Le Gaec des Rivières, à Livré-sur-Changeon (Ille-et-Vilaine), est passé aux techniques culturales simplifiées (TCS) sur deux parcelles de maïs en 1998. En 2006, la totalité de l'exploitation est implantée avec un Horsch SE de 3 mètres. «Avec des parcelles très argileuses, il était difficile de réaliser un bon lit de semences», confie Gilbert Cochet, membre du Gaec. Les associés ont donc choisi le semis simplifié pour éviter le travail profond du sol. «Le labour incorpore la matière organique en profondeur et fait pénétrer la sécheresse dans le sol», explique Gilbert Cochet. Avant d'adopter cette technique, le Gaec des Rivières a essayé plusieurs outils. Ainsi, les premiers semis ont été effectués avec un Semavator de Howard, puis avec un Horsch Pronto dont la mise en terre par disque présentait des problèmes de pression après prairies (alternance entre touffes d'herbe demandant une forte pression et terre meuble en nécessitant peu).

Un itinéraire cultural adapté

Le Gaec des Rivières ne fait pas de semis direct, il réalise toujours un travail du sol préalable. Après la récolte des céréales, les associés implantent un couvert végétal, en général de la phacélie, en un seul passage avec le Horsch. Au mois de février, ils apportent le fumier et font un mulchage avec le semoir pour favoriser le mélange du fumier dans la couche superficielle du sol.

Sur certaines parcelles, ils effectuent un travail du sol plus profond. «Maintenant, nous réalisons un rattrapage du sol à l'aide du décompacteur Combiplow. Nous le passons tous les ans sur l'emplacement des tas de fumier et occasionnellement sur des parcelles abîmées», confirme Gilbert Cochet. Le Gaec possède également un cultivateur de fabrication maison pour des travaux plus profonds. «Nous ne réalisons plus de travail du sol systématique. Avant de rentrer dans les terres, je prends ma bêche et je fais un profil cultural», rapporte Gilbert Cochet. Lors du semis, la quantité de terre maniée est très faible car l'implantation du maïs se fait à 3 cm de profondeur et celle du blé à 1 cm. «Une mise en terre plus profonde n'améliore pas la levée et demande plus de puissance», ajoute Gilbert Cochet.

Un principe unique

Pour le semis du maïs, ils utilisent la planche de semis du Horsch. Il s'agit d'une lame se trouvant sous le rotor du semoir. Celle-ci est percée pour permettre le passage des graines qui sont propulsées par le flux d'air de la distribution et placées de façon aléatoire. Le rotor entraîne le flux de terre et le projette en hauteur sur l'arrière. «Le jet de terre et de débris végétaux peut atteindre 1,80 mètre de hauteur et 5 mètres sur l'arrière», ajoute Gilbert Cochet. La chute par gravité fait que la terre fine est déposée au fond du lit de semences car elle est projetée moins loin que les mottes et les cailloux qui se retrouvent en surface. «Le plombage de la graine se fait naturellement par le poids de chute des éléments», souligne Gilbert Cochet. Le contrôle de profondeur est maintenu grâce aux roues de contrôle. Il faut éviter qu'une de ses roues ne tombe dans une ornière, d'où la nécessité de disposer d'un terrain bien d'aplomb. Le Gaec des Rivières réalise un travail du sol en diagonale pour éviter la formation de raies sur toute la longueur du champ. La vitesse d'avancement, lors du semis de maïs, est de 8 à 8,5 km/h. Elle est limitée par la puissance du tracteur, qui est de 125 ch. «La planche de semis demande beaucoup de puissance car elle a un effet de bulldozer, d'où la nécessité de bien la régler», explique Gilbert Cochet.

Un outil avec des limites

L'exploitant réfléchit à une nouvelle technique de semis pour son maïs depuis l'interdiction de Gaucho, le Horsch SE ne permettant pas d'incorporer d'insecticide au semis. La solution serait l'utilisation d'un semoir à maïs classique, mais cela ne concernerait que quelques parcelles nécessitant l'apport du pesticide. Pour le passage au semis simplifié, Gilbert Cochet n'a pas changé sa conduite d'exploitation et n'utilise pas de produit phytosanitaire supplémentaire. «Cela fait six ans que nous n'avons pas utilisé d'antilimace et nous n'avons aucun souci», certifie Gilbert Cochet. L'utilisation du Horsch a apporté un côté écologique à son exploitation. «Nous n'apportons plus d'engrais sur les maïs, le seul fertilisant est le fumier qui, grâce au non-labour, n'est plus dilué dans les couches inférieures du sol», souligne Gilbert Cochet.

 

Préserver la structure

La technique du non-labour impose de maintenir sa structure de sol en bon état. Pour cela, il est conseillé d'équiper son matériel en pneumatiques larges et de basse pression, et surtout d'éviter au maximum le roulage dans les parcelles. Après trois, quatre ans de pratique du non-labour, on remarque une diminution de la battance en surface et une augmentation de la portance du sol due à l'augmentation du taux de matière organique.

 

 

Témoignage : La Cuma des Ajoncs de Maure-de-Bretagne

Une pratique justifiée par des essais

La Cuma des Ajoncs de Maure-de-Bretagne (Ille-et-Vilaine) réalise du semis de maïs simplifié sur les trois quarts des surfaces de ses adhérents, soit 350 hectares par an.

«J'ai débuté le semis simplifié sur mon exploitation en 1996, dans un souci d'économie et de gain de temps. A l'époque, la Cuma des Ajoncs ne possédait pas de matériel spécifique à ce type de pratique. C'est maintenant chose faite avec l'achat de deux semoirs, un Rau Maxem et un Monosem NG+, possédant des chasse-mottes rotatifs et des disques ouvreurs. L'utilisation d'un semoir classique en solo, seulement avec un équipement optionnel, n'a pas engendré un surcoût important. Le phénomène du semis simplifié s'est amplifié au sein de notre Cuma et alentour depuis deux ans avec l'observation. En effet, en 2001, nous avons mis en place des champs de comparaisons. Dans une même parcelle, nous avons créé trois essais de 24 mètres sur 200 mètres et mis en place une rotation blé-maïs. Sur la première parcelle, nous avons réalisé un semis conventionnel, sur la deuxième un semis simplifié et la troisième un semis direct», confie Bertrand Paumier, adhérent de la Cuma.

Pas de différence à la récolte

«Après quatre récoltes, nous avons pu nous rendre compte que les plantes se développent différemment, et surtout pas à la même vitesse, mais lors de la récolte nous ne trouvons aucune différence de rendement entre les trois itinéraires culturaux. L'appréciation des techniques de semis se fait donc sur le coût économique de l'implantation. Une pratique conventionnelle revient deux fois plus cher. De plus, nous avons gagné en débit de chantier, pour le travail du sol et le semis, qui se fait à 7 km/h. Nous passons 1h30 par hectare, soit 30% de moins qu'auparavant. Au niveau agronomique, nous apprécions la conservation de la fraîcheur dans les sols. Dans nos terres séchantes, le labour laissait pénétrer la sécheresse en profondeur. A noter également que nous n'avons jamais connu de problème de désherbage malgré ce que l'on peut entendre», rapporte Pascal Honoré, trésorier de la Cuma.

La Cuma des Ajoncs n'exclut pas de devoir avoir recours à la charrue lors d'une année humide.