De nombreux essais visant à mieux cerner l'alimentation azotée des blés, selon le mode de fractionnement et les doses, sont mis en place chaque année par Arvalis.
Ils révèlent que le rendement et la teneur en protéines sont toujours mieux assurés quand l'absorption d'azote est freinée du tallage jusqu'au stade des deux noeuds, puis favorisée durant la deuxième partie de la montaison, en particulier du stade de la dernière feuille jusqu'à la floraison.
Malgré des apports raisonnés qui tiennent compte de ces connaissances, les conditions de milieu, et notamment le climat, peuvent venir perturber l'alimentation azotée. Une sécheresse, un excès d'eau, la douceur des températures ralentissent, ou au contraire accélèrent, l'absorption azotée par les plantes.
Le rythme de développement de la variété joue également un grand rôle et une carence de début de la montaison pénalise fortement les variétés précoces au stade de l'épi de 1 cm, du type de Taldor. Les variétés à faible capacité de tallage, telles que Caphorn, sont également plus handicapées par cette sous-alimentation qu'Apache ou Soissons, qui tallent beaucoup.
Comme la phase la plus critique pour le blé se situe durant la deuxième partie de la montaison, les variétés à montaison longue sont nettement avantagées en cas de carence précoce. Par ailleurs, il existe une variabilité de comportement et les contrôles de nutrition montrent que certaines variétés sont plus carencées que d'autres pour un même niveau de sous-fertilisation.
Tardifs, jusqu'à 80 u/ha en fin de cycle
Afin d'éviter les situations pénalisantes, les variétés les plus sensibles seront à proscrire dans tous les milieux difficiles, comme les sols hydromorphes, superficiels et les zones peu arrosées. De même, le fractionnement de la fumure azotée tiendra compte à la fois du contexte pédoclimatique et de la variété.
Sur les blés précoces au stade "épi 1 cm", la marge de manoeuvre est étroite, et tout report conséquent de la fertilisation azotée vers la fin de la montaison peut se traduire par une perte de rendement et de protéines. Ainsi, dans les essais réalisés par Arvalis, la perte de rendement est en moyenne de 2,5 q/ha pour un report important (80 u/ha) de la fraction azotée en fin de cycle, avec des variétés précoces comme Taldor ou Aubusson.
Le respect de la législation oblige à réaliser trois apports au-delà d'une dose totale de 150 u/ha. Dans ce cas, la solution passe par l'encadrement du stade "épi 1 cm", en fractionnant cette dose pivot en deux.
Les blés les moins sensibles aux carences précoces sont également ceux qui valorisent les plus gros apports azotés de fin de cycle, avec des gains moyens de 3 à 5 q/ha et de 0,3 à 0,5 point de protéines.
Dans les milieux où le risque de sécheresse est faible, le niveau du troisième apport à la dernière feuille pourra atteindre 60 unités, voire 80 u/ha sans problème.
Se retrouvent dans cette catégorie Charger, Ritmo, Mercury, Shango, mais aussi Autan, Aztec, Baltimor, Mendel ou PR22R28. Malgré sa précocité, Cézanne est en mesure de valoriser un apport tardif conséquent, à condition de ne pas subir au préalable une carence de trop longue durée durant la montaison.
Migration tardive vers le grainDurant tout le cycle jusqu'à la floraison du blé, l'azote absorbé est stocké à hauteur de 80% dans les feuilles, essentiellement sous forme de protéines. A partir de la floraison, ces réserves migrent vers le grain. 70% de l'azote contenu dans celui-ci proviennent des différents organes du blé, les 30% restants sont encore fournis par le sol, via une assimilation tardive. Dans le meilleur des cas, 80% seulement de l'azote issu de l'engrais auront été utilisés. |
Formes solidesSi la solution azotée présente l'avantage de la régularité d'épandage, les formes solides, ammonitrate et urée 46, procurent de meilleurs rendements et des teneurs en protéines supérieures. Leur avantage est plus net en sols calcaires, où une majoration de 15% de la dose est nécessaire avec la solution azotée. |