Bernard et Christophe Guillemain avec leur salarié. Sur l'exploitation, le même coin de parcelle sert tous les ans au stockage des balles enrubannées. Les dix boudins de 75 balles s'étalent sur 22 m de largeur.

Comme l'ensilage, l'enrubannage permet de récolter les premières coupes quand l'herbe est à son meilleur stade. Par rapport à un foin, il limite les risques d'exposition aux intempéries et donne un fourrage de meilleure valeur alimentaire. Ainsi, la même herbe issue d'une prairie naturelle donne un enrubannage entre 0,8 et 0,9UFL/kg de matière sèche ou bien un foin qui ne titrera pas plus de 0,70 UFL/kg de MS. L'enrubannage séduit aussi par sa simplicité de mise en oeuvre avec peu de personnel et des tracteurs de petite et moyenne puissances. C'est aussi un mode de stockage qui n'a pas besoin d'aires bétonnées et autres réseaux de récupération des écoulements.

L'essentiel de l'herbe récoltée aujourd'hui en enrubannage est enveloppée en balles individuelles, mais en termes d'économies de plastique et de débit de chantier, l'enrubannage en continu sort gagnant. C'est le procédé qu'a adopté Bernard Guillemain voilà dix ans.

A Sardy-lès-Epiry, dans la Nièvre, son exploitation et celle de son fils Christophe comportent des herbages bien abrités et avec des sols très filtrants. Leurs 190 vaches salers sont donc menées en plein air intégral. «L'an dernier, avecmon fils et notre salarié, nous avons enrubanné 1.000 balles rondes d'herbe. La machine a aussi servi pour envelopper 200 balles de foin et 300 de paille.»

Une balle par minute

Les Guillemain attaquent la coupe de l'herbe vers la mi-mai, avec une faucheuse non conditionneuse. L'herbe subit un fanage, un andainage puis est pressée avec une chambre variable sans couteau en balles de 1,50 m de diamètre. «En conditions sèches, l'enrubannage intervient 24 heures après la fauche, sinon nous attendons un jour de plus si la pluie ne menace pas. Nous essayons d'obtenir un fourrage proche des 50% de MS. Dans de très bonnes conditions, la machine peut enfilmer une balle toutes les trente secondes, mais en moyenne le débit du chantier est d'une balle de 600-700 kg par minute», expose Bernard Guillemain qui effectue aussi de l'enrubannage en continu au sein de sa petite entreprise de travaux agricoles. «Avec deux machines, l'entreprise enrubanne jusqu'à 8.000 balles par an. Je facture cette prestation 2 € par balle, le plastique étant fourni par le client.» En 75 cm de largeur, une bobine de film vaut environ 60 € et permet de couvrir 35 bottes de 1,50 m de diamètre ou 40 à 45 de 1,20 m.

Chez Bernard et Christophe Guillemain, l'enrubannage montre aussi des atouts durant la période hivernale: «Avec un tracteur chargeur, nous plaçons des balles tous les trois jours dans des râteliers de prairie mobiles. En moyenne sur une semaine, l affouragement des 190 vaches ne prend pas plus d'une heure par jour à une personne seule.»

 

LE MATÉRIEL

Deux marques sur un petit marché

L'acheteur d'une enrubanneuse monoballe a le choix entre pas moins d'une trentaine d'intervenants sur ce marché. En revanche, si son choix porte sur une machine en continu, il ne reste plus que deux marques en lice: Beaudoin (Canada) et Ehlo (Finlande) qui proposent des machines valant entre 26.500 et 31.000 € selon les options.

Apparues assez récemment les presses enrubaneuses apportent leur contribution au problème de la main-d'oeuvre mais consomment elles aussi entre 1,6 et 1,8 fois plus de plastique qu'une machine en continu. Cette dernière se montre aussi gagnante en termes de débit (30 ha/jour), l'herbe récoltée en vert demandant à être enrubannée dans les 4 à 5 heures qui suivent le pressage.