Sous l'une des serres d'Eric Testud, maraîcher des environs d'Avignon, Mimoun et Mustapha effeuillent les pousses d'aubergines.
Marocains tous les deux, ils sont les seuls salariés permanents de l'exploitation.
Ils ont fait leurs premiers pas chez leur employeur en tant que travailleurs occasionnels.
Contrat « OMI »
Mimoun Khamous est arrivé pour la première fois sur l'exploitation en 1977. Cela faisait tout juste un an qu'Eric Testut avait repris l'exploitation familiale. « Mimoun a d'abord travaillé sous contrat "OMI" (1) », se souvient-il. Grâce à ce contrat d'introduction, les saisonniers étrangers bénéficient d'une carte de séjour temporaire avec autorisation de travail.
« J'ai pris contact avec la direction départementale du travail et l'OMI s'est occupé de l'acheminement », explique Eric. Mimoun est revenu les saisons suivantes, avant que son employeur ne le garde comme permanent en 1980. Il a obtenu sa carte de résident en 1981. Deux ans après, sa famille l'a rejoint. Il a aujourd'hui la double nationalité et ne quitterait la France et son travail pour rien au monde. « Je me régale à faire ce que je fais », déclare-t-il.
L'arrivée de Mustapha Najjari est plus récente. Jusqu'en 2004, il travaillait occasionnellement dans les fermes des alentours, par l'intermédiaire du groupement d'employeur local. Comme tout employeur, il revient au groupement d'effectuer les vérifications nécessaires quant à la régularité de la situation des personnes qu'il emploie.
C'est lors d'une intervention sur son exploitation qu'Eric a décidé de le garder en tant que permanent. En se mariant avec une Marocaine résidant déjà en France, Mustapha a obtenu la même année une carte de séjour avec autorisation de travail d'une durée d'un an. Il en est aujourd'hui à son quatrième renouvellement. Après le cinquième, il pourra demander la carte de résident, valable dix ans.
Relations humaines
« Les relations humaines sont primordiales », estime Eric Testud. A fortiori lorsque le personnel est de culture différente. Pour faciliter l'intégration de Mimoun et Mustapha, leur employeur a prévu dans l'organisation du travail deux jours chômés en plus pour des fêtes musulmanes.
En outre, les congés sont adaptées pour leur permettre de retourner cinq semaines tous les deux ans dans leur pays. Eric a également appris quelques mots d'arabe, qui lui permettent de «blaguer avec eux, dit-il. Patience, compromis, compréhension, c'est un tout. »
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(1) L' Office des migrations internationales (OMI) est devenu en 2005 l'Agence nationale de l'accueil des étrangers et des migrations (Anaem). Le « contrat OMI » est remplacé par le « contrat Anaem ».
Vérifier les autorisations de travail
Avant de recruter un étranger, hors Union européenne, l'employeur doit lui demander l'original de son titre de séjour et vérifier auprès de la préfecture l'existence d'un titre de travail, c'est-à-dire d'une autorisation administrative lui permettant d'exercer une activité salariée en France. Celle-ci peut être prévue par le titre de séjour.
C'est le cas pour la carte de résident, qui inclut une autorisation de travail de dix ans. De même, la carte de séjour portant la mention «travailleur saisonnier» prévoit une autorisation de trois ans, pour des séjours consécutifs de moins de six mois.
Quant aux cartes de séjour «vie privée et familiale», «salarié» ou «étudiant», l'autorisation incluse dans le titre est de un au maximum.
La durée d'un contrat saisonnier Anaem ne peut dépasser six mois consécutifs et le titre de séjour prend fin avec le contrat.
Travail illégal : responsabilité de l'employeur
L'employeur qui recrute un étranger sans titre de travail encourt une peine de cinq ans d'emprisonnement et de 15.000 euros d'amende.