En 2006, les ravageurs du sol sur maïs ont encore connu une progression. «De moins en moins de molécules sont disponibles, donc la biodiversité hostile augmente», explique Jean-Paul Renoux, d'Arvalis. Comme pour confirmer ces dires, la Protection des végétaux de Bourgogne évoque le retrait possible du carbofuran et du carbosulfan pour 2008. «Même si l'efficacité des carbamates s'effondre à cause de leur biodégradation accélérée, ils sont encore utiles. Les molécules qui pourraient les remplacer sont toujours en attente d'homologation», précise le conseiller. Toutefois, en 2007, outre les carbamates, deux produits ont été provisoirement homologués sur taupin, le ravageur le plus préjudiciable.
Attention au travail du sol
Le Dotan a de nouveau bénéficié d'une dérogation pour ce printemps, mais seulement en sols contenant plus de 2% de matière organique, dans les quatre départements
les plus concernés (Pyrénées-Atlantiques, Hautes-Pyrénées, Landes, Gers). Le Force 1,5 G (à base de pyréthrinoïde) est, lui, utilisable dans tous les sols, mais «est efficace si la pression taupin reste moyenne, explique Jean-Baptiste Thibord, d'Arvalis en Aquitaine. Des essais comparatifs ont été réalisés pendant trois campagnes dans le sud de l'Aquitaine (forte infestation taupin): on a noté de 3 à 4% de pieds attaqués ou disparus avec le Dotan, contre 15 à 20% avec le Force 1,5 G. De plus, le rapport efficacité/prix n'est pas intéressant, puisque le Force 1,5 G coûte à peu près ledouble du Dotan.»
La modification des systèmes de production (simplification du travail du sol, bandes enherbées...) et le réchauffement climatique ne sont pas étrangers à la progression des ravageurs. Laprésence de taupin est désormais généralisée. En Aquitaine, les attaques observées en 2006 varient entre 5 et 80% de pieds touchés. «Les noctuelles terricoles - vers gris - se déclarent sur des terres non labourées ou lors de semis décalés. Le démarrage du maïs est plus long et donc le temps d'exposition aussi», affirme Jean-Baptiste Thibord. Quant au nématode, il existe de nombreuses plantes hôtes pour ce ravageur: maïs, oléagineux, légumes...De l'engrais starter permet de limiter l'attaque, «mais la pression augmente, surtout dans les Landes et en vallées», poursuit le conseiller.
Le parasite qui revient le plus en force est la scutigérelle. «Elle progresse petit à petit, mais sûrement». On trouve des foyers importants en Aquitaine et en Midi-Pyrénées. «Des essais avec de la bifenthrine contre taupin, scutigérelle et vers gris en pulvérisation dans la raie de semis sont en cours, mais cette molécule n'est pas encore homologuée pour cet usage», précise Jean-Baptiste Thibord.
La mouche des semis devient très présente dans les zones d'élevage et notamment sur les retournements de ray-grass. Si les attaques d'autres mouches (oscinie et géomyza) sont observées, elles ne provoquent que peu de dégâts graves.
Scutigérelle: jusqu'à 15 q/ha de pertesLa scutigérelle, apparentée aux mille-pattes, vit dans les interstices du sol (parcelles sans labour), surtout dans le Sud-Ouest. Ce ravageur apprécie les sols peu rappuyés avec beaucoup de déchets organiques et un taux d'humidité élevé. Il s'attaque aux racines du maïs et provoque sa mort au début de son développement. Les pertes de rendement peuvent atteindre 15 q/ha. Les carbamates, d'une efficacité réduite, et le Dotan (1) peuvent être utilisés pour le combattre. Le Force 1,5 G n'est pas homologué contre la scutigérelle. (1) Dans les Pyrénées-Atlantiques, les Hautes-Pyrénées, les Landes et le Gers. |
Solution temporaire : Force 1,5 G contre taupin Force 1,5 G, sous forme de microgranulés, requiert une répartition sur toute la largeur du sillon de semis (13,3 kg/ha). C'est une solution temporaire, puisque ce produit ne bénéficie que d'une dérogation de mise sur le marché de 120 jours, en attente d'une homologation définitive pour 2008. |