Date de semis, type de sol et région sont les trois facteurs déterminants du choix de la densité, la variété jouant un rôle marginal. Le type de sol possède en effet un impact fort sur la densité. La charge en cailloux, le sable et le risque de battance entraînent parfois des pertes importantes.
A titre d'exemple, dans un argilocalcaire superficiel, les pertes peuvent varier dans une fourchette de 10 à 40%. Dans les limons sableux et les sables, un drainage insuffisant, diverses carences minérales (azote) altèrent la qualité du tallage, sans compter le risque d'ennoiement qui ralentit la croissance. Dans ces sols, les conditions de semis sont rarement optimales, et un taux de pertes de 30% est une moyenne.
Second critère déterminant, la date de semis peut faire varier sensiblement la densité. Lors d'un semis précoce, le tallage débute plus tôt et dure plus longtemps, ce qui favorise la formation de talles. Au contraire, un semis tardif talle peu et les attaques de ravageurs (limaces, taupins) sont plus fréquentes.
Blé : baisses de densité possibles
Enfin, la région a un impact fort car c'est le contexte climatique qui détermine la durée du tallage en fonction de la somme de températures entre la levée et le stade épi 1 cm. Dans les zones continentales du Centre-Est et d'une manière générale partout où les hivers sont rigoureux, le tallage est ralenti. Ce handicap doit être compensé par une densité sortie hiver supérieure à celle des zones sous influence océanique, où l'arrêt de croissance est peu marqué. Résultante de ces différentes contraintes, la densité de semis doit aussi tenir compte de la faculté germinative des semences, qui descend parfois en dessous de 90% avec des semences fermières. Outre les risques agronomiques (verse, maladies), un semis trop dense accroît sensiblement le coût du poste semences, notamment lorsqu'elles sont enrobées d'un produit haut de gamme.
«Les densités préconisées habituellement sont tout à fait sécurisées et tiennent compte d'aléas climatiques comme l'hiver de 2002-2003, dont la fréquence est de une année sur dix, explique Philippe Gate, spécialiste en physiologie des céréales chez Arvalis. Néanmoins, il est tout à fait possible de les réduire encore. Par exemple, en respectant les dates de semis, dans les limons de l'Ouest on peut descendre à 120 plantes/m².
Même en Lorraine et en Champagne crayeuse, la marge de manoeuvre est importante, avec des réductions possibles de 20 à 25%. Cette approche est d'autant plus intéressante qu'elle a des interactions avec d'autres aspects de l'itinéraire. Dans l'Ouest, où les reliquats azotés sont souvent importants, on peut alors envisager la suppression du premier apport d'azote. A faible densité, la pression des maladies (septoriose et rouille brune) diminue. Le régulateur n'est plus systématique.»
RÉGIONS: de 150 à 380 plantes/m²Dans le quart nord-est de la France, pour des semis entre le 5 et le 20 octobre en limons argileux sains, on recherchera de 220 à 260 plantes/m² à la sortie de l'hiver et de 260 à 320 dans les petites terres à cailloux. Le peuplement atteindra 300-350 plantes dans les craies de Champagne. En Bourgogne et Franche-Comté, la densité est aussi forte avec une fourchette de 300 à 380 plantes/m² en terres humides et terres à cailloux. Le contraste est net avec la Normandie et la Bretagne, où 150 à 200 plantes/m² sont un optimum dans la majorité des situations. Le Centre et le Bassin parisien ont une position intermédiaire. On recherchera de 200 à 240 plantes/m² dans les limons argileux, de 250 à 300 dans les argilocalcaires. Dans le Sud-Ouest, pour les semis antérieurs au 15 novembre, la densité varie de 180 à 230 plantes en bonnes terres, de 230 à 250 en sols séchants ou hydromorphes. |
Distinguer escourgeons et orgesLa densité de semis des escourgeons ou orges d'hiver à six rangs est proche de celle du blé. Ces plantes forment leur rendement grâce à un grand nombre de grains par épi. Semer 230 à 250 grains/m² dans les argilocalcaires superficiels, de 170 à 200 grains dans les limons sains et les limons argileux. C'est différent pour les orges à deux rangs, dont le rendement s'élabore à partir du peuplement épi obtenu avec un fort tallage herbacé. La densité de semis est donc supérieure à celle du blé, sans tomber dans l'excès, qui pénaliserait le calibrage. Une fourchette de 250 à 300 grains/m² convient aux sols superficiels, de 220 à 240 grains en terre franche. |