Pendant la période de semis, du 1er mars au 15 avril, la fertilisation (azote, phosphore, potasse, zinc) doit devancer les besoins du lin textile de printemps. Pour un objectif de rendement de 7 t/ha de paille rouie non battue et une richesse de 20 à 22% en lin teillé, la plante mobilise 40 unités de phosphore et 140 de potasse. Les quantités exportées restent faibles car le lin en restitue une grande partie au cours du rouissage.
«L'apport de 70 unités pour chaque élément suffit à couvrir les exportations et est généralement réalisé en automne en fumure de fond, mais peut l'être au début de mars. La potasse sera alors mise sous forme de sulfate et le phosphore sous forme assimilable», explique Philippe Morin, de l'Institut technique du lin.
Pour l'azote, les besoins sont de 70 unités (10 u/t de paille produite). Selon les reliquats, l'apport peut varier entre 0 et 40 unités. L'azote sera sous forme solide avant le semis. Après le semis et avant la levée, il sera liquide. «La méthode du bilan permet de ne pas sous-doser l'azote nécessaire, ce qui entraînerait une perte de rendement. Au contraire, un excès d'azote déséquilibre la croissance au détriment du remplissage des fibres, augmente le risque de verse et facilite l'arrivée de maladies de type botrytis, précise le conseiller. Pour calculer précisément les besoins en azote du lin, des essais avec le GPN sont en cours.» L'outil analyse la lumière réfléchie par la culture et détermine la teneur en chlorophylle et la quantité de biomasse présente. Il affiche ainsi un indice de nutrition azotée et conseille immédiatement la dose d'azote à apporter pour atteindre le rendement et la qualité optimale.
Apport de zinc systématique
Entre la levée et le stade des 3 cm, la plante absorbe 80% de ses besoins en zinc, soit entre 50 et 300 g/ha selon les conditions climatiques. En cas de carence, les conséquences seront néfastes sur la qualité de la fibre. «Au stade des 10 cm, le bourgeon terminal se nécrose, il passe du vert au blanc, la croissance ralentit et la plante ramifie à la base et donne un lin fourchu, poursuit Philippe Morin. Les semences pelliculées en zinc suffisent généralement à combler les besoins de la plante.» En plus d'engendrer une meilleure vigueur à la levée, ce type de semence représente une sécurité car les conditions météorologiques ne permettent pas toujours d'entrer dans la parcelle au bon moment.
Un apport en végétation, à ajouter aux semences pelliculées en zinc, reste nécessaire dans certains cas: sols tassés, humides, pH élevé (supérieur à 7,5), roche mère calcaire, parcelle marnée ou chaulée. «L'assimilation du zinc est bloquée par un excès de chaux dans le sol mais aussi par un temps froid. Le zinc peut être en quantité suffisante dans le sol mais rester inaccessible pour le lin. Il faut donc apporter 4 kg/ha de sulfate de zinc au stade des 2 cm», précise Philippe Morin.
Mêmes besoins pour le lin grainePour un objectif de 25 à 30 q/ha en lin graine de printemps, les apports en potasse et phosphore sont identiques en fumure de fond au lin textile, soit 70 unités pour chaque élément. De 70 à 90 unités d'azote, selon la méthode du bilan, sont à fractionner du semis au stade des 40 cm quand les bourgeons floraux sortent (besoins de 4 ou 5 u/q de graines produit). L'apport de zinc, par les semences pelliculées et/ou par un apport foliaire, doit être systématique au stade des 2 cm, comme pour le lin textile. |
Zinc: apport au bon momentL'apport de zinc ne peut être que préventif. Quand les symptômes apparaissent (entre 5 et 10 cm), il est trop tard pour y remédier. Le zinc doit être apporté en conditions non gélives, sous peine de provoquer la formation de nécroses sur les jeunes feuilles. |