La suppression du labour avant le semis de tournesol est une pratique qui séduit de plus en plus de producteurs. En cause, la hausse du coût de l'énergie et la volonté de réduire les temps de travaux. «Le tournesol a besoin d'une bonne porosité sur les vingt premiers centimètres. Cela permet au pivot de se développer et d'assurer la mise en place d'un indice foliaire de l'ordre de 2,5 qui se maintient le plus longtemps possible. Pour parvenir à ce résultat, un travail de fissuration est souvent nécessaire», déclare Julien Charbonnaud, ingénieur du Cetiom à Orléans.

 

Ameublissement conseillé

Plusieurs types d'outils à dents droites ou courbes, munies ou non d'ailettes sont capables d'effectuer ce travail. «L'important est de descendre au-delà de l'horizon compacté et d'avancer à une vitesse suffisante pour obtenir une fissuration homogène du profil, sans lisser le fond», prévient Julien Charbonnaud. Dans les sols argilocalcaires, le passage peut intervenir de la fin de l'été jusqu'à l'entrée de l'hiver. Il s'agit de trouver le compromis entre un terrain trop sec, pénalisant pour le matériel et gourmand en énergie, et un sol réhumidifié où les dents n'ont plus l'efficacité recherchée.

Dans les argiles peu sensibles au tassement, bien souvent l'alternance sec-humide restructure naturellement le terrain. En été, des fentes de retrait de plusieurs centimètres attestent de l'effet du climat et dans ces conditions la décompaction peut se cantonner aux seuls passages du pulvérisateur et éventuellement aux fourrières. L'hiver, les périodes de gel et de dégel contribuent aussi à l'ameublissement du terrain en profondeur. La donne est sensiblement différente dans les limons plus exposés à l'hydromorphie et à la prise en masse. Dans ce cas, l'ameublissement précède de quelques jours seulement les travaux préparatoires au semis.

Préparer le lit de semences

Quel que soit le milieu, la gestion des résidus pailleux laissés en surface passe par un déchaumage capable de les mélanger à la terre sur les cinq premiers centimètres. Réalisé peu de temps après la récolte, le mulch a alors le temps d'évoluer au gré des alternances climatiques.

«Avec le tournesol, la régularité de semis et surtout de levée conditionnent en grande partie le succès, commente Julien Charbonnaud. La préparation du lit de semences doit permettre de déposer les graines régulièrement à 3 ou 4 cm de profondeur avec suffisamment de terre fine pour une émergence rapide. En non-labour, la patience est une qualité car le temps de ressuyage et le réchauffement des dix premiers centimètres sont plus longs.» Un ultime passage au cultivateur, éventuellement précédé d'un désherbant total destiné à détruire les adventices présentes, sert à la fois à émietter les mottes et à incorporer l'herbicide de présemis (trifluraline).

«Avec ce travail préalable, le producteur se place dans un contexte peu différent d'une préparation avec labour et peut utiliser un semoir monograine classique, commente Julien Charbonnaud. S'il le souhaite, il peut aussi opter pour un semoir spécifique muni de disques et capable de travailler dans des terrains encore encombrés de résidus.»

 

Semis sous couvert possible

Implantées dans le but de réduire l'érosion hivernale et de piéger les nitrates, les cultures intermédiaires peuvent compliquer le semis. Afin d'en réduire l'impact, la destruction précoce (à la mi-janvier) est obligatoire et limite du même coup la gêne due aux résidus. Un travail d'ameublissement des premiers centimètres et d'incorporation des débris permet l'emploi des semoirs monograines classiques.

 

 

 

Limaces: piéger avant de semer

 

«Le problème des limaces est plus lié à la parcelle qu'à la technique de préparation, explique Julien Charbonnaud, du Cetiom. En non-labour, la succession de travaux culturaux est censée réduire les populations, mais un piégeage avant semis est une sage précaution.»