UTILISATION - Jean-Pierre Brazier et Georges Klein, son stagiaire, enrubannent en continu 5.000 balles rondes et carrées par an.

 

 

1. DÉMARRAGE - Lorsque la balle est posée sur la table, cela actionne une lamelle qui déclenche le démarrage du cycle.

 

2. CYCLE DU PISTON - Une fois la balle posée, le piston avance jusqu'à une butée. Ensuite, il revient en arrière.

 

3. SUPPORT - Deux aiguilles maintiennent la balle en cours d'emballage, puis le cordon glisse sur les rouleaux.

 

4. L'ENTRAÎNEMENT - Une roue animée par un moteur hydraulique fait tourner les deux dispositifs de préétirage.

Séduits lors d'une présentation au salon «Terres en fête» à Arras, les associés de la SARL Vincent choisissent en 2002 d'investir dans cette technique de conservation. Cherchant d'une part à intégrer de la fibre dans leur ration et à donner un aliment complet à leur élevage allaitant et d'autre part à répondre à une demande de plus en plus forte pour l'enrubannage, Jean-Pierre Brazier et Franck Boutillier, d'Ivergny (Pas-de-Calais), achètent une enrubanneuse en continu. Aujourd'hui, ils réalisent près de 5.000 balles par an. «Avec notre ancienne enrubanneuse (fourche arrière avec deux rouleaux de rotation), nous devions avancer et reculer sans arrêt. Le débit de chantier était faible: environ 25 balles à l'heure. Maintenant, on ne perd plus de temps. Nous demandons seulement à l'agriculteur que les balles soient regroupées sur le lieu de stockage. Après le pressage, nous disposons entre huit et quatorze heures de délai selon la température pour enrubanner. Cela va très vite, du moment que les balles sont bien serrées. Autrement, le cordon est difforme et il faut être plus vigilant. Le facteur limitant reste ensuite le tracteur avec la fourche», précise Jean-Pierre.

Fonctionnement simple

La machine est autonome, son moteur à essence de 13 chevaux lui permet de se déplacer et d'assurer l'entraînement du groupe hydraulique. Les roues de devant sont directrices et celles de derrière ont deux rôles: elles sont motrices et freinent la machine lorsque le piston pousse. Ce frein permet de comprimer les balles entre elles avec une pression de 12 tonnes. Pour enrubanner, l'opérateur doit juste déposer une balle sur le convoyeur. «Un chargeur avec deux pics convient tout simplement», ajoute Jean-Pierre. Dès lors, la machine va démarrer son cycle d'enrubannage. Un piston central avec deux longs vérins pousse la balle progressivement vers le centre de la machine où elle est enrubannée. Deux satellites gravitent plus ou moins vite pour former finalement un cordon ou une chaussette. Ensuite, le piston retourne au point de départ. Le cordon s'agrandit petit à petit et se pose à terre. Une fois au sol, le cordon ne bouge plus. C'est la machine qui va lentement avancer. La cadence peut aller de 80 à 120 balles à l'heure.

Rendre hermétique le cordon

Le plus difficile consiste à démarrer le cordon. Cette étape est rendue délicate, car au départ aucune balle ne peut freiner l'avancement du piston. Les balles sont moins pressées. C'est pourquoi huit couches de film sont appliquées sur les trois premières balles (lire l'encadré). La machine, naturellement penchée en arrière, est alors redressée par un pied hydraulique. «Elle reste horizontale pour une question de stabilité pendant le filmage des trois premières balles. Ensuite, elle repose à nouveau sur ses roues et des rouleaux permettent aux balles de glisser. Il est possible de réaliser des cordons de la longueur souhaitée. C'est un moyen de gérer son stock selon la qualité du fourrage et la consommation prévue. La machine est autonome, mais une personne reste en permanence aux commandes car elle demande de la surveillance. Les balles sont quelquefois difformes et n'engagent pas le cycle. D'autre part, l'avancement général et les bobines de film demandent de l'attention. Il est possible d'être seul mais il faudrait un arrêt d'urgence dans le tracteur. Pour commencer, plusieurs solutions sont possibles, que des essais et l'expérience ont permis de tester. Aujourd'hui, on utilise soit une balle de paille, une monoballe enrubannée, une balle dont le bout a été recouvert d'une bâche ou bien après avoir enrubanné ma première balle, je la reprends et lui fais faire un quart de tour avant qu'elle soit de nouveau réenrubannée. A la fin, des barres permettent de pousser la dernière botte jusqu'au bout de la machine», explique Jean-Pierre.

Utilisation polyvalente

«La machine est également utilisée pour envelopper de la paille, ajoute Jean-Pierre. Dans ce cas, deux couches de film suffisent. La paille reste ainsi à l'abri de l'humidité, conserve son odeur et son appétence. De cette façon, mes vaches mangent volontiers de la paille. Cette méthode revient, pour le coût du plastique, au même prix que si je couvrais une meule avec deux bâches neuves. Il est également possible de filmer du foin, des fanes de pois ou bien une paille enrichie d'ammoniaque.»

La technique est à ce jour adoptée. «Avec un ensilage, on ne passe pas moins de temps. Ce système de fonctionnement est intéressant pour des gens qui ne souhaitent pas se compliquer la vie avec les normes sur le stockage en silos. L'enrubannage en continu séduit aussi pour son coût inférieur l'ensilage et à la monoballe», précise Jean-Pierre.

 

Les couches de film

Le nombre de couches est réglable grâce à un robinet qui régule le débit de rotation des rouleaux. «Lors de la mise en route de l'enrubannage, nous posons huit couches sur les trois premières balles pour de serrer le cordon. Autrement, cinq couches suffissent pour l'herbe. Quand on filme de la paille, on applique seulement deux couches. Pour connaître le nombre de couches, nous mettons deux couleurs de film sur notre machine. Selon l'espacement, nous savons apprécier la quantité de plastique mise. Un exemple: 12 cm correspondent à cinq couches superposées», explique Jean-Pierre Brazier. En herbe avec deux bobines de 750 mm, il est possible de réaliser entre 80 et 110 bottes rondes de 1,35 m de diamètre.