L'initiative est une première en France à l'échelon d'une collectivité locale. A Lescherolles, on met désormais du blé dans la chaudière communale. Cette nouvelle installation, mise en route le 28 octobre, chauffe la mairie et l'école maternelle de ce petit village briard.

L'idée revient à un groupe d'agriculteurs membres de la Coordination rurale 77 et à un négociant en grains réunis au sein de l'association libre de développement des combustibles agricoles: l'Adelca.

120 €/t rendu chaudière

Thierry Perche, vice-président et cheville ouvrière du projet, explique avoir essuyé cinq refus avant d'obtenir l'accord de la commune de Lescherolles. Par crainte des réactions des administrés et malgré les conditions très avantageuses proposées.

Selon une convention de mise à disposition établie sur trois ans, la commune ne paie en effet que le blé combustible fourni par les agriculteurs (120 €/t rendu chaudière). L'investissement a été entièrement financé par la Coordination rurale (15.000 euros) et par le conseil général (35.000 euros) étant donné son caractère pilote. Au terme des trois ans, la commune deviendra propriétaire de l'installation si elle le souhaite. Seule contrepartie, elle doit accepter de faire visiter sa chaufferie. Les visites vont du reste démarrer en janvier et sont prévues le mercredi après-midi et le samedi matin sur rendez-vous.

5.000 litres de fioul remplacés

Claudine Vionnet, maire de Lescherolles, est très fière de participer à cette expérience qui était "sans risque" et qui contribue à la recherche d'énergies renouvelables pour l'après-pétrole. Elle explique n'avoir eu aucune réaction négative de la part de ses concitoyens. Seul un conseiller s'est ému du parallèle qui pouvait être fait avec la faim dans le monde. Un argument vite balayé dans la mesure où cette chaudière doit brûler des céréales déclassées (lire l'encadré ci-dessous). Elle devrait en absorber 12, voire 13 tonnes par an, permettant d'économiser grossomodo 5.000 litres de fioul (2,5 kg de blé équivalant à un litre). L'opération permet de dégager une économie d'environ 150 euros pour 1.000 litres de fioul (1).

Renseignements: Aldeca: 06.78.97.03.88. Mairie de Lescherolles: 01.64.04.03.87.

 

Valoriser des céréales hors normes

L'Adelca compte valoriser en combustible des céréales qui sont en dehors des normes qualitatives et qui, de ce fait, seront écartées du circuit alimentaire. Elle anticipe l'arrivée des normes sur les mycotoxines qui pourrait avoir pour effet de déclasser des quantités importantes de grains. Selon Thierry Perche, qui cite une simulation de l'Onic, 10-11% de la récolte de 2003 de blé était au-delà du seuil envisagé de 1.250 ppb en vomitoxine (DON). Il s'agit également de trouver un débouché à des céréales qui seraient issues de terres polluées ou que l'on va découvrir polluées. Thierry Perche pense en particulier aux sols contaminés par les incinérateurs ou les métaux lourds. Le conseil régional d'Ile-de-France envisage très sérieusement cette voie du grain-chaudière (entre autres) pour convertir les plaines polluées de Pierrelaye et d'Achères (1.300 ha en jeu).