"Après la maison de retraite, la mairie, la salle des fêtes et la bibliothèque du village, ce sera bientôt au tour de la poste et du presbytère d'être chauffés à partir de bois déchiqueté en provenance de nos terres", explique Philippe Camus, l'un des 560 habitants de Millay aussi président de la Cuma de déchiquetage. « Tout a commencé en 1990, poursuit-il. Nous étions trois agriculteurs à nous chauffer, depuis deux ans, avec des plaquettes de bois (1). Nous avons alors proposé au maire de la commune notre système pour équiper la maison de retraite. Séduit par le faible coût de ce mode de chauffage, sa seule crainte était de manquer de matières premières. » C'est ainsi que fut créée la Cuma, pour trouver de nouveaux associés. « En 1990, nous étions neuf agriculteurs. Nous sommes désormais dix-huit. Nous représentons ainsi un volume annuel de 700 m3. Une fois tous les bâtiments communaux équipés, il faudra réussir à fournir 900 m3 », indique Maurice Epinat, le trésorier. Cet objectif ne les effraie pas. « Notre village, situé dans le Sud du Morvan, est une région de bocage où le gâchis de bois est très important. La matière première est là, elle ne demande qu'à être valorisée. Par ailleurs, la commune ne possédant aucun bois, cette activité est aussi un moyen de motiver les agriculteurs pour entretenir leurs bois, les cours d'eau, les haies et donc, le paysage », reconnaît Philippe Camus
Un chauffage économique et écologique
Sans aucun doute, l'argent n'est pas, pour les membres de la Cuma, la motivation première. « En gain net, nous récupérons entre 10 et 20 F/m3 du bois déchiqueté fourni, estime Maurice Epinat. Le matériel a certes été acheté par la Cuma mais le temps passé à le ramasser, déchiqueter et transporter jusqu'au bâtiment de stockage est à notre charge. Sachant que nous fournissons entre 10 et 100 m3/an, faites le calcul ! Cela reste pour nous, éleveurs, une toute petite diversification. »
Mais pour l'utilisateur, les avantages sont nombreux. Le coût tout d'abord : de 20 à 30 % moins cher que le fuel. « L'usage de plaquettes, contrairement aux bûches de bois, fournit une chaleur régulière, sans "coups de chaud". L'automatisation de la chaudière tant pour l'alimentation que pour le décendrage rend son utilisation très simple », précise Philippe Camus. Ces plaquettes sont également plus faciles à manipuler et génèrent peu de cendres. Un stockage de 30 m3 près de la chaudière assure un stock pour le chauffage et l'eau chaude des bâtiments communaux pendant dix jours. « Nous aimerions que ce système fasse de plus en plus d'adeptes, confie Philippe Camus. A Millay, nous sommes une douzaine de particuliers à utiliser ce concept en chauffage individuel. Selon la taille de la chaudière, l'investissement varie de 30 000 à 150 000 F. Il faudrait que les subventions, attribuées aux collectivités, soient également attribuées systématiquement aux particuliers. Après tout, c'est un chauffage écologique ! »
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(1) Les plaquettes ont une granulométrie de 10 mm x 30 x 20
MATÉRIELLa Cuma, constituée en 1990, a acquis : - une déchiqueteuse : 50 000 F HT - un chargeur télescopique : 110 000 F HT - un bâtiment de stockage de 450 m3 : 110 000 F HT. Les prévisions sont de l'agrandir à 600 m3. |
Valoriser toutes les essencesLe bois provient d'un large éventail d'arbres. On trouve ainsi du bouleau, du châtaignier, du sapin, de l'aulne... ou encore des bois de haies. Toutes les essences peuvent être utilisées, à une condition : qu'elles ne puissent pas être valorisées par ailleurs. Utiliser le mauvais bois revient ainsi à entretenir les forêts. Si le bois est bien sec, il peut, après déchiquetage, être immédiatement utilisé. Au contraire, s'il est encore vert, il restera au minimum un mois sous le hangar de stockage pour que son taux d'humidité descende en dessous de 25-30 %. Cette durée de stockage peut aller jusqu'à un an. Au-delà, le pouvoir calorifique des plaquettes est réduit de moitié. |