Bernadette et Jean-Claude Guihaire-Lelièvre ont construit eux-mêmes leur bâtiment d'après leurs propres plans.
«Nous avons décidé de construire une nurserie il y a quinze ans, expliquent Bernadette et Jean-Claude Guihaire-Lelièvre, éleveurs laitiers bio à Langon, dans l'Ille-et-Vilaine. Les veaux naissants étaient répartis un peu partout sur l'exploitation, dans d'anciennes soues à cochon et une écurie. Trop confinés, ils souffraient souvent de problèmes pulmonaires.»
«A l'époque, j'ai visité de nombreuses nurseries, mais aucune ne me convenait vraiment», explique Jean-Claude. Il prend donc son crayon et du papier pour dessiner ses plans en s'inspirant de ce qu'il a vu. Une tâche assez aisée pour cet ancien menuisier, qui construit ensuite entièrement le bâtiment. «Je savais précisément ce que je voulais: un logement séparé des autres, mais proche de la stabulation et de la fosse existante.» Sur l'élevage, tous les bâtiments sont séparés les uns des autres pour des raisons sanitaires et de sécurité vis-à-vis des assurances.
Semi-ouvert
Le bâtiment est orienté en plein sud car il est semi-ouvert. «L'été, les veaux sont protégés du soleil grâce à l'auvent. L'hiver, le soleil plus bas rentre jusqu'au fond de la case», précise Jean-Claude. «Les veaux aiment le plein air, pourvu qu'ils soient au sec et au soleil», souligne Jacques Charlery, de la chambre d'agriculture de l'Ille-et-Vilaine. C'est l'ambiance qu'ont réussi à créer Bernadette et Jean-Claude. Les résultats sont là. «Depuis 1994, nous n'avons perdu aucun veau, confirment-ils. Pas de diarrhée ni de problème pulmonaire. Les veaux n'ont pas vu une seringue depuis longtemps.»
La nurserie est située sur le trajet qui va de la stabulation à la maison. «Il est facile de jeter un coup d'oeil à l'intérieur pour vérifier que tout va bien.» Le bâtiment comprend dix cases individuelles. Sa hauteur (2,20 m à 3,20 m) est ajustée pour que l'air se renouvelle, sans courant d'air ou retombée d'air froid sur les animaux. Autre particularité: c'est la structure des cases qui supporte le toit. La base de la construction est en parpaings. Des fermettes métalliques supportent le toit en Fibrociment.
Les cases sont constituées de panneaux de lamelles de bois peintes et d'un caillebotis en sapin. «Ce sont des matériaux assez chauds. A aucun moment le veau n'est en contact avec des parois froides.» A chaque pignon, les cases sont doublées d'un aggloméré. Le sol est en pente pour collecter les jus vers la fosse. Derrière les cases, un couloir de service a été aménagé pour distribuer la paille et le foin, et pour intervenir sur le veau si besoin est. Le bâtiment se termine par une petite extension qui abrite le chauffe-eau, un évier, ainsi qu'un petit stock de foin et de paille accessibles au tracteur par la porte arrière.
Le box de vêlage se situe dans un bâtiment derrière la nurserie. A sa naissance, le veau est amené dans la case par le couloir de service. Vers l'âge d'un mois, il est transféré dans les cases collectives situées sous un hangar à fourrage.
«Quatorze ans après sa construction, ce bâtiment reste très actuel, constate Jacques Charlery. Avec le local de préparation et de réserve, il est très complet et peut être envisagé avec d'autres systèmes d'allaitement: tank avec alimentation au pistolet, lactoduc.»
Santé: 20 euros par vacheDans les élevages bretons, l'impact économique lié à la santé du veau coûte en moyenne 20 euros par vache laitière (dépenses, pertes et manque à gagner), pour un taux de mortalité moyen de 13%, selon une étude des chambres d'agriculture de la Bretagne. Parmi les multiples causes de maladies, les conditions de vêlage et l'alimentation pèsent lourd. Viennent ensuite les conditions de logement. |
(A gauche) Le bâtiment est ouvert sur la façade sud. Il comprend dix cases individuelles.
(Au centre) Le sol est en pente pour collecter les jus vers la fosse. Ainsi, ils ne stagnent pas sous l'animal.
(A droite) Chaque case est entourée de panneaux de bois. A aucun moment le veau n'est en contact avec des parois froides.
Isoler le veau de la naissance à trois semainesLe jeune veau est dépourvu de défenses immunitaires de la naissance à trois semaines. Le placer dans un logement individuel (case sous bâtiment ou niche extérieure) limite le contact avec d'autres congénères et leur microbisme. Les soins sont facilités et la tétée ou la compétition entre veaux évitées. Chaque animal dispose d'une surface paillée d'au moins 1,7 m², à l'abri des courants d'air et de l'humidité. Sous le bâtiment, des cases placées côte à côte, même pourvues de parois pleines, n'isolent pas vraiment les animaux. Une séparation stricte n'est pas possible. «On peut laisser les veaux entrer en contact deux par deux, tout en isolant chaque binôme des autres», suggère Jacques Capdeville, de l'Institut de l'élevage. Il n'est pas nécessaire de fermer le bâtiment, du moment que les courants d'air sont évités. La niche est le logement le plus efficace sur le plan sanitaire, à condition qu'elle soit déplacée entre deux animaux. Lorsqu'elle dispose d'une courette, la surveillance devient plus simple, car le veau est souvent dehors. En hiver, la niche est en revanche un peu moins confortable, pour le veau comme pour l'éleveur. Ce dernier travaille à l'extérieur, le paillage est moins aisé, il doit apporter les aliments... Et il faut prendre le temps d'aller voir le veau si ce dernier est réfugié à l'intérieur. Abriter les niches sous un hangar limite cet inconfort. |