Le bâtiment métallique, où les veaux étaient élevés depuis vingt ans, commençait à donner quelques signes de fatigue. Obligés de le rénover, les frères Doonen préfèrent en faire un hangar de stockage de céréales. Ils en profitent alors pour construire une nurserie toute neuve. «Les veaux sont les futures laitières de l'exploitation, remarque Hubert Doonen. Ils méritent donc un confort irréprochable. Elever mes élèves dans un bâtiment à quatre étoiles a toujours été l'un de mes rêves. Mais le montant d'un tel investissement nous a longtemps fait hésiter. Nous avons finalement franchi le pas en 2002 et investi plus de 60.000 €. Certes, la facture est chère, mais nous ne regrettons pas.» Le Gaec du Neuvron élève uniquement ses femelles, soit entre trente-cinq et quarante veaux par an. Les mâles sont vendus vers l'âge de quinze jours. Et pourtant, leur nurserie peut accueillir jusqu'à soixante élèves (dix cases individuelles et quatre box collectifs d'une capacité totale de soixante places). «Nous avons volontairement surdimensionné le bâtiment au cas où nous aurions à nous agrandir dans les prochaines années, reprend Hubert. Et si nos soixante places actuelles ne sont pas suffisantes, nous allongerons la nurserie. C'est pour l'une de ces raisons que nous avons choisi de réaliser une construction 100% en bois. Cette matière est moins froide et offre ainsi davantage de confort.» Long de 24,50 m et large de 17,40 m, le bâtiment atteint 7,70 m au niveau de la faîtière. Du côté sud, les frères Doonen ont laissé une ouverture de 20 cm entre le bardage du bas et celui du haut pour permettre à l'air d'entrer. Il sort ensuite au niveau de la faîtière, composé d'un bardage en claire-voie (planche de bois espacé) sur 1,20 m. Avec cette disposition (bâtiment haut et mouvements d'air important), le bâtiment est très bien ventilé. C'est un gros avantage en été car les veaux supportent ainsi mieux les fortes chaleurs. En revanche, le bâtiment est un peu froid en hiver. «Tout ne peut pas être parfait, rétorque Hubert. Mais avec 70% de nos vêlages situés en mai et septembre, je préfère une nurserie bien aérée en été. Pour limiter les arrivées d'air en hiver, on peut toujours fermer en partie l'ouverture le long du bâtiment.»

Dix cases individuelles en PVC

Les nouveau-nés passent leur première semaine dans des cases individuelles en PVC sur caillebotis. Le plastique reste assez coûteux (entre 150 et 200 €) mais il est plus simple à nettoyer et à désinfecter. Une légère pente sous le caillebotis permet d'envoyer les jus vers un caniveau qui est ensuite relié directement à la fosse à lisier. A l'âge de sept jours, les femelles sont dirigées vers les box collectifs. Elles sont alors allaitées jusqu'au sevrage à l'aide d'un Dal. Une station alimente le lot de veaux de moins d'un mois, une seconde nourrit les femelles d'un mois jusqu'au sevrage (environ 60 jours). «Le Dal nous enlève ainsi la contrainte horaire de la buvée, insiste Hubert. Sauf pour les veaux au colostrum bien entendu. Je me libère alors davantage de temps pour le suivi du troupeau des laitières. Autre avantage: la distribution se fait de façon régulière sur toute une journée. L'engorgement de la caillette et les soucis qui peuvent en découler sont ainsi limités. Depuis l'installation du Dal, je dénombre beaucoup moins de diarrhées.» Une fois sevrés, les veaux passent dans l'un des deux autres box de 36 m² et y restent parfois jusqu'à dix mois. Lors de la conception de la nurserie, les frères Doonen ont prévu un couloir de paillage de 4,20 m de largeur à l'arrière des box collectifs. Cette disposition leur facilite bien évidemment le paillage, mais aussi leur permet d'y stocker une partie de leurs balles carrées. Pour conserver ses veaux propres, Hubert paille au moins deux fois par semaine et vide le fumier toutes les quatre à six semaines. Enfin, il réalise un vide sanitaire complet une fois par an au printemps. Nettoyer et désinfecter tout le bâtiment nécessite alors au moins une journée et demie de travail. Après trois ans de recul, Hubert est complètement satisfait. «Cette nurserie a coûté cher, déclare-t-il. Mais je travaille dans des conditions idéales.»

 

 

 

Expert: STÉPHANE SAGORIN, ingénieur au BTPL

«La polyvalence du bâtiment a un coût»

«Avoir prévu des cases individuelles pour les nouveau-nés me semble très important par rapport à la prévention contre les diarrhées. Le quai autonettoyant derrière le cornadis me paraît également indispensable dans une nurserie. En effet, ce dispositif facilite le curage des box puisque les veaux restent alors bloqués au cornadis. Le coût élevé de la nurserie est à relativiser.

En effet, les frères Doonen ont volontairement augmenté de un mètre la hauteur du bâtiment pour y stocker de la paille. Et cela a un coût. Autre inconvénient: le bâtiment peut être froid en hiver. Si c'est le cas, je leur conseille de réaliser des entrées d'air modulables. Enfin, la surdimension du bâtiment a aussi un coût. Mais ils n'ont pas forcément tort. Ainsi, les problèmes sanitaires sont mieux maîtrisés.»