1. CONFIGURATION ROUTIÈRE. Réglementation oblige, la fraise et le convoyeur sont conçus pour ne pas dépasser à l'avant du camion.
2. FRAISE POLYVALENTE La fraise reprend indifféremment les ensilages, les foins et les pulvérulents comme le blé inerté.
3. VITESSES LENTES Pour effectuer la distribution sans faire patiner l'embrayage, l'engin est équipé d'une boîte de vitesses de type «chantier» avec des rapports lents.
4. TOUT EN CABINE Les commandes sont groupées en cabine, où se trouve aussi l'indicateur de pesée pour les différents ingrédients.
La dessileuse automotrice est un moyen bien connu pour appréhender la ration mélangée dans un cadre collectif. Pour aller plus vite et couvrir de plus grandes distances, restait à inventer la désileuse automobile. C'est chose faite depuis quelques mois.
L'idée vient du fabricant d'aliments Sanders Adour, dont le siège est à Lons (Pyrénées-Atlantiques). Soucieuse «d'innover pour rester un acteur du maintien de la filière laitière régionale», l'entreprise a mis sur pieds son «concept itinérant de rations mélangées à la ferme» et l'a baptisé Fibra'Dom. Elle s'est ensuite adressée à différents constructeurs pour réaliser une mélangeuse adaptable sur un châssis de camion. C'est l'entreprise espagnole, presque voisine, Tatoma qui a relevé ce défi pas aussi simple qu'il y paraît.
Fraise et convoyeur escamotables
Le camion, un Man de conception classique, a d'abord dû passer chez un carrossier pour se faire rogner la cabine sur le côté droit afin de ménager un espace pour le convoyeur de chargement. Celui-ci ressemble au convoyeur d'une désileuse automotrice mais il est escamotable vers l'arrière pour les déplacements routiers. En effet, pour tout véhicule automobile, la réglementation française ne tolère aucun dépassement à l'aplomb du pare-chocs avant.
La cuve de la mélangeuse, d'une capacité de 20 m3, est fixée sur le châssis du camion par l'intermédiaire de quatre jauges de contrainte reliées à un indicateur de pesée en cabine. Dans le fond de la cuve, une simple vis ajourée fait converger les produits à mélanger vers le centre, puis des batteurs les renvoient vers l'avant et l'arrière.
Grâce à une prise de force, le moteur de 280 ch entraîne une centrale hydraulique. En cabine, un boîtier et un monolevier permettent de commander l'ensemble des fonctions (rotation de la vis réglable entre 1 et 25 tr/min, fraise de désilage, convoyeur de chargement, pompe à mélasse, tapis de déchargement), toutes animées par des vérins ou des moteurs hydrauliques. Même au cours des opérations de reprise, mélange et distribution du fourrage, le moteur tourne au gasoil. Là aussi, la réglementation est claire: fioul interdit, même dans une enceinte privée, si le véhicule automobile ne travaille pas à poste fixe.
Ration humide le matin, sèche l'après-midi
Les prestations du camion sont en tous points comparables à celles d'une désileuse automotrice. Le véhicule vient tous les jours, sauf le dimanche, chez les éleveurs ayant souscrit un contrat avec l'entreprise. A partir des éléments qu'il détient dans la mémoire du processeur embarqué et des souhaits de l'éleveur, le chauffeur charge avec la fraise les différents fourrages grossiers. Il se place sous des vis pour incorporer les concentrés et se sert, si besoin, de la pompe adaptée sur le camion pour ajouter de la mélasse ou tout autre ingrédient liquide. Pour ne pas avoir à revenir le dimanche, le chauffeur confectionne et distribue une ration majorée de 30% le vendredi matin et de 50% le samedi aprèsmidi. En travaillant dans un rayon d'action de 30 à 40 km, Sanders Adour estime être en mesure d'assurer une prestation «rations humides» à un groupe de sept éleveurs. Mais ce n'est pas tout. Le camion occupera deux chauffeurs: un le matin pour les rations humides, l'autre l'après-midi pour les rations dites sèches. Il s'agit de mélanges de foin, paille, luzerne en brins longs, additionnés de concentrés et de mélasse qui présentent un double intérêt. D'une part, ce sont desmélanges fibreux de bonne valeur alimentaire pour tous les ruminants (bovins, ovins, caprins), de même que les chevaux. Ils conviennent aussi bien aux jeunes animaux en phase de croissance qu'aux adultes en production. D'autre part, ils se conservent sur une durée de trois à quatre semaines. En oeuvrant sur un plus grand secteur, le camion devrait, toujours selon Sanders Adour, être en mesure de sat i s f a ire jusqu'à soixante clients en ration sèche. Trois clients en ration humide et vingt en ration sèche font appel au camion mélangeur. Leurs motivations sont assez proches: réduire le temps du travail d'astreinte et l'investissement en matériel d'affouragement, en bénéficiant d'une ration de qualité constante.
Constructeur espagnol: Tatoma fabrique des mélangeuses mobiles et à poste fixeTatoma est spécialisée dans la chaudronnerie industrielle. L'une de ses divisions fabrique des remorques mélangeuses depuis 1983. L'usine de Monzon, dans le nord-est de l'Espagne, produit par an de 400 à 500 machines traînées à vis verticale ou horizontale et une vingtaine d'automotrices. Elle fabrique aussi des mélangeuses à poste fixe. La société, qui a réalisé un chiffre d'affaires de 8,5 millions d'euros en 2004 avec son activité mélangeuses, est présente en France à travers les 450 adhérents du réseau Scar (Société coopérative des artisans ruraux). |
Des conventions avec les éleveurs pour se démarquer de la concurrenceLivré clés en main, le camion avec son caisson mélangeur de 20 m3 vaut 180.000 euros HT, alors qu'une mélangeuse automotrice de même contenance coûte aux alentours de 110.000 euros. Là où les Cuma de désilage facturent souvent au temps passé, Sanders Adour se fait payer à la tonne de mélange fabriqué: 10 € HT/t en ration humide, 13 € HT/t en ration sèche. Ramené à 1.000 litres de lait, le coût de la prestation est de l'ordre de 22 euros en ration humide (voir ci-dessous). L'entreprise et l'éleveur signent une convention dénonçable avec un préavis de trois mois. La première s'engage à assurer sa prestation quotidienne sauf le dimanche. Quant au second, il doit faciliter l'accès du camion pour charger les fourrages et s'équiper pour que tous les aliments concentrés soient manipulés en vrac à la vis. L'éleveur a toute latitude pour valoriser les fourrages et concentrés qu'il produit, mais il s'engage à ne s'approvisionner que chez Sanders Adour pour tout autre intrant alimentaire. Car l'initiative de l'entreprise n'est pas désintéressée. En apportant un service aux éleveurs, elle se démarque face à la concurrence assez vive qui sévit dans la région, notamment avec les fabricants d'aliments espagnols. Téléchargez la comparaison des coûts (41.45 Ko). |