«Faut-il absolument un veau par vache et par an, quitte à tarir des vaches à 25 kg? interroge Benoît Portier, de la chambre d'agriculture du Finistère.Dans les systèmes productifs, la fertilité est souvent dégradée. Certaines lactations, surtout pour les hautes productrices, se trouvent involontairement prolongées. C'est pourquoi nous avons testé l'intérêt de retarder la mise à la reproduction.»

Depuis septembre 2005, à la ferme expérimentale de Trévarez (Finistère), les chambres d'agriculture de Bretagne et l'Institut de l'élevage se penchent sur la question. Ils comparent un lot de prim'holsteins vêlant tous les dix-huit mois avec un second vêlant tous les douze mois.Ces lots n'ont pas été constitués selon le niveau de production afin d'éviter les biais. La moyenne d'étable est de 9.000 kg.L'alimentation repose sur le maïs et l'herbe, complémentés avec 120 g de concentré par kilogramme de lait produit.

Un lait plus riche avec des rations moins chères

Ramené à l'échelle de l'année, le lot «18 mois» a produit 155 kg de moins que le lot «12 mois». Seules les multipares ont accusé une baisse de leur production (-633 kg/an). Les primipares du lot «18 mois» ont produit 731 kg/an de plus que celles du lot «12 mois». «Grâce à une bonne persistance, elles ont fini leur lactation à 20 kg, avec une meilleure note d'état», détaille Benoît Portier. Le taux protéique du lot «18 mois» est supérieur d'un point en moyenne. Cet écart est surtout marqué sur les multipares, avec l'effet de concentration dû à la baisse de production. Le taux de matière grasse n'a pas significativement varié. «Allonger la lactation pourrait donc aider à produire un lait plus riche en protéines, avec des rations moins chères, suggère Benoît Portier. Le concentré est plutôt distribué en début de lactation. Avec un cycle de 18 mois, notre consommation annuelle a baissé d'environ 20%.»

Sur le plan sanitaire, l'allongement de lactation n'a pas généré de troubles particuliers. «Les règles d'hygiène sont les mêmes que pour un cycle de 12 mois», considère Benoît Portier. Réduire la fréquence de vêlage limite aussi l'apparition des problèmes liés à cette période à risque.

Les vaches du lot «18 mois» ont fini leur lactation en meilleur état. La finition des réformes a duré moins longtemps et la fertilité du troupeau a semblé améliorée. La réussite à l'insémination a atteint 60% après dix-huit mois, contre 45% pour le lot témoin.Reste à mesurer l'influence de la saison de vêlage. La première lactation du lot «18 mois» a débuté en automne. Le deuxième vêlage a eu lieu au printemps, au pâturage. Le dépouillement de cet essai, en cours, laisse entrevoir un pic moins marqué mais une meilleure persistance. L'ensemble des résultats reste à confirmer.

 

Un impact économique à évaluer

Il peut être nécessaire d'ajuster les effectifs pour coller au quota quand on allonge l'IVV (intervalle vêlage-vêlage). En effet, la quantité de lait annuelle par vache varie selon le nombre de lots décalés et la proportion de primipares. Cela peut avoir un impact sur les surfaces fourragères et de cultures, et donc sur le produit d'exploitation. Le nombre de veaux et de réformes diminue. En meilleur état au tarissement, les réformes sont finies plus vite et leurs carcasses mieux classées. C'est la conjoncture (lait, viande, céréales) qui détermine l'intérêt économique d'un IVV de 18 mois.

 

 

Renouvellement: des besoins couverts

Avec moins de veaux par an, le potentiel de renouvellement est limité. Il couvre théoriquement les besoins, car le taux de réforme est aussi plus faible avec un IVV allongé.