Stage. Jeremy Palluaud (à gauche) est parti à la découverte de l'agriculture canadienne dans le cadre de son BTS Acse.
Se faire plaisir. «Le stage à l'étranger permet d'associer l'aventure humaine à la formation», estime Philippe Bidet (à droite), coordinateur des formations BTS Acse à l'Iréo de Bressuire.
Parmi eux, Jeremy Palluaud, vingt-deux ans, qui a choisi le Canada. «Mon père m'a encouragé à partir à l'étranger, car lui n'a jamais eu l'occasion de vivre une telle expérience dans sa formation agricole et le regrette aujourd'hui», confie Jeremy Palluaud, étudiant en deuxième année de BTS Acse (1) à Bressuire.
Pour Philippe Bidet, coordinateur des formations BTS Acse dans l'établissement, l'objectif du stage est «d'inciter les élèves à découvrir d'autres cultures et leur donner un aperçu de la diversité de l'agriculture dans le monde». C'est aussi une condition du passage en deuxième année.
Jeremy à trouvé son point de chute en épluchant le carnet d'adresse de l'Iréo: une exploitation fruitière du Nouveau-Brunswick, province francophone de l'Est canadien.
Immersion culturelle
Le 10 juin 2008, après un atterrissage à Montréal sous la tempête, deux heures de taxis coincés dans les embouteillages et huit cents kilomètres en bus, Jeremy est enfin arrivé à destination. Là, Mario Bonenfant et Lynda Fradette, les producteurs, lui ont fait partager leur quotidien pendant un mois.
«J'ai appris la culture des fraises et des bleuets (myrtilles)», se réjouit Jeremy, plus habitué aux chèvres et aux vaches de ses parents. Arrivé en pleine période de désherbage manuel, le jeune stagiaire a par la suite découvert le système de vente directe à la ferme. La langue commune facilitait les échanges. «Les clients étaient intrigués par mon accent français», se souvient-il avec amusement.
L'exploitation était petite, quatre hectares, et les journées de travail peu chargées, cinq à six heures. Le reste du temps s'organisait en visites touristiques. «J'étais curieux de tout, je regardais les émissions à la télévision locale, lisais les journaux, discutais avec les gens que je rencontrais.»
Pendant son séjour, Jeremy découvre l'agriculture du Nouveau-Brunswick, avec ses fermes de petites tailles, le matériel vieillissant et surtout, l'isolement des exploitations: «Un jour, le tracteur de la ferme est tombé en panne. Le concessionnaire le plus proche était au Québec et il a dû faire trois cents kilomètres pour venir le réparer!»
Le stage à l'étranger s'inscrit dans un parcours pédagogique. Il s'accompagne d'une étude environnementale et d'une autre sur les systèmes agraires du pays visité.
Présentation publique
De retour en France, Jeremy et les autres stagiaires ont présenté leurs travaux à près de trois cents personnes (élèves, professeurs, famille, partenaires, etc.). «Un exercice aussi intimidant qu'enrichissant», concède l'étudiant.
«Les élèves sont fiers de partager leurs aventures et comparent les différents systèmes agricoles entre eux», note de son côté Philippe Bidet.
Jeremy a exposé la diversité de l'agriculture canadienne avec deux autres élèves: Michael, qui a fait son stage chez un céréalier adepte des OGM dans les grandes plaines du Canada, et Sophie, qui était chez un horticulteur de l'île de Lameque, dans le golfe du Saint-Laurent.
«Au cours de cet exercice, les élèves sont évalués sur leur capacité d'analyse, de synthèse et de restitution», explique le professeur.
L'épreuve ne s'arrête pas là. Dès le lendemain, Jeremy et ses camarades ont autoévalué leurs prestations par écrit. Au mois de janvier, c'est un oral d'anglais qui les attendait.
«J'ai dû apprendre tout le vocabulaire concernant l'exploitation», se remémore douloureusement Jeremy.
Philippe Bidet l'assure: «L'anglais est un bagage minimal à acquérir avant de s'installer. L'apprentissage des langues comme ouverture sur le monde est aujourd'hui indispensable dans la formation des futurs agriculteurs.»
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(1) Analyse et conduite de système d'exploitation.
Favoriser la mobilité des étudiantsEn mai 2008, l'Iréo de Bressuire a signé la charte Erasmus. Ce programme communautaire permet de mobiliser des fonds européens pour financer les stages réalisés dans des pays partenaires. «Nous voulons développer les échanges avec d'autres lycées européens et encourager la mobilité des élèves et des formateurs, explique Philippe Bidet, coordina-teur des formations BTS Acse à l'Iréo. L'engagement Erasmus confirme notre philosophie d'ou- verture vers l'extérieur.» L'application du programme dans l'établissement est prévue à partir de 2010. Le montant espéré du financement est d'environ cent euros par semaine de stage et par étudiant. Ce «coup de pouce» européen se cumulera aux aides octroyées par la région Poitou-Charentes, qui s'élèvent aujourd'hui à 90 euros par semaine et par étudiant (900 euros par stage pour les apprentis) quelle que soit la destination des stagiaires. |