La sécheresse de 2003 a rompu le cycle du phomopsis et les attaques du champignon sur le tournesol ont fortement diminué les étés suivants. Le Cetiom a donc ajusté en 2005 la grille de lutte contre cette maladie du fait de la quasi-absence d'inoculum dans un grand nombre de parcelles, sans négliger sa présence dans de rares foyers.

En effet, les agriculteurs du Sud-Ouest implantent couramment du blé avec des techniques simplifiées. Les tiges mal réduites se trouvent alors en surface et peuvent émettre en juin des spores qui contaminent les tournesols environnants. Le Cetiom conseille de broyer les cannes et d'enfouir les résidus de culture. Toutefois, cette méthode, qui permettrait de diminuer fortement l'inoculum, semble difficile à mettre en oeuvre faute de temps.

La stratégie de lutte fongicide intègre comme auparavant la résistance variétale et le risque régional phomopsis (voir le tableau CI-DESSOUS). Les attaques les plus fortes et les plus régulières se situent principalement en Aquitaine, en Midi-Pyrénées ainsi qu'à l'ouest de l'Aude.

Mieux raisonner l'intervention

Face à la maladie, les variétés de tournesol sont classées comme résistantes (peu nombreuses, elles ne nécessitent pas de traitement fongicide), très peu sensibles ou peu sensibles. Aucun traitement n'est conseillé sur les variétés très peu sensibles, exception faite du Sud-Ouest où l'application se fait en fonction des avertissements agricoles édités par la Protection des végétaux. De plus, les variétés sensibles et très sensibles disparaissent peu à peu du marché car, avec un minimum de deux traitements, le coût de la protection phytosanitaire est trop élevé.

Jusqu'en 2004, le Cetiom conseillait, en présence de variétés peu sensibles et dans les régions à fort risque, de traiter systématiquement au stade LPT (limite de passage de tracteur), c'est-à-dire d'appliquer un fongicide en préventif au stade du bouton étoilé avec des produits tels que Corbel, Initial ou Punch CS. Cette recommandation pouvait se justifier à cause d'une pression assez élevée de l'inoculum. En effet, dans ces conditions, les pertes pouvaient s'élever à 10 q/ha en l'absence de protection fongicide.

Compte tenu d'une plus faible pression de la maladie ces dernières années, il est conseillé à présent (toujours dans ces mêmes régions et sur variétés peu sensibles) de suivre les avertissements agricoles pour raisonner le traitement. L'application systématique d'un fongicide au stade LPT n'est à effectuer que dans les situations les plus favorables à la maladie, c'est-à-dire en sols profonds ou moyennement profonds. Mais aussi, avec un peuplement supérieur à 65.000 plantes levées par hectare ou avec des semis précoces à très précoces. La présence de forts reliquats azotés au semis ou un apport régulier de fertilisation organique favorise aussi la maladie.

L'année 2005 a été l'occasion de vérifier l'efficacité de cette nouvelle stratégie. Selon Pierre Jouffret, responsable de la zone sud au Cetiom, «rien n'amène à modifier pour 2006 cette nouvelle grille, qui a su mieux s'adapter à la pression globale de l'inoculum. De plus, atout environnemental non négligeable, elle permet de raisonner le traitement sur les variétés peu sensibles dans nos régions.»

 

Des variétés oléiques devenues moins sensibles

Il y a cinq ou six ans, les variétés oléiques disponibles sur le marché étaient toutes classées sensibles. A présent, la gamme oléique est plus variée et les tournesols inscrits sont peu à très peu sensibles.