«Aucune région ne semble épargnée par la présence de cas de résistance ou de dérive de sensibilité du vulpin et du ray-grass aux sulfonylurées», relève InVivo (1). Même constat pour Arvalis. «De nombreux cas sont observés sur ray-grass, en particulier dans le Sud-Ouest et la vallée du Rhône, où cette famille est largement utilisée dans un contexte de rotation céréalière courte ou de monoculture de blé dur, de conditions climatiques peu propices aux herbicides racinaires, de résistance aux fops et aux dimes bien établies, etc., explique Catherine Vacher. La région Centre compte aussi quelques cas en vulpins et ray-grass liés à un travail du sol peu profond, une rotation de cultures d'hiver, une utilisation répétée des mêmes familles d'herbicides.»

«Les réductions de doses, voire les impasses pour des raisons économiques ont également conduit à cette situation», précise Stéphane Foissy, d'EMC2 dans la Meuse.

Penser agronomie

Dans de telles situations, il est indispensable de limiter la population de graminées à l'automne avant l'implantation de la céréale en pratiquant notamment des faux semis. Une fois levées, les adventices seront détruites mécaniquement ou par des herbicides non sélectifs. «L'humidité du sol et un déchaumage fin à une faible profondeur (2 ou 3 cm) concourent à la réussite de la technique», souligne Catherine Vacher. «Un labour tous les trois à cinq ans permet également d'enfouir les graines, qui vont ainsi perdre leur capacité germinative», recommande aussi InVivo. Enfin, il faut éviter les semis de blé trop précoces qui font lever la céréale en même temps que les graminées. Quand c'est possible, l'introduction d'une culture de printemps permet de casser le cycle des graminées d'automne et d'utiliser d'autres modes d'action herbicide.

Désherber en programme

Du côté des herbicides, il faut absolument miser sur un programme de désherbage et non plus sur un seul passage, en commençant dès l'automne pour avoir un plus grand choix de modes d'action. Les herbicides à action racinaire appliqués en présemis (cas du triallate sur orge), en prélevée ou en postlevée en constituent la base.

«Sur vulpin, les associations urées-pendiméthaline (Prowl 400) assure une bonne base», souligne Arvalis. EMC2 préconise du chlortoluron sur variétés de blé tolérantes à dose maximale, suivi d'une sulfonylurée à pleine dose à l'automne ou à la sortie de l'hiver. Cohésis conseille également le chlortoluron seul ou en association avec Prowl 400 ou Défi, suivi d'une sulfonylurée au printemps.

«En ce qui concerne le ray-grass, il faut intervenir sur les plantes jeunes avec de l'Avadex en présemis incorporé (possible uniquement sur orge) ou du chlortoluron en prélevée, suivi à 3 feuilles du Défi associé au Carat ou au chlortoluron», indique Arvalis.

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(1) Voir Céréales: la résistance aux herbicides cartographiée (InVivo)

 

Peu de solutions herbicides à venir

«Bien qu'appartenant à une nouvelle famille chimique, le futur pinoxaden a un mode d'action identique à celui des fops et des dimes, souligne Arvalis. Donc attention en situation de résistance à ces familles. En revanche, parmi les molécules attendues, le flufénacet offre un mode d'action peu ou pas utilisé dans les rotations céréalières. Employé en prélevée ou postlevée précoce, il s'intègre bien dans les programmes de traitement. En Angleterre, il fait partie intégrante de la gestion et de la prévention de la résistance.»

 

 

Cas sensibles: pratiques associées

Dans de nombreuses situations, les vulpins et ray-grass sont encore sensibles aux sulfonylurées et aux fops. Pour éviter l'apparition de résistances à ces herbicides, il est souhaitable de mettre en oeuvre dès à présent presque les mêmes pratiques agronomiques et de désherbage que pour les situations de double résistance.