Les mécanismes d'introduction sont toujours inconnus. (C. Hiet)