Dans une série d'essais conduits depuis trois ans dans le nord-est de la France, Arvalis a cherché à savoir s'il était possible de réduire les apports d'engrais azotés et la protection fongicide en blé tendre, lorsque l'on diminue la densité de semis. «Le premier résultat est que, contrairement aux idées reçues, la dose d'azote optimale de fumure azotée d'une parcelle de blé est complètement indépendante de la densité de semis», explique Jean-Paul Prévost, ingénieur régional (Nord et Picardie) chez Arvalis. En d'autres termes, pour toutes les densités de semis, jusqu'à 150 grains par mètre carré, les courbes de réponse du blé à l'azote sont identiques et l'optimum d'apport d'azote reste le même.
Azote et fongicides: résultats similaires
«De même, en réduisant la densité de semis jusqu'à 150 grains semés par mètre carré, la pression de la maladie ne diminue pas, indique le responsable d'Arvalis. Il faut descendre beaucoup plus bas pour mesurer des différences significatives.»
Les responsables d'Arvalis se sont surtout intéressés à la septoriose, la maladie la plus nuisible dans la région. «Il existe une petite interaction entre la densité de semis et la pression de la maladie, mais qui reste marginale, remarque son confrère Thierry Denis. Entre des semis réalisés à 250 et 150 grains par mètre carré, la différence de rendement entre parcelles traitées aux fongicides et non traitées passe de 30 q/ha à 28 q/ha.» Un écart qui n'est pas suffisant pour réduire le programme de protection.
«Jusqu'à présent, l'étude des itinéraires à bas niveaux était assez empirique, reconnaît Jean-Paul Prévost. Notre objectif au travers de cette expérimentation était de mener une approche plus "scientifique", en croisant sur chaque site, et pour plusieurs variétés, les facteurs de densité de semis, fumure azotée et pression de la maladie, deux à deux, puis les trois ensemble.» Ce qui les a le plus surpris, c'est qu'ils ont obtenu les mêmes résultats dans tous les sites: en Picardie, en Champagne, en Lorraine… et au cours des trois années d'essais.
Décaler la date de semis
Ainsi, si l'on cherche à diminuer les apports d'azote ou le poste "produits phytosanitaires", réduire la densité de semis ne change rien. «En revanche, on peut décaler la date de semis et choisir une variété plus résistante, souligne Thierry Denis. Semer son blé aux alentours du 20 octobre au lieu du 5 au10 octobre permet de réduire la pression de la septoriose: la maladie explose moins vite et il est plus facile de déclencher le premier traitement. Le désherbage est aussi mieux maîtrisé, mais sans que cela ne revienne réellement moins cher.»
Quant à la résistance variétale, pour les responsables d'Arvalis, il existe des variétés à la fois très productives et peu sensibles à la septoriose comme Toisondor ou Koreli, ou encore peut-être Premio, qui reste à confirmer. Mais attention, aucune variété n'est résistante en même temps à la septoriose et aux rouilles.
Densité: 150 grains par mètre carré au minimum«Dans le nord-est de la France, il est possible de réduire la densité de semis du blé, dans tous les secteurs, y compris en Champagne, indique Thierry Denis. Le résultat n'est pas pénalisé tant que l'on ne se situe pas en dessous de 120 à 140 plantes par mètre carré. Ce qui correspond à des densités de semis aux alentours de 150 grains par mètre carré, soit de 30 à 40% de moins que les densités de semis le plus souvent pratiquées actuellement dans la région. Au-dessous, le risque devient trop élevé.» |
Azote: premier facteur de rendementCes essais confirment que l'azote constitue le premier facteur de rendement. Entre parcelles fertilisées à l'optimum et parcelles sans azote, la différence de rendement en blé se situe toujours dans une fourchette proche de 40 q/ha, quel que soit le potentiel du sol et de l'année. |