Face à l'écran. Les stagiaires réalisent les modules chez eux ou en autonomie au centre de formation.
Voilà maintenant six ans que l'ADPSA met au point des modules de FOAD en partenariat avec la chambre d'agriculture du Morbihan. Georges Ginisty, responsable de l'ADPSA, fait un petit retour en arrière: «Dans les années 2000, nous voulions réactiver nos formations BPREA (brevet professionnel de responsable d'exploitation agricole) déclinantes, motiver les agricultrices qui ne pouvaient pas se libérer des journées entières. Les formateurs avaient face à eux des jeunes dont certains n'avaient pas de diplôme et d'autres cinq années après le bac. Ils étaient découragés.»
Spécialiste des nouvelles technologies, Yves Causse se lance dans l'aventure. Aujourd'hui, un stagiaire qui arrive en BPREA se voit proposer une cinquantaine de modules répartis en cinq grandes rubriques:
- formation générale,
- gestion,
- pilotage de l'entreprise,
- environnement et territoire,
- technique de production.
Il cale son parcours en fonction de ses projets et de ses contraintes lors d'un entretien préalable avec deux formateurs. La formation contient de 700 à 1.200 heures, dure six mois à trois ans, en continu ou par alternance.
«Un module, c'est une semaine et un thème. Nous employons tous les outils multimedias. Le module est progressif, pédagogique et intègre une autoévaluation régulière et positive. Le module minimum de gestion est de 35 heures. Le stagiaire peut aller jusqu'à 80 heures. C'est lui qui organise sa formation, puis sa semaine. On ne le laisse jamais seul. Le formateur référent sur le module est accessible sur la plate-forme et suit la progression du stagiaire. Les échanges s'effectuent soit par messagerie, soit par téléphone. Tous les modules démarrent au niveau débutant pour que personne ne soit exclu. Nous avons un abandon par an.»
Former les formateurs
Les semaines où ils ont un module de formation, les élèves sont à distance, en autonomie du lundi au mercredi. Ceux qui ne disposent pas de l'ADSL peuvent rejoindre l'accueil décentralisé du centre de formation de l'ADPSA. Puis ceux qui suivent le même module se retrouvent en fin de semaine avec leur enseignant.
«Tout au long de l'année, un nouvel élève peut rejoindre la formation: les modules sont répétés, rappelle Yves Causse. Nous élaborons un an à l'avance le planning des modules pour que le formateur se rende disponible.»
Du côté de la formation des formateurs, l'investissement de l'ADPSA a été lourd: «Permanents ou experts, ils ont suivi un cursus de dix jours pour transformer complètement leur approche des stagiaires.» Fini le «chaque intervenant, son cours». Tous se conforment à la progression proposée par le module. «En FOAD, le formateur qui refuse ce préalable ne peut pas intervenir. Mais, au final, ceux qui se lancent sont très contents de cette nouvelle dynamique», poursuit Georges Ginisty.
Du côté des stagiaires, la satisfaction est franchement au rendez-vous: «Nous sommes passés de quarante-cinq stagiaires en 2001 à soixante-quinze aujourd'hui», évalue Yves Causse. Certains modules servent aujourd'hui dans d'autres cursus: formation des apprentis, formation continue, surtout en informatique.
Le nouveau plan de professionnalisation personnalisé (PPP) nécessaire à l'obtention des aides à l'installation a profité de l'expérience (lire l'encadré ci-après). «La FOAD convient davantage aux formations techniques. Les découvertes du territoire, les relations humaines, la stratégie passent mieux dans les regroupements, insiste Georges Ginisty. Lorsque nous attaquons une nouvelle cible comme le PPP, nous revoyons entièrement l'organisation de la nouvelle formation et la qualification des formateurs.»
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Témoignage: CHRISTOPHE PAGÈS, en Gaec dans l'Aveyron
«J'ai suivi un parcours sur mesure»
«Tout ce que j'ai apprisau cours de mon plan de professionnalisation personnalisé (PPP) me concernait directement.Grâce à la formation à distance, j'ai suivi le module de gestion que j'avais choisi sans prendre de congé.»
Christophe Pagès, ancien salarié chez RAGT et titulaire d'un BTS en production animale, s'est installé en septembre dernier en Gaec avec son beau-frère à Golinhac, dans l'Aveyron.
Lorsqu'il s'inscrit pour réaliser son PPP, il bénéficie de deux avantages:
- son département est pilote pour la mise en place de ce nouveau parcours adapté aux réels besoins de chacun,
- et l'ADPSA de l'Aveyron est pionnière dans la formation ouverte et à distance (FOAD).
Reçu par deux formateurs, il planifie rapidement sa formation à la gestion: après le stage obligatoire de 21 heures axé sur la découverte de son territoire et avant le stage facultatif sur les relations humaines en société.
«J'avais besoin de revoir la gestion qui ne m'avait pas passionné jusque-là. Je me suis formé chez moi, le soir après le travail.»