Les traitements de semences des céréales à paille permettent une bonne protection contre les principales maladies et les dégâts des ravageurs du sol et aériens vecteurs de viroses. Les pucerons et cicadelles, entre autres, ont été bien présents lors de la dernière campagne, après un automne doux. Le risque lié aux viroses est donc bien réel, surtout dans le Sud-Est et sur un axe allant du Poitou-Charentes à l'Alsace-Lorraine en passant par le Centre et la Champagne-Ardenne.

La jaunisse nanisante et la maladie des pieds chétifs peuvent entraîner d'importantes pertes de rendement: jusqu'à 30 q/ha sur orge d'hiver touchée par la jaunisse. Grâce à un traitement de semences à base d'imidaclopride (Gaucho ou Ferial, orge et blé), la protection sera assurée jusqu'au stade des cinq feuilles au maximum.

Produits multiples en protection fongicide

«Cette protection permet de libérer du temps à une période où il en manque souvent. Les risques sont aussi réduits en situation de semis précoces, mais il faut rester vigilant, prévient Nathalie Robin, d'Arvalis. Les plantes peuvent être sensibles jusqu'en fin de tallage, au-delà du stade de protection par le traitement de semences. Si les conditions climatiques sont aussi favorables au développement des pucerons que lors de la campagne précédente, il faudra surveiller les cultures et appliquer éventuellement un traitement relais en végétation si le risque est avéré.»

En protection insecticide des semences, l'imidaclopride reste à ce jour la seule matière active disponible en attendant l'homologation de la clothianidine et du thiamethoxam.

Le risque de fusariose n'est pas non plus à négliger en raison des conditions climatiques de ce printemps, favorables au développement des champignons. En protection fongicide, il existe de nombreuses spécialités efficaces contre les fontes de semis ou les manques à la levée provoquées par les fusarioses ou la septoriose: Celest Gold, Celest, Kinto TS, Vitavax 200 FF ou le petit dernier, Redigo (voir l'encadré). Avant lui, la dernière homologation remontait à 2002 avec Latitude, contre le piétin échaudage. Les blés sur blés sont les plus exposés à cette maladie, et beaucoup de parcelles ont été touchées cette année en raison de la douceur de l'automne et de l'hiver. Jockey Flexi, Jockey Plus AB et Latitude sont les plus adaptés. Ce dernier produit est à associer avec un traitement de base (Austral Plus ou Gaucho blé).

Contre la rouille, les spécialités Jockey Plus AB et Jockey Flexi sont efficaces, mais elles ne se substituent pas à un traitement en végétation. La carie commune sur blé n'a pas disparu et le risque reste présent avec l'utilisation de semences non traitées en hausse. «Si la maladie se déclare, rappelle Nathalie Robin, les dégâts peuvent entraîner la perte de la récolte, avec de graves conséquences économiques et environnementales.» Cette maladie se caractérise par un fort pouvoir de pollution, avec une durée de conservation importante des spores.

Des ravageurs du sol toujours présents

«Si le sol est contaminé, des produits systémiques formulés à base de triazole tels que Celest Gold, Redigo, Kinto TS (ou Seman TS), Sibutol A (ou Gaucho blé), Jockey Plus AB sont conseillés. Toutefois, le plus souvent, la contamination provient de la semence. Il est alors plus facile de combattre la carie avec des produits tels que Celest ou Vitavax 200 FF. Les produits utilisés sur sol contaminé sont aussi efficaces dans ce cas», précise Nathalie Robin.

Concernant les ravageurs du sol, les risques varient selon les régions. Le suivi des captures et les avertissements sont à privilégier avant de prendre la décision de protéger la semence, notamment vis-à-vis du risque de la mouche grise. Ce ravageur affecte plus particulièrement le nord de la France et la région Centre. La seule solution est d'utiliser Austral Plus. Ce traitement est également efficace pour lutter contre le zabre, bien présent dans l'Ouest et le Sud-Ouest. Quant aux taupins, ils sont en recrudescence. Deux traitements de semences sont possibles (Austral Plus, Gaucho orge, Gaucho blé) mais leur efficacité est moyenne, surtout en cas d'attaque tardive, et sont à associer à des techniques culturales (travail du sol, date et densité de semis). En France, le fipronil est en attente de réhomologation en traitement de semences.

 

Du prothioconazole en TS

Première nouveauté depuis cinq ans, Redigo de Bayer CropScience a été homologué en juin 2006. Il contient une nouvelle substance active fongicide, le prothioconazole (famille des triazolinthiones). A la dose de 0,1 l/q, Redigo permet de couvrir les principales maladies des céréales à paille. Selon les essais d'Arvalis, ce produit (au coût d'environ 8 €/q) a une bonne efficacité sur fusarioses et sur carie en situation de semences ou de sol contaminés.

Selon Bayer, «il n'y a pas de risque de pression de sélection car il n'y a pas phénomène de systémie. La faible dose reste localisée à la semence afin de combattre uniquement les maladies liées à la semence». Les projets de Bayer CropScience à moyen terme portent sur un produit qui associerait du prothioconazole et de la clothianidine. L'action serait à la fois fongicide et insecticide.

 

 

Norme: zéro spore de carie

La nouvelle réglementation parue en juin précise que «tout lot de semences de blé tendre non traité avec un produit homologué pour lutter contre la carie commune et destiné à l'ensemencement par l'utilisateur final devra répondre à la norme de zéro spore de "Tilletia caries" dans l'échantillon soumis à l'analyse de certification».