Pour Vincent Lemaître, loger les veaux dans des igloos jusqu'à l'âge de six mois est l'idéal sur le plan sanitaire.

 

Vincent Lemaître est conquis. «Les igloos sont l'idéal sur le plan sanitaire. Ils sont vite lavés, vite désinfectés, et je ne vois presque plus de veaux malades.» Installé à Mortain, dans la Manche, il a acheté, il y a six ans, trois igloos pour y loger ses veaux de trois semaines à six mois. «Auparavant, les animaux souffraient tout le temps de diarrhées, dont la moitié dues à la cryptosporidiose. Je comptais huit ou neuf morts par an sur une cinquantaine de naissances. Ils étaient logés dans un vieux bâtiment bas de plafond.»

Déterminé à construire un logement plus sain, Vincent décide de tester les igloos en plein air. Il commence prudemment, avec des niches individuelles pour les jeunes de la naissance à trois semaines. Une réussite puisqu'il ne compte aucun malade cet été-là. «J'ai donc décidé de continuer à les loger sous des niches.»

Un parc par igloo

Après un an de réflexion, de plans griffonnés et de détails – tels que l'agencement des barrières – passés au crible, il achète trois igloos de 15 m². Dans le corps de ferme, il bétonne une aire de 240 m², qui accueillera les trois igloos et les aires d'exercice de 6 mètres sur 6 mètres chacune, avec trottoir autoraclant devant les cornadis (voir le plan). Au sud, il construit lui-même un petit hangar pour abriter les auges, les deux stations de distributeur automatique de lait (Dal) et le couloir d'alimentation. Détail important, le Dal est antigel grâce à une circulation d'eau chaude. Un mur et une palissade dressés au nord et à l'ouest abritent du vent et des pluies. «C'est également plus esthétique», estime Vincent.

 

L'installation comprend trois parcs donnant chacun accès à un igloo paillé. Le premier parc peut contenir jusqu'à 15 jeunes de 3 semaines à 1,5 mois, qui sont encore allaités au Dal. Le deuxième contient jusqu'à treize veaux de 1,5 à 3 mois en phase de sevrage. Le troisième accueille les animaux sevrés de 3 à 6-7 mois. Les ouvertures des igloos sont orientées en plein sud, pour que le soleil entre à l'intérieur et sèche la litière. «J'ai choisi des igloos de couleur blanche: le soleil se réfléchit dessus et chauffe moins l'intérieur.» Un jeu de barrières bien pensé permet de bloquer les veaux dans les igloos et d'ouvrir les parcs pour le paillage et le curage (une fois par semaine). Les eaux souillées des aires d'exercice sont collectées dans une préfosse, puis pompées vers la grande fosse.

 

Les igloos eux-mêmes sont curés cinq fois par an. Pour cela, Vincent soulève la structure en polyester de 220 kg avec un chargeur, grâce à un anneau sur le toit de l'igloo. Puis il le lave avec un nettoyeur à haute pression. L'ensemble est léger, mais à manier avec précaution, car il est fragile. Il se répare avec de la résine en cas de choc. «Je n'ai eu aucun dégât jusqu'à présent.»

Atmosphère saine

L'atmosphère à l'intérieur de l'igloo reste saine grâce à quatre petites cheminées de ventilation. «Les veaux poussent mieux. Je perds au pire un animal par an, hors vêlages difficiles. Je ne vois presque plus de diarrhées et je ne vaccine plus contre les problèmes pulmonaires.

Les veaux ne sont pas confinés dans un bâtiment, ils choisissent l'endroit où ils se sentent bien, dehors ou dedans. C'est pour qu'ils puissent prendre le soleil que je n'ai pas couvert toute l'aire d'exercice. En revanche, ils mangent à l'abri.» Le froid ne les gêne pas. «La première fois que j'ai mis les igloos en service, il faisait -5°C! Les veaux sont quand même restés dehors.» Même la pluie ne les fait pas forcément rentrer. «L'hiver, ils sont plus poilus, plus rustiques. Je note aussi qu'ils ont de meilleurs aplombs qu'avant, car ils marchent sur du béton.»

 

(A gauche) Des jeux de barrières permettent de bloquer les veaux dans l'igloo ou dans les parcs.

 

(Au centre) Sur le dessus de l'igloo, quatre cheminées pour la ventilation évitent la condensation, et un crochet permet de soulever la structure.

(A droite) Les veaux ont accès à un parc extérieur, dont l'aire d'alimentation et les Dal qui sont abrités.

 

Une réglementation précise sur le bien-être

Le logement du veau est soumis à une réglementation européenne très précise, retranscrite en droit français en 1994, puis en 1997. A l'origine, cette réglementation visait surtout les veaux de boucherie. Toutefois, elle s'applique clairement aux élevages de veaux laitiers (excepté ceux de moins de six veaux et des veaux sous la mère). Les obligations ci-dessous sont à respecter puisqu'elles peuvent être contrôlées dans le cadre de la conditionnalité Pac.

Jusqu'à 8 semaines, le veau peut être en box individuel. Les parois doivent être ajourées et permettre un contact visuel et tactile entre les veaux (sauf pour les animaux malades isolés du cheptel). La largeur de la case doit être égale à la hauteur au garrot et la longueur égale à celle du veau multiplié par 1,1.

Au-delà de 8 semaines, les animaux doivent être élevés en cases collectives (deux veaux au moins). Les surfaces par veau seront de 1,5 m² jusqu'à 150 kg de poids vif, 1,7 m² entre 150 et 220 kg, et 1,8 m² au-dessus de 220 kg. Les matériaux en contact avec les veaux seront non blessants, lavables et désinfectables. La ventilation maintiendra une ambiance saine et le bâtiment sera éclairé de 9 heures à 17 heures. Le local doit être conçu de façon à permettre à chaque veau de s'étendre, se reposer, se relever et faire sa toilette sans difficulté. Les animaux ne seront pas muselés ni attachés, sauf pendant la buvée. Ils auront accès en permanence à de l'eau potable fraîche quand il fait chaud.