Eric Thomassin, éleveur à Ormes, dans la Saône-et-Loire, fait vêler la majeure partie de ses 150 vaches charolaises entre septembre et octobre. «Cette organisation me soulage pendant l'hiver et permet de réduire le chargement de mes prairies, sensibles à la sécheresse pendant l'été», explique-t-il.

Chaque année, 70 vaches mettent bas en septembre, 40 en octobre, 20 en novembre et décembre et 20 en mars et avril. La plupart vêlent toutes seules dehors, dans un pré proche des bâtiments. Eric peut ainsi les surveiller facilement. Il note les conditions de vêlage pour chaque mère afin de savoir lesquelles sont susceptibles de rencontrer des problèmes.

Eric rentre systématiquement dans la stabulation libre les génisses prêtes à vêler, celles qui ont dépassé le terme et les vaches qui ne vêlent pas facilement. Dès qu'elles ont mis bas, elles sont aussitôt remises au pré avec leur veau. Elles profitent ainsi de la repousse d'herbe de fin d'été. Les vaches et leurs veaux rentrent pour l'hivernage vers le 10 novembre. Après le déparasitage et l'adaptation au changement de ration, les inséminations artificielles (IA) commencent vers le 20 novembre sur vaches et génisses. Elles sont réalisées au coup par coup, dans la stabulation libre. Puis interviennent les échographies à 40 jours. «Depuis 1995, c'est grâce à l'IA que j'ai pu avancer mes vêlages, souligne Eric. L'utilisation de taureaux de monte naturelle n'est pas pratique en bâtiment.»

Les premières à avoir vêlé sont également logées dans la stabulation libre. Les multipares plus tardives sont installées dans une étable entravée de 80 places, qui possède aussi des box à veaux. Les derniers vêlages ont lieu à l'abri. Comme les chaleurs sont difficiles à détecter dans ce type de logement, Eric fait des groupages de chaleur sur les femelles à l'entrave.

Des broutards vendus à partir de juillet

Les animaux ressortent au pâturage vers le 15 mars en lots séparés de mâles et de femelles. Les femelles sont sevrées en juillet. Eric procède à un premier tri. Sur 70, il en garde une cinquantaine pour le renouvellement, qui subiront un second tri après leur premier vêlage (voir l'encadré ci-dessous). Les moins bonnes sont vendues en laitonnes maigres.

Les mâles sont complémentés au nourrisseur puis vendus en tant que broutards sous la mère à partir de juillet. «Je suis d'habitude le premier à vendre des broutards en juillet et août. A cause de la fièvre catarrhale ovine, ce n'est pas le cas cette année», déplore Eric.

Le premier lot de 35 bêtes est parti à la fin de juillet à 458 kg vif, payable au prix de 2,50 €/kg. Après la chute des cours en septembre, Eric a attendu une amélioration de la conjoncture pour écouler le second lot mais, à la fin de septembre, les cours n'étaient toujours pas remontés. «Ces broutards partiront en octobre, car les finir n'est pas rentable.» L'an dernier, il avait été contraint de finir une dizaine de broutards en babys, mais il n'a réalisé aucune plus-value dessus, compte tenu du coût élevé des aliments achetés.

 

Des stocks de fourrages importants

Le mode d'élevage mis en place par Eric exige du fourrage en quantité importante. Sur 258 ha de prairies, il récolte 120 ha de foin. «Cette année, j'ai rentré 2.350 balles rondes, dont 1.800 de foin et 550 de paille achetée derrière la moissonneuse.» L'hiver, les vaches sont alimentées avec du foin à volonté et 3 à 5 kg d'aliment réalisé à façon, contenant des céréales et du soja. En plus du foin, les jeunes veaux sont complémentés avec un aliment du commerce à raison de 0,8 à 1 kg par jour. La facture d'aliments a augmenté de 6.000 euros cette année.

 

 

La sélection sur la capacité d'allaitement

Eric sélectionne ses vaches en fonction de leur bassin et de leur production de lait. Il fait vêler une cinquantaine de génisses, qu'il trie après le premier vêlage. Il pèse leurs veaux à 120 et 220 jours pour juger des qualités laitières des mères. Sur ces 50 femelles, il en conserve une quarantaine.