Débouché. Le séchage naturel permet au grain de conserver toutes ses qualités nutritionnelles. Le maïs de Gilles Charpentier intéresse plus particulièrement les éleveurs de pigeons de Belgique.
Le cribs de Gilles Charpentier ne passe pas inaperçu. En bordure de la nationale 10 qui relie Châteaudun à Chartres, son installation est toute proche du moulin du Bois de Feugère, qui est un peu l'attraction locale. La proximité du moulin n'est pas tout à fait un hasard et le même vent qui en fait tourner les ailes, lors des démonstrations touristiques, fait sécher les épis de maïs, de la fin de septembre au début de juin. «L'orientation du cribs est importante. Pour bien faire, il faudrait une orientation nord-sud pour que les vents dominants qui viennent de l'ouest passent au travers, explique l'exploitant. Il ne faudrait pas non plus mettre le cribs le long d'un bois. L'an dernier, le cribs était devant un colza qui atteignait 1,50 mètre et le séchage a été plus long que d'habitude», ajoute l'agriculteur.
Sur son exploitation de 82 ha située sur la commune de Bouville, dans l'Eure-et-Loir, Gilles Charpentier cultive toujours 17 ou 18 hectares de maïs irrigué, «mais seuls 8 hectares vont en cribs, car je suis limité par mes capacités de stockage», note l'agriculteur. Le cribs court sur 100 mètres de longueur et a une capacité approximative de 900 quintaux.
Variété adaptée
Gilles Charpentier sépare dès le semis les surfaces qui seront conduites en vue du séchage naturel en cribs en choisissant des variétés à rafles blanches. «Les grains bien blancs se vendent mieux, car ce maïs est aussi distribué en petits sacs pour les particuliers et les colombophiles, notamment en Belgique.»
En effet, même si cette qualité de maïs séché naturellement trouve une bonne valorisation auprès des élevages de canards et d'oies, la Scael, où Gilles livre ses produits, valorise une partie de la marchandise en Belgique auprès d'éleveurs professionnels et d'amateurs de pigeons.
«Si j'additionne les gains de séchage, de stockage (amorti), et la valorisation du produit, j'estime gagner en moyenne 40-50 €/t de plus que pour un maïs classique», se félicite l'exploitant.
Néanmoins, avec du matériel vieillissant, Gilles se trouve aujourd'hui à la croisée des chemins. Soit il prend le parti d'arrêter cette technique lorsque les machines et les installations ne seront plus viables, soit il investit pour pérenniser cette activité sur la ferme. Gilles précise: «Si je réinvestis, alors je m'équiperai avec du matériel moderne, et je passerai tout mon maïs en cribs pour rentabiliser l'opération.»
Une bonne organisation du travail«J'ai hérité de mon père le matériel et les installations», indique Gilles Charpentier. Ainsi, pour la moisson, l'exploitant doit faire avec un «corn-picker deux rangs». «Avec ce matériel, j'avance au rythme de 2,5 ha par jour et il faut être trois. Un qui cueille et deux qui vident», explique-t-il. Grâce à des variétés précoces, la récolte est souvent effectuée à la fin de septembre. «Cette période de l'année, qui marque la transition entre deux saisons, nous laisse plus de temps. Si la météorologie le permet, en cinq jours, le travail est terminé. »Une deuxième pointe de travail est liée au battage. Cette opération nécessite deux personnes pendant deux jours et demi. Là encore, le battage est effectué en période creuse, entre la fin de mai et le début de juin. «C'est une période plutôt calme, et les semis de printemps sont déjà réalisés», rapporte l'agriculteur. |
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Pièges: rongeurs
Les rats peuvent poser des problèmes. Gilles n'a fait appel qu'une seule fois à des experts en dératisation. En temps normal, les pièges maison suffisent. L'appât est simplement mis dans des tubes placés le long du cribs. «Les rats aiment bien passer dans ces tuyaux qui, en même temps, protègent l'appât», confie l'exploitant.