Dans un climat de tension vive, Nathalie Kosciusko-Morizet a réuni autour d'une même table, à Toulouse le 27 juillet, les tenants et opposants à la réintroduction de l'ours dans les Pyrénées. Elus locaux et éleveurs souhaitaient lui parler du pays. De leur pays, dont la sérénité des pâturages est mise à rude épreuve par une ourse aussi imprévisible que dangereuse. Depuis son arrivée dans le massif en avril 2006, Franska a déjà tué près de cent cinquante brebis. Les éleveurs espéraient obtenir de la secrétaire d'Etat une décision qui mettrait fin aux attaques contre leurs troupeaux de ce plantigrade sanguinaire. Las! A l'issue de la réunion, Nathalie Kosciusko-Morizet faisait savoir qu'elle n'envisageait ni capture ni retrait mais qu'elle renvoyait à une nouvelle expertise le fait de savoir si Franska est un animal «atypique». Elle annonçait également une évaluation, à mi-parcours, de l'impact du plan de réintroduction des ours sur l'économie, l'agriculture et la biodiversité, une amélioration de leur suivi et un renforcement de l'aide au pastoralisme.
La révolte gronde
Dans les rangs des éleveurs, c'est la déception. Déçus une nouvelle fois de ne pas avoir été entendus. «La secrétaire d'Etat veut se donner du temps alors que nos brebis se font massacrer et que la révolte gronde», résume Magali Boniface, animatrice de l'Association de défense de l'identité des Pyrénées. «Pour nous, la coexistence avec l'ours est impossible. La solution passe par la séparation des hommes et de ces prédateurs. Nous demandons des études sérieuses sur ce qui se fait ailleurs pour maintenir les ours à distance des activités humaines...» Des mesures telles que le cantonnement ou la mise en place de réserves dont, justement, les très influentes associations favorables à l'ours ne veulent pas entendre parler. «Ce serait pourtant une solution pour sortir de cette situation insupportable pour ceux qui vivent et travaillent dans ces montagnes», conclut Magali Boniface.