1. CALENDRIER. Bien soignées, les gasconnes de Robert Caumont reviennent rapidement en chaleur. L'intervalle moyen entre vélages est proche de 365 jours, pour les génisses comme pour les vaches.
«Obtenir un veau par vache et par an nécessite de conserver un intervalle moyen entre vêlages proche de 365 jours. « C'est souvent entre le premier et le deuxième vêlage que les vaches prennent du retard, explique Robert Caumont, à la tête de 60 gasconnes à Lortet (Hautes-Pyrénées). Pour l'éviter, je conduis les génisses qui viennent de vêler dans un lot séparé. Si elles devaient se faire une place dans la hiérarchie parmi les adultes, elles seraient bousculées. En restant dans un groupe où elles se connaissent, elles récupèrent mieux et reviennent plus facilement en chaleur.»
L'alimentation, le logement, le déroulement des vêlages et le stressinfluent aussi sur les retours en chaleur. «L'intervalle entre vêlages est un indicateur global de la santé du troupeau», souligne Stéphanie Azam, du syndicat Bovin roissance. Ces deux dernières campagnes, Robert a obtenu un intervalle moyen entre vêlages de 362 et 360 jours pour l'ensemble du troupeau, et de 358 et 371 jours entre premier et deuxième vêlages. Sur ces critères, il s'est classé 10esur 242 au dernier Challenge pro départemental.
L'éleveur conduit ses gasconnes en race pure. Il insémine une douzaine de mères et possède quatre taureaux. Les vêlages s'étalent entre octobre et mars, avec un pic en décembre. Quelques retardataires vêlent en mai et juin, et sont le plus souvent réformées. «Je cherche à faire vêler les génisses en premier, précise Robert. Elles pâturent plus tranquillement et peuvent achever leur croissance. Les plus précoces peuvent être mises à l'herbe sans leur veau, déjà sevré. » Les vaches, elles, ne doivent pas vêler trop tard. «La mise à l'herbe est une période stressante qui n'est pas favorable à la reproduction. Je préfère qu'elles soient pleines avant, sinon elles prennent trop de retard.»
Des génisses bien soignées
Robert insémine en priorité les génisses. «Je peux choisir un taureau adapté à chacune, et j'évite les problèmes de vêlage liés à des veaux trop gros à la naissance.» Pour repérer celles qui sont en chaleur, Robert utilise un patch de détection des chevauchements.
2. GÉNISSES. Depuis qu'elles bénéficient d'une bonne ambiance dans ce bâtiment bien exposé, les génisses poussent mieux. L'hiver, pour soutenir leur croissance, Robert distribue aux animaux de la farine de méteil ou de l'ensilage de maïs avec un correcteur azoté, en complément du foin.
Il raisonne aussi les accouplements en monte naturelle. Là, pas de problème de détection des chaleurs ! Toulousain, qu'il partage avec un autre éleveur, est porteur du gêne culard, Satin ne l'est pas. « Je connais aussi le typage de mes vaches. J'attends que leur veau arrive à un mois et demi, puis je les mets avec un taureau, dans un lot de six vaches maximum. Je choisis un taureau porteur pour celles qui ne le sont pas, et inversement.»
En 2007-2008, sur 59 vêlages, 54 n'ont pas nécessité d'intervention humaine, et 5 seulement ont demandé une aide facile. « Quand le vêlage se passe bien, les vaches récupèrent vite et reviennent bien en chaleur», constate Robert. Pour alloter, il s'est donné les moyens en matière de bâtiment. Dans la stabulation de 1 000 m2, il peut mettre un lot de vaches avec un taureau à chaque extrémité et, dans celle de 650 m2, un troisième lot.
L'âge moyen au premier vêlage est de 35 mois. «Je laisse aux génisses le temps de bien se développer avant de les mettre à la reproduction», précise Robert. Depuis qu'il a construit en 2001 une deuxième stabulation pour les loger, il y parvient plus facilement. Ce bâtiment est ouvert d'un côté et protégé du vent par une haie. Le soleil rentre jusqu'au fond et sèche bien la litière. «Mon père a tout de suite remarqué que les velles poussaient mieux ici», souligne-t-il.
Une alimentation équilibrée
Les génisses pâturent sur l'exploitation au printemps et à l'automne, et passent l'été sur une estive collective. Pour soutenir leur croissance l'hiver, Robert leur donne un méteil de triticale, pois et vesce produits sur l'exploitation. Avant le vêlage, il leur réserve le meilleur foin. «L'estive n'est pas très riche et, à la descente, elles ont besoin de prendre du poids», précise-t-il. Après le vêlage, l'éleveur distribue de l'ensilage de maïs et un correcteur azoté.
«Les génisses ont une panse plus petite que les vaches et nécessitent des aliments concentrés, explique Stéphanie Azam. Si elles n'arrivent pas à couvrir leurs besoins, c'est la reproduction qui en souffre. Elles donnent la priorité à l'allaitement du veau, puis à leur croissance.»
Robert a choisi la gasconne pour sa rusticité et cherche à utiliser au maximum ses ressources fourragères. Il cultive 48 hectares de prairies, 7 ha de maïs ensilage et 2 ha de méteil, et n'achète que 2,5 tonnes de correcteur azoté. Au pré, il ne distribue pas de foin. L'été, les vaches pâturent sur des landes qu'il a défrichées. Sur cette estive individuelle, il peut mettre un taureau pour le rattrapage. Si elles perdent un peu de poids, les bêtes se rattrapent ensuite. En novembre, Robert les rentre en stabulation et distribue du foin et du regain. Puis, à partir de Noël, il donne durant trois mois de l'ensilage de maïs, qu'il complète depuis quatre ans avec un correcteur azoté. « Le maïs seul contient trop d'énergie, insiste Stéphanie Azam. Pour revenir en chaleur, les vaches ont besoin d'une alimentation équilibrée.»
Aujourd'hui, la reproduction fonctionne tellement bien que l'intervalle entre vêlages devient un peu trop court. Les mises bas se sont avancées, peu à peu, de janvier-février à novembre-décembre. Quelques vaches commencent à vêler dès octobre. « L'hiver dernier, j'ai attendu plus longtemps avant de mettre les taureaux, ajoute Robert. Cette année, je vais continuer à aller dans ce sens. Je voudrais recaler les vêlages sur décembre et janvier, et éviter d'avoir des veaux qui naissent au pré avant la rentrée en stabulation.»
Du potentiel laitier et de la docilité
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Robert Caumont tient compte de la docilité lorsqu'il achète ses taureaux (ci-contre avec Toulousain). Et il réforme les vaches au caractère trop vif. Son objectif est de tirer parti au maximum du pâturage, tout en composant avec des prairies dispersées en plusieurs îlots séparés par des routes. «Je dois régulièrement transporter des vaches en bétaillère. Avec des bêtes dociles, c'est plus facile.» Robert veille aussi à ne garder que des mères avec des qualités maternelles affirmées et du potentiel laitier. Les veaux poussent bien avant le sevrage, et consomment moins d'aliment. Ces bêtes dociles et laitières proviennent d'une lignée bien représentée dans son troupeau. En 2003, c'est dans cette lignée qu'est né Ulster, un taureau actuellement au catalogue d'insémination de la race gasconne.