1. Cohérence. L'unité de biogaz de Jean-Louis Vrignaud (à gauche) et de Denis Brosset s'inscrit dans la logique de leur système d'exploitation, sans la modifier.

2. Digesteurs. Chacun des quatre digesteurs peut contenir 185 m³ de substrats.

3. Lisier. Le lisier est collecté dans une cuve de 37 m³ où il est chauffé à 40°C. Une vessie (premier plan) stocke les surplus.

 

 

4. Vannes. Un jeu de vannes permet une gestion simple des flux de biogaz et  de lisier.

5. Cogénération. Un moteur SisuDiesel de 30 kW produit l'électricité et la chaleur. Un écran tactile permet son réglage et son contrôle. Des tableaux électroniques renseignent sur les paramètres des digesteurs et du gaz produit. 

Une unité de production de biogaz a fourni ses premières kilowattheures en mai 2008 à La Verrie, en Vendée. Pour Denis Brosset et Jean-Louis Vrignaud, les associés du Gaec du Bois Joly, l'objectif était double.

« Nous voulions d'abord que la biométhanisation paie la mise aux normes de notre exploitation, racontent-ils. Ensuite, adhérant au Grapea (1) Civam (2) depuis six ans, nous tenions à ce que le projet entre dans une démarche d'agriculture durable. »

Les deux agriculteurs élèvent 500 mères lapines et 50 vaches allaitantes en système herbager. 58 des 68 hectares de la SAU sont occupés par des prairies, le restant est partagé entre du maïs fourrager et d'autres céréales.

Fermentation discontinue

Initié en 2001, le projet reposait sur la méthanisation des déjections du cheptel. Après plusieurs années de réflexion, les associés ont débuté, en 2006, en collaboration avec le bureau d'études Aria Energies, la construction d'une installation à fermentation discontinue.

Contrairement à la fermentation infiniment mélangée, ce procédé nécessite la vidange du digesteur au bout d'un temps donné. « Nous avons préféré ce mode de production, car il correspond mieux au contexte de notre ferme, explique Denis Brosset. C'est la solution technico-économique la plus adaptée à la méthanisation de fumier. »

Et l'énergiculteur de nous éclairer sur les avantages de ce système : « Certes, le discontinu est moins productif et régulier que l'infiniment mélangé. Mais nous avons quatre silos-couloirs que nous chargeons et déchargeons à tour de rôle. Ainsi, nous parvenons à produire du gaz en continu. De plus, en cas de problème dans un digesteur, l'accès est facile et l'intervention n'arrête pas la production d'électricité. »

Fumier de bovins

Chaque silo est chauffé en son fond et sur ses côtés. Les 140 m³ de fumier et 40 m³ de lisier y prennent place. Ces substrats sont régulièrement arrosés de lisier, préalablement monté à une température de 40°C dans une cuve de 37 m³.

L'ensemble fermente à l'abri de l'air pendant deux mois, de façon à optimiser l'extraction de méthane pour chaque lot de fumier. « La majorité du fumier provient de nos bovins, commente Denis Brosset. Nous utilisons du fumier d'élevages voisins en été, quand nos vaches sont au champ. Nous partageons ensuite le digestat en fonction des apports de chacun. »

Apprentissage

Le gaz fait tourner un cogénérateur de 30 kW. L'objectif de production s'élève à plus de 200.000 kWh électriques par an. Plus de 75 % de la chaleur générée est exploitée : elle couvre les besoins de l'installation et chauffe le bâtiment des lapins, ainsi que deux habitations.

Un taux qui autorise l'attribution de la prime énergétique de 3 centimes d'euro par kWh. Dans le local technique, un écran tactile permet de contrôler et de régler les paramètres du cogénérateur.

Quant à l'organisation du travail, Denis Brosset consacre de cinq à dix minutes par jour à l'atelier de biogaz. Ce temps peut atteindre la demi-heure en cas d'opération de maintenance. Le chargement et la vidange des silos prennent une journée toutes les deux à trois semaines.

« Nous sommes dans une phase d'apprentissage, admet Denis Brosset. Nous gagnons du temps à chaque nouveau remplissage. » L'Ademe (3) a mandaté le suivi de l'installation pendant deux ans et demi à deux bureaux d'études, l'Apesa de Pau et Biomasse Normandie. Cette acquisition de références décidera des futures aides que cette agence accordera à ce type de projets et renseignera les agriculteurs sur leur mise en oeuvre.

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(1) Groupe de recherche pour une agriculture paysanne économe et autonome.

(2) Centre d'initiatives pour valoriser l'agriculture et le milieu rural.

(3) Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie.

 

Rentable, l'atelier de biogaz offre aussi de nouvelles perspectives.

Les dépenses

L'investissement se chiffre à 279.000 €. Cette somme concerne toutes les dépenses : la mise aux normes (52.000 €), l'unité de biométhanisation et l'intégration paysagère. Le Gaec a reçu 61.800 € de l'Ademe et 68.800 € du conseil général de la Vendée. L'autoconstruction des silos a permis d'économiser 40.000 euros.

Les recettes

Le Gaec livre l'électricité à EDF à 11,4 centimes d'euro par kWh, selon un contrat de quinze ans. Comme la chaleur produite est exploitée à plus de 75 %, les associés recevront une prime de 0, 03 €/kWh. Outre ces rémunérations, l'exploitation de la chaleur engendrera au moins 4.000 euros d'économie.

Les perspectives

L'atelier de biogaz ouvre de nouvelles possibilités de revenus. Ainsi, Denis Brosset et Jean-Louis Vrignaud prévoient de fournir une prestation de séchage de plaquettes de bois grâce à la chaleur de l'unité. Le traitement rémunéré de déchets agroalimentaires par biométhanisation est aussi à l'étude. Par ailleurs, des échanges de digestat contre de la paille sont prévus avec un céréalier charentais.

La rentabilité

Sans prendre en compte ces perspectives, le temps de retour sur investissement n'excèderait pas sept ans. Il était estimé à douze ans sans les subventions.