« Dès le 1er septembre, j'ai besoin de main-d'oeuvre pour la récolte des pommes de terre, explique Daniel Haquin, céréalier à Juilly, dans la Seine-et-Marne.
Avec l'aéroport Charles-de-Gaulle à quelques kilomètres, pas un demandeur d'emploi inscrit à l'ANPE locale ne cherche de travail dans l'agriculture. »
Depuis cinq ans, il recrute donc en Pologne. Un saisonnier, puis deux. Toujours les mêmes. Pourtant, chaque année, le recrutement relève du parcours du combattant. « Au début, je ne savais pas à qui m'adresser, se souvient Daniel. Puis j'ai rencontré un couple de Polonais dont un cousin souhaitait venir en France. »
C'est ainsi, qu'en mai 2002, il demande l'introduction de Kristof auprès de la DDTEFP (1). Après de laborieuses démarches, il obtient un contrat, mais qui débute avec deux mois de retard... L'année suivante, Daniel lance la procédure dès le mois d'avril. Kristof et son cousin Rafal arrivent la veille du début des travaux.
De nouvelles formalités
A compter du 1er juillet 2007, le travailleur saisonnier étranger doit s'engager à maintenir sa résidence habituelle hors de France et être titulaire d'un contrat de travail saisonnier pour bénéficier de la carte de séjour temporaire portant la mention « travailleur saisonnier ». Cette carte, d'une durée maximale de trois ans renouvelable autorise le séjour pendant six mois consécutifs au maximum par an.
Pour faire venir un saisonnier de Pologne, l'employeur n'a plus à justifier de vaines recherches de salariés locaux auprès de l'ANPE (2). Il peut directement déposer une demande auprès de la DDTEFP.
Il devra prévoir les modalités d'hébergement et s'acquitter d'une redevance, dont le montant dépend de la durée du contrat de travail : de 158 euros pour moins de deux mois jusqu'à 473 euros pour six à huit mois. L'employeur ne peut se faire rembourser cette redevance par le saisonnier, pas plus que le loyer.
Des salariés compétents
« Malgré les contraintes liées aux formalités, je suis heureux d'avoir persévéré. Kristof et Rafal connaissent bien l'agriculture », reconnaît Daniel. Pour les saisonniers, l'expérience a été tout aussi concluante puisque Kristof est devenu salarié permanent en 2004.
Conformément à la convention collective départementale, il est rémunéré à hauteur de 1.600 euros par mois, avec des heures supplémentaires qui commencent à 25 %. « A la veille de l'entrée de la Pologne dans l'Union européenne, la démarche a été plus simple et plus rapide que pour Rafal, s'étonne-t-il. L'Administration dresse un peu plus d'obstacles chaque année. »
En effet, Rafal a démarré un CDI en janvier 2007. Mais, dans l'attente de sa carte de séjour, Daniel a été dans l'interdiction de l'employer. « Je me suis retrouvé sur le banc des accusés, alors que toutes les démarches avaient été faites de bonne foi. J'avais aussi rénové mes bâtiments de ferme pour mettre à disposition des logements neufs », raconte Daniel, encore abasourdi de la tournure des événements.
Même sa demande de bras supplémentaires pour la saison de 2006 de pommes de terre a été momentanément suspendue. « J'espère que les barrières réglementaires seront vite levées. Notre agriculture a besoin de cette main-d'oeuvre de qualité », confie Daniel.
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(1) Direction départementale du travail, de l'emploi et de la formation professionnelle.
(2) Même souplesse pour les Bulgares, Estoniens, Lettons, Lituaniens, Tchèques, Roumains, Slovaques et Slovènes.
De la main-d'oeuvre polonaise sous huit jours
Un agriculteur peut faire une demande anonyme de main-d'oeuvre polonaise. En laissant vierge la partie concernant l'identité du salarié, sa demande est instruite dans un délai de huit jours.
La DDTEFP transmet le contrat à la Mission économique de la Pologne, service compétent du ministère du Travail polonais qui est chargé de la sélection des candidats. L'employeur peut y participer.
Accès libre
Les ressortissants de l'Union européenne à quinze, de la Suisse, de la Norvège, de l'Islande et du Liechtenstein ne sont pas tenus de produire un titre de séjour.
Ils bénéficient de la liberté de circulation et de l'accès au marché du travail français.