Ray-grass, folles avoines, gaillets, matricaires, coquelicots, véroniques... sont très présents dans certaines parcelles de blé dur de l'Aude. Dans celles semées de la fin d'octobre et de la mi-novembre, «il est urgent de traiter car très peu de désherbages ont été effectués à cause de la pluie, du manque de portance et du vent, précise Gilles Terres, de la chambre d'agriculture.

Les adventices levées à l'automne s'étant développées, l'utilisation de produits foliaires, et non plus racinaires, devient nécessaire.» Les conditions d'application s'en trouvent plus restrictives. L'amplitude thermique ne doit pas dépasser 15°C dans la journée après le traitement pour limiter l'apparition de phytotoxicité. Or de telles séquences se sont produites plusieurs fois récemment, avec des gelées matinales et des températures douces l'après-midi. Dès que les conditions climatiques le permettront, ces blés, dont le stade varie de l'épi de 1 cm à 2-3 talles, devront être désherbés.

Des économies à réaliser

Pour certaines parcelles semées tardivement, de la fin de décembre jusqu'à la mi-janvier (stade 2-3 feuilles), dans lesquelles un désherbage non sélectif n'a pu être réalisé avant le semis pour des raisons climatiques, l'urgence est aussi au rendez-vous.

Dans ces cas, on note une forte présence de ray-grass. Un passage à pleine dose avec Archipel, Atlantis WG ou Hussar OF est vivement conseillé dès que le ressuyage de la parcelle le permettra.

Ce traitement n'est pas conseillé sur les parcelles semées tardivement mais ayant été désherbées avant le semis. Elles représentent la majorité des cas et s'avèrent peu sales. Mieux vaut attendre la levée éventuelle d'autres adventices de printemps: repousses de tournesol, renouées liseron, renouées des oiseaux, chardons, arroches, folles avoines de printemps...

Un traitement à base d'hormones est conseillé: Puma LS en antigraminées, Ariane ou Bofix en antidicotylédones à large spectre. «Des économies peuvent être réalisées en choisissant un produit adapté aux adventices», précise Jean-Luc Verdier, d'Arvalis à Baziège (Haute-Garonne).

«Avec un désherbant complet de type Archipel, le poste désherbage peut atteindre un coût d'environ 50 €/ha, compte Gilles Terres. En adaptant le désherbage à la flore, le coût de ce poste peut être ramené entre 15 et 20 €/ha en moyenne.»

Dans les contextes climatique et économique actuels, la gestion du désherbage doit donc s'effectuer à la parcelle: «Entre un potentiel entamé par des semis tardifs, une hausse du prix des intrants (azote, semences) et un prix de vente en baisse, le poste du désherbage doit être particulièrement raisonné cette année», estime Gilles Terres.

 

Potentiel affecté

Avec des semis tardifs de la fin de décembre à la mi-janvier, voire la mi-février, les blés durs partent avec un potentiel de rendement limité selon le type de sol, les conditions de semis, la densité des levées, l'assimilation de l'azote, les conditions climatiques à la montaison...

 

 

Chlortoluron: risque de phytotoxicité

Avec une forte présence de ray-grass,un désherbage à trois feuilles avec un herbicide à base de chlortoluron aurait pu être envisagé. Mais les semis tardifs ne sont pas adaptés, les blés étant trop chétifs. «Les semis tardifs ont déjà été stressés, il ne faudrait pas en rajouter avec un risque de phytotoxicité, d'autant que le type de salissement (peu de ray-grass et de vulpins) ne le justifie pas», estime Jean-Luc Verdier, d'Arvalis.