Johan Chevaillier a opté depuis deux hivers pour une nurserie-tunnel. Depuis lors, le taux de pertes sur ses veaux est passé de 26% à 6%.
Johan Chevaillier avait beaucoup de problèmes sanitaires sur ses jeunes veaux en contact direct ou indirect (via le fumier) avec des animaux plus âgés. Diarrhées, cryptosporidiose, pneumonies... les frais vétérinaires commençaient à chiffrer. «J'ai déploré jusqu'à 26% de pertes sur des veaux de moins de deux mois. Ce n'était plus possible.» Johan recherche alors un système où la ventilation et la température du bâtiment sont totalement maîtrisées en hiver. Il reproche aux filets brise-vent et aux tôles perforées de favoriser une chute importante de la température. «Et un veau se sent bien lorsqu'il a suffisamment chaud», insiste l'éleveur. Rapidement, il opte pour une nurserie-tunnel. Conçu initialement pour la filière avicole, ce système offre l'avantage de pouvoir maîtriser les entrées et les sorties d'air. En fonction de la température intérieure (une sonde est installée au milieu), une bâche recouvre automatiquement une partie du filet brise-vent d'un côté de la nurserie. De l'autre, la bâche se remonte manuellement. Ainsi, la température est totalement régulée. «Le jour où il fait très froid, souligne Johan, on peut fermer complètement le bâtiment et limiter la baisse de la température.» La structure est également entièrement isolée. Le toit est recouvert de deux couches de laine de verre entourées de deux bâches. Des panneaux sandwich isolants sont placés en dessous du filet brise-vent. La limite de ce système se situe certainement durant les fortes chaleurs estivales où les veaux doivent souffrir d'un manque de fraîcheur. Toutefois, Johan n'est pas confronté à ce problème puisqu'il n'a que très peu de veaux en été. Depuis deux hivers qu'il utilise son chapiteau mobile, le taux de mortalité est descendu à 6%.
Une structure légère qui se déplace sur deux skis
Le bâtiment mesure 15 mètres sur 8 mètres de largeur. Il n'a pas de fond et est posé à même le sol. «Beaucoup de gens pensent que la nurserie s'envole dès le premier coup de vent, sourit Johan. Ce n'est pas du tout le cas. C'est très solide.» L'éleveur a aménagé l'intérieur du bâtiment de façon à travailler dans de bonnes conditions. Un couloir d'alimentation (porte-seaux) mesure 80 cm de largeur. Les box font 5 mètres de largeur. A l'arrière, Johan a prévu une allée de 2,20 mètres pour y déposer la paille, ce qui facilite le paillage. Les veaux peuvent également en consommer. La nurserie est alimentée en eau et en électricité depuis le bâtiment d'élevage, distant de 50 mètres. Au total, elle contient jusqu'à trente-six élèves qui y restent jusqu'au sevrage. Une fois celui-ci atteint, Johan déplace le bâtiment sur un emplacement propre. A deux personnes, deux heures sont nécessaires pour démonter l'intérieur (tubulaires et panneaux). La structure est ensuite repositionnée à l'aide de deux skis situés aux deux extrémités où est accroché un câble, tiré par un tracteur. Une fois l'intérieur remonté, le bâtiment peut accueillir une nouvelle bande de trente-six veaux. En effet, Johan a le souci de ne pas mettre un nouveau-né sur une aire paillée souillée. «Il me faudrait idéalement deux chapiteaux, note-t-il. Mais le coût serait trop onéreux pour élever seulement quatre-vingt-dix veaux par an. En effet, l'investissement dans un bâtiment se chiffre à plus de 14.000 euros (la structure est garantie pendant douze ans).» Johan élève deux bandes (soit soixante-douze veaux) durant l'hiver. Les vingt autres veaux sont élevés dans une niche collective. «L'écart de température est trop important entre le couchage à l'intérieur de la niche et le cornadis où ils boivent, situé à l'extérieur, remarque l'éleveur. Et j'ai constaté plusieurs pneumonies cet hiver sur les veaux en niche.» Toutefois, la niche collective est un système transitoire. En effet, le Gaec du Pin devrait s'agrandir dans les prochains mois [nous sommes en septembre 2006] et augmenter son nombre de vaches. Il investira alors dans une seconde nurserie-tunnel.
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L'EXPLOITATION. Gaec du Pin, à Lénizeul (Haute-Marne). - 90 VL. - 110 veaux élevés par an. - 300 ha.
Photo de gauche. En fonction de la température intérieure (une sonde est installée au milieu de la nurserie), une bâche recouvre automatiquement une partie du filet-brise vent d'une ouverture maximale de 1 mètre.
Photo de droite. Le bâtiment est entièrement isolé. Le toit est recouvert de deux couches de laine de verre entourées de deux bâches. Des panneaux sandwich isolants sont placés en dessous du filet brise-vent.