1. Réaliser un bilan énergétique à la ferme

2. D'après une étude, l'herbe est moins gourmande que le maïs

3. Les pistes pour économiser sur les chantiers 

Pour identifier les postes fortement consommateurs, la méthode d'analyse énergétique "Planète", développée dans les années 1970, revient au goût du jour. Elle consiste à comparer les entrées et les sorties d'énergie au sein d'un atelier ou de l'exploitation sur le même principe qu'un bilan comptable.

L'originalité de la méthode est qu'elle prend en compte toutes les consommations d'énergie directes, comme le fioul, et indirectes, comme la valeur énergétique d'une matière active ou d'un bâtiment.

Une fois le bilan réalisé, l'efficacité énergétique mesurée sur la ferme peut être comparée à la moyenne nationale afin d'en tirer des enseignements. Réaliser un bilan relève d'une démarche relativement simple que nous expliquons dans ce dossier.

Cependant, pour tirer le meilleur parti d'un bilan énergétique, Solagro et certaines chambres d'agriculture proposent régulièrement des formations ciblées de deux ou trois jours destinées aux agriculteurs. Mais avec ou sans analyse approfondie, c'est sans surprise que le poste de la mécanisation arrive en tête des consommateurs d'énergie.

Toutefois, face à la pression des agriculteurs, les constructeurs accordent une importance croissante à ce paramètre et proposent des solutions permettant d'économiser en moyenne 5 à 10 litres de fioul par hectare sur une coupe. A vos calculatrices.

 

1. Réaliser un bilan énergétique à la ferme

 

Développée par Solagro et ses partenaires, la méthode Planète permet de faire simplement le point sur l'efficacité énergétique de l'exploitation. La démarche est à la portée de tous. Sa seule exigence: être méticuleux.

 

 

 

 

 

2. D'après une étude, l'herbe est moins gourmande que le maïs

Le Ceipal a comparé le bilan énergétique de deux exploitations laitières utilisant des systèmes fourragers différents. Avantage très net pour l'herbe.

L'intérêt du bilan énergétique est de comparer son exploitation avec la moyenne et de mettre en lumière les postes fortement consommateurs qui peuvent encore être améliorés. Le Ceipal (1) a ainsi procédé à des analyses sur des exploitations laitières dans la région Rhône-Alpes afin de mesurer l'autonomie énergétique pour la production du lait. Les deux exploitations étudiées (voir le tableau ci-dessous) produisent la même quantité de lait et ont un chargement identique.

Sur l'exploitation A, l'alimentation des animaux est assurée par les prairies permanentes tandis que le fourrage de l'exploitation B est essentiellement de l'ensilage.

 

 

Le fioul premier poste de dépense

Sur ces deux exploitations, les énergies directes (fioul et électricité) représentent le premier poste de dépense énergétique avec la fertilisation. Contrairement aux idées reçues, la consommation d'énergie directe est plus élevée dans le cas de l'herbe car le nombre de passages d'outils est nettement plus important lors de la fenaison que pour un ensilage demaïs. Néanmoins, dans le bilan global, l'efficacité énergétique de l'exploitation A est nettement plus élevée que celle de l'élevage B. Ainsi, il suffit de 8,7 litres de fioul pour produire 100 litres de lait avec de l'herbe tandis qu'il faut 12,5 l de fioul en système maïs. Dans les deux cas, la mécanisation qui est représentée par les énergies directes (fioul) et indirectes (matériels) concentre plus de la moitié de la consommation d'énergie.

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(1) Centre d'études et d'échanges internationaux paysans et d'actions locales.

 

3. Les pistes pour économiser sur les chantiers

 

 

 

L'herbe reste de loin le fourrage le moins «énergivore», notamment lorsqu'elle est récoltée en foin. Quelques matériels et méthodes permettent de réduire un peu plus la facture en carburant.

3.1. Conditionneur intensif: pas de fanage en bonnes conditions

 

Les conditionneurs intensifs ont été développés pour la récolte en préfanage de l'herbe dans les pays du nord de l'Europe. L'objectif était d'accélérer la vitesse d'évaporation pour récolter de l'ensilage ou de l'enrubanné dans un délai court entre deux précipitations.

 

Il s'est avéré que ces machines pouvaient permettre de récolter du foin en se passant de la faneuse. A la clef: économie de temps, d'énergie et moins de pertes au champ. Cela s'entend dans des conditions bien précises. Si le fourrage est dense ou très feuillu, il est nécessaire de le retourner pour faire disparaître les zones humides. En revanche, en conditions sèches et avec une récolte moins dense, certains agriculteurs parviennent à faire du foin avec, pour toute intervention, l'andainage préalable au pressage.

 

BILAN

- Le conditionneur intensif absorbe un peu plus de puissance (5 ch) qu'un équipement classique.

- Selon les conditions, il économise un à trois passages de faneuse.

- Economie: de 5 à 15 l/ha.

 

3.2. Epandage large: économie d'un passage

 

Fauche à la conditionneuse a longtemps rimé avec andain prêt à être ramassé à l'ensileuse. Or, avec l'élargissement des largeurs de coupe, il s'est vite avéré que l'herbe des couches inférieures conservait un taux d'humidité conséquent. D'où l'adaptation sur les faucheuses de déflecteurs qui répartissent l'herbe sur une largeur proche de celle de la barrede coupe.

 

Si le fourrage est récolté en ensilage ou en enrubanné, ce dispositif accélère la vitesse de séchage, mais demande un andainage. En récolte de foin, il fait disparaître le premier passage de la faneuse derrière la faucheuse. La plupart des constructeurs proposent cette option.

 

BILAN

- Une herbe dont le séchage démarre tout de suite après la coupe.

- Un passage de moins avec la faneuse.

- Economie: autour de 5 l/ha.

 

3.3. Affûtage des couteaux: davantage de débit sur le chantier

 

Une herbe coupée net repousse mieux qu'une tige ou des feuilles éclatées par des couteaux au mauvais tranchant. C'est pourquoi quelques utilisateurs de faucheuses rotatives prennent soin d'en affûter régulièrement les couteaux.

 

Cette démarche a un léger impact sur le débit de la machine et contribue à réduire la durée du chantier. Avec les systèmes de retournement des couteaux, la fréquence d'affûtage peut être divisée par deux.

 

BILAN

- Un tracteur d'au moins 90 ch pour une faucheuse conditionneuse de 3 mètres qui tourne moins longtemps.

- Economie : de 2 à 5 l/ha.

 

 

3.4. Plus de largeur, moins de consommation

 

Que ce soit en fauche, en fanage ou en andainage, l'augmentation de la largeur de travail est souvent motivée par l'économie de main-d'oeuvre. Même si elles demandent davantage de puissance, ces machines se montrent plus économiques en carburant. Prenons l'exemple d'un automoteur de fauche travaillant sur 9 mètres. Avec ses 360 ch, cet engin abat entre 6 et 10 ha/h et consomme entre 7 et 8 l/ha. Un tracteur de 120 à 130 ch attelé à une faucheuse de 3 mètres a un rendement de l'ordre de 2,5 ha/h et une consommation de 10 à 12 l/ha.

 

Pour le fanage en grande largeur, une machine traînée peut se révéler plus économique qu'un modèle porté. A l'achat, leur prix est très proche, mais la portée peut être utilisée avec un tracteur de moindre puissance. Le marché est aujourd'hui assez orienté sur des faneuses de 6,80 à 7,60 m de largeur. A cause de son poids (de 800 à 900 kg), le modèle porté nécessite un tracteur de 90 à 100 ch. De 40 à 50 ch suffisent pour entraîner le même modèle en version traînée. Pour les faucheuses avant, le tracteur doit être équipé d'un relevage frontal.

 

BILAN

- L'économie de carburant et de main-d'oeuvre est supérieure au surcoût engendré par l'équipement.

- Economie: environ 5 l/ha pour les faucheuses.

 

 

 

 

Le séchage en grange bien adapté aux énergies renouvelables

Les énergies alternatives trouvent de multiples applications dans le séchage du foin en vrac. Et toutes les pistes ne sont pas encore explorées.

Porté par le vent des contrats territoriaux d'exploitation (CTE), le séchage en grange s'est beaucoup répandu voilà cinq-six ans, en dehors des habituelles zones de montagne. Les départements du grand Ouest totalisent plus d'une centaine d'installations à partir desquelles Segrafo Ouest (association de promotion de cette technique) dispose d'une multitude de données.

Parce que l'herbe est ramassée en vrac après un temps de séchage au champ limité, la totalité des opérations de récolte demande en moyenne deux heures et demie par hectare de travail au tracteur alors qu'il en faut quatre sur un chantier classique avec séchage au sol et pressage. Le tracteur de cour est aussi au repos tout au long de l'hiver, la reprise et la distribution du foin s'effectuant à la griffe avec un coût moyen en électricité de 1 €/jour.

Pour réchauffer l'air, la grande majorité des éleveurs a opté pour un captage de la chaleur solaire sous toiture. En Bretagne, avec 400 m2 de toiture ainsi aménagés, un éleveur capte par jour, en conditions ensolées, l'équivalent de ce que dégageraient 150 litres de fioul. En ambiance moyenne, le rendement s'établit à l'équivalent de 100 l de fioul, et il tombe à l'équivalent de 60 l par temps nuageux. Pendant la nuit, le ventilateur fonctionne par intermittence et pulse de l'air ambiant non réchauffé pour empêcher la montée en température du foin. Toujours en Bretagne, les quelques éleveurs qui avaient installé un réchauffeur d'air alimenté par des plaquettes de bois l'utilisent en début de saison en cas de temps couvert et frais, mais ont complété ce dispositif par un capteur solaire, plus économique.

Il reste la demande conséquente en électricité pour faire tourner le ventilateur. Les 10 à 20 ch du moteur absorbent entre 7 et 15 kW/h que les éleveurs achètent en moyenne 0,0434 € HT. Dans les pays où l'électricité est plus chère, comme en Autriche ou en Allemagne, il est parfois plus intéressant de faire tourner le ventilateur sur la prise de force d'un tracteur ou avec un petit moteur thermique. Ces pays comptent aussi quelques installations où l'air est réchauffé avec du biogaz produit à partir des effluents d'élevage. De là à faire tourner les ventilateurs avec des petits moteurs thermiques à biogaz dont la chaleur serait récupérée pour être pulsée dans les gaines de ventilation, il n'y a plus qu'un pas.