Avec beaucoup de persévérance, quelques idées originales et une bonne dose de débrouillardise, François-Xavier Déchamps a fait évoluer l'installation de stockage montée par son père à la fin des années soixante en un outil pratique et répondant aux critères actuels de qualité. «La graineterie est amortie, il est hors de question d'y faire beaucoup de frais», explique-t-il.

 

L'installation de la ferme de Lureau, située à Touquin, en Seine-et-Marne, comprend d'origine huit cellules pouvant contenir 800 quintaux de blé et une cellule de 2.500 quintaux. François-Xavier a ajouté une autre grosse cellule de même capacité à la place du séchoir à maïs qu'il n'utilisait plus. Son silo lui permet de stocker la production de 164 hectares de colza, blé, escourgeon, orge de printemps et pois protéagineux qu'il cultive à proximité du siège de l'exploitation. «Les petites cellules me servent à alloter, apprécie François-Xavier Déchamps. En contrepartie, les surfaces semées doivent correspondre à peu près à la capacité des cellules.»

Il y a cinq ans, l'exploitation s'est engagée dans un contrat territorial d'exploitation. Un des volets du CTE comportait la signature d'un contrat qualité sur une vingtaine d'hectares, imposant le stockage de cette production. François-Xavier s'est notamment engagé à ne plus traiter le grain au stockage. «Depuis une vingtaine d'années, les céréales étaient traitées par nébulisation, à raison de 1 litre de Deltagrain CE 25 PB pour 1.000 quintaux, se souvient-il. Le système n'était pas très précis, dangereux pour les personnes qui surveillaient le stockage et cela revenait relativement cher. Désormais, je réalise un grand nettoyage un mois et demi avant la récolte, une fois que toutes les cellules sont vides, et je pulvérise l'insecticide sur les parois à l'aide d'un petit compresseur. J'effectue le traitement seul, équipé d'une combinaison, d'un masque et de gants, puis je ferme les portes du bâtiment et personne ne rentre pendant dix jours.»

Sondes thermométriques

Avec la suppression du traitement insecticide, François-Xavier Déchamps a dû améliorer ses pratiques de ventilation. Elle s'effectue en trois paliers, pour atteindre 20°C en fin d'été, 12°C en automne et de 5 à 7°C en hiver. Les céréales sont vendues en janvier pour s'affranchir du dernier palier.

Depuis cinq ans, les cellules sont équipées de sondes thermométriques, qui permettent d'assurer un suivi hebdomadaire de la température du grain. En 2004, à la suite d'une formation, François-Xavier a installé des thermostats sur les ventilateurs afin d'automatiser leur mise en route. Après avoir reçu une facture d'électricité salée, il a également mis en place deux horloges calées sur les horaires du tarif de nuit d'EDF. «Ala récolte, je règle le thermostat sur 20°C, poursuit-il. Dès que cette température est atteinte et qu'il fait nuit, la ventilation se met en marche. A l'automne, je baisse à nouveau le thermostat.»

François-Xavier a aussi créé plusieurs ouvertures grillagées, dans un mur et une porte, afin de faciliter l'arrivée d'air extérieur plus froid, dans le bâtiment.

Echantillons

Pour stocker du grain dans de bonnes conditions, le récolter sec est primordial. L'humidité de chaque benne est contrôlée. Depuis la mise en place du CTE, l'équivalent d'une boîte de conserve est prélevé dans chaque benne afin de constituer un échantillon d'environ 10 litres pour chaque cellule. Cette mesure, rendue obligatoire par le contrat qualité blé, a été étendue à l'ensemble du stockage. «Ainsi nous connaissons parfaitement la qualité de ce que nous stockons», souligne Laurence Déchamps.

La signature du CTE a été également l'occasion d'améliorer la protection contre les oiseaux – les ouvertures du bâtiment ont été obstruées –, et contre les souris avec la mise en place d'un contrat de dératisation.

Les boîtes contenant le grain empoisonné sont précisément répertoriées sur un plan du bâtiment. Par ailleurs, l'entreprise de dératisation a aussi apporté sa contribution en fournissant des étiquettes qui signalent l'emplacement des boîtes.

Souci de rongeurs

La présence de rongeurs reste un problème, car les petites cellules possèdent un fond perforé, très performant du point de vue de la ventilation, mais difficile à nettoyer. Les souris peuvent y trouver refuge. Aussi François-Xavier a-t-il fabriqué des couvercles pour fermer hermétiquement les trappes deventilation.«Il y amoins de souris depuis que les cellules restent vides pendant deux mois chaque année», observe Laurence. Toutefois, le démontage des fonds est nécessaire afin de nettoyer les amas de matière organique, qui pourraient favoriser la présence d'insectes.

 

POINTS FORTS

POINTS FAIBLES

Suppression des traitements insecticides directs

Refroidissement du grain plus rapide et plus simple pour les exploitants

Ventilation uniquement en heures creuses

Installation vieillissante qui ne permet pas d'utiliser de plus grosmatériels de récolte

Fosse rabaissée où l'eau risque d'entrer

 

 

Une installation plus sûre et pratique

A la suite d'une formation organisée par la MSA, dans le cadre de la démarche d'amélioration de la prévention formalisée par le document unique d'évaluation des risques, François-Xavier a sécurisé le bâtiment de stockage. La circulation sur les passerelles a été rendue plus sûre grâce à l'installation de balustrades et l'accès aux endroits dangereux comme les courroies du séparateur a été interdit. Les échelles pour accéder aux grandes cellules ont été remplacées par des escaliers et les autres fixées au sol. Des extincteurs et une couverture de survie ont été achetés. Pour rendre moins pénible la manutention, François-Xavier a monté la vis servant à vider les petites cellules sur roulettes. Une vis racleuse, de fabrication maison, permet de vider les 350 q restants dans le fond des grosses cellules. Enfin, trois brouettes dont les roues ont été renforcées sont placées sous le séparateur pour recueillir les écarts de triage. Un détail d'importance pour Laurence, qui peinait à sortir au diable des fûts de 200 litres.