«Les moyens de protection contre le loup sont indispensables, explique Laurent Garde, du Cerpam (Centre d'étude et de réalisation pastorale Alpes-Méditerranée). Ils réduisent l'importance des attaques, mais surtout le nombre de brebis tuées.» Ils se présentent sous la forme de parcs de nuit ou de fin d'après-midi, ou avec la mise en place de chiens de protection de type patou (lire l'article Le chien de proection des patous ). L'augmentation du travail implique par ailleurs l'embauche d'un aide-berger.
Les parcs de fin d'après-midi respectent mieux les besoins des animaux dans la mesure où leur taille leur permet de continuer à pâturer. Fixes ou semi-mobiles, car ils sont parfois démontés en fin de saison, leur surface est comprise entre 5 et 20 hectares et comportent quatre ou cinq fils en Nylon ou en fer galvanisé. Les piquets sont des tiges de fer à béton aciéré de type torsadé de 1,5 mètre de long. «Ils sont lourds, admet Thierry Niez, du Cerpam, mais ils sont solides et beaucoup moins chers que ceux en fibre de verre.»
Soigner la prise de terre
Dans la plupart des cas, trois fils sur les cinq sont électrifiés: ceux des deux extrémités et celui du centre. Les deux autres sont branchés sur la prise de terre. L'ensemble crée une barrière de 1,10 mètre. Le fil du bas doit être placé assez près du sol, afin d'éviter qu'un animal se glisse sous la clôture.
L'efficacité de la protection des animaux repose sur la présence de chiens à l'intérieur de ce parc. Dans ce cas, la hauteur de la clôture est probablement suffisante. En l'absence de chiens, l'aménagement pourrait se révéler insuffisant, même si certains experts pensent qu'une bonne électrification suffit à dissuader l'intrusion de loups.
Pour l'électrificateur, mieux vaut ne pas lésiner sur la puissance, mais elle dépend de la distance à électrifier. L'énergie d'impulsion maximale, exprimée en joules, étant la puissance ressentie par l'animal. «Dans tous les cas, estime Thierry Niez, 80% de l'efficacité de l'installation dépend de la prise de terre. Ainsi, il convient d'utiliser au moins un piquet de 1 mètre prévu à cet effet et vendu chez tous les spécialistes des clôtures.» Cet accessoire est galvanisé et donc inoxydable, à la différence des divers «bouts de ferraille» fréquemment rencontrés et qui sont à proscrire totalement. «Pour améliorer la conductivité du circuit, elle peut être humidifiée», ajoute-t-il.
Certaines entreprises proposent l'installation de ces équipements. A titre indicatif, la mise en place du parc du groupement pastoral de Michel Barbaroux, d'une superficie de 5 hectares (environ 1.500 mètres de clôture) a coûté 2,70 € HT par mètre (matériel et pose). Si le chantier n'est pas accessible par piste, il faut rajouter le coût de l'héliportage. Le prix des électrificateurs achetés à cette occasion était de 150 € HT. «L'idéal serait d'aménager un parc dans chaque quartier de l'estive, précise Laurent Garde. Mais le milieu ne le permet pas toujours.»
Enfin, des parcs de nuit peuvent être mis en place. Ils sont petits (2 m2 par animal) et n'autorisent pas le pâturage. Des filets électrifiés (4 ou 6 selon la taille du troupeau) avec piquets incorporés sont fréquemment utilisés. «L'avantage de cet équipement réside dans sa légèreté et sa mobilité, car il nécessite d'être déplacé toutes les quatre nuits pour des raisons sanitaires, précise Laurent Garde. Ces outils ne représentent pas une garantie totale contre le prédateur, mais ils limitent les dégâts.» Et à l'heure où un couple de loups a été recensé au début de 2006 dans le Massif central, on peut craindre le pire quant au nombre d'exploitations prochainement concernées par la prédation.
Témoignage: MICHEL BARBAROUX, éleveur à Villars-Colmars, dans les Alpes-de-Haute-Provence «Le contrôle du bon fonctionnement de la clôture est gourmand en temps»
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«Mon troupeau a subi la première attaque en 2002. Une vingtaine de brebis ont péri, mais le loup a sévi partout aux alentours», se souvient Michel. Le bilan fut désastreux autour du secteur de Juan. Dès lors, la pâture de la troupe des 1.000 mérinos d'Arles (1.800 avec les agneaux) de Michel a dû être totalement réorganisée. La présence d'un aide-berger en plus du berger est aussi devenue obligatoire. C'est David Ferrato qui a pris cette fonction pour la saison de 2006 auprès de José Correa. «Avant l'arrivée du loup, j'avais déjà dû mettre en place un parc de 25 hectares pour favoriser la pâture de la queyrel, une graminée peu appétente.» Ce parc trouve donc aujourd'hui un double emploi puisqu'il sert aussi à regrouper les animaux en fin d'après-midi jusqu'au lendemain matin. «Par la suite, j'ai mis en place un parc de 10 hectares près de la cabane. Il comprend 4 fils en Nylon qui sont abaissés au pied du piquet en fin de saison afin de ne pas rompre sous le poids de la neige. Je l'ai aménagé avec des tiges de fer à béton plantées tous les 4 ou 5 mètres. Il est d'ailleurs parfois difficile de ne pas former d'angles rentrants non conformes à un parc conventionnel. Mais, au cours de la saison, nous passons énormément de temps pour vérifier que le courant circule correctement avec notre testeur. Comme le comptage des animaux, que nous devons réaliser désormais toutes les semaines.»
Financement: mesure "t" La mesure "t" finance, à titre forfaitaire, le parc de nuit, l'achat et l'entretien de chiens de protection et la rémunération de l'aide-berger. Ces mesures sont cofinancées par le ministère de l'Agriculture et la Commission européenne. Michel Barbaroux a aussi bénéficié d'aides pour l'aménagement de sa cabane. Elles sont financées par des crédits aux équipements pastoraux provenant de l'Etat, de l'Europe et des conseils général et régional. |