C'est en se faufilant entre les averses que les apiculteurs situés en zones de cultures achèvent la récolte du miel de tournesol. Quelle que soit la région, la production moyenne par ruche se situe dans une fourchette de 5 à 20 kg. Elle reste loin des rendements supérieurs à 40 kg observés jusqu'au début des années 1990 avec des records locaux à plus de 70 kg par ruche.

Pour beaucoup de producteurs, cette récolte clôt une saison morose d'un bout à l'autre. Dans toute une partie nord de la France, les colzas ont fleuri très tôt au printemps alors que les colonies, sortant d'un hiver rude, n'étaient pas encore très développées. Les abeilles ont dû de surcroît composer avec une météo fraîche et humide.

Il s'en est suivi une période sèche évoluant en canicule. Beaucoup de plantes qui prennent le relais des colzas n'ont par conséquent pas ou peu fleuri. Ce sont donc des colonies affaiblies et sans aucune réserve qui sont parties à l'assaut des champs de tournesols, eux aussi en avance de deux, trois semaines par rapport aux dates de floraison habituelles.

Toujours des interrogations

Chez la plupart des apiculteurs, les phénomènes de dépopulation persistent sur le tournesol. D'autres estiment avoir moins de pertes mais confirment que leurs abeilles restent désespérément inactives sur cette culture. Certains d'entre eux continuent de montrer du doigt les insecticides systémiques (imidaclopride et fipronil en tête), interdits en enrobage des semences de tournesol, mais toujours autorisés sur céréales à paille. Pour d'autres, se pose la question de la disponibilité en nectar chez les nouvelles variétés et d'une manière plus générale la faculté de l'abeille à s'adapter la nouvelle donne climatique et floristique. Quoi qu'il en soit, le propos d'une apicultrice du Cher les met tous d'accord : « Aujourd'hui, emmener des ruches sur cultures, c'est aller au casse-pipes ».

 

Beaucoup de déboires sur la lavande

De mémoire d'apiculteur, jamais une récolte n'aura été aussi déplorable en miel de lavande et de lavandin. Avec les sécheresses consécutives, le démarrage en végétation a un peu traîné au printemps et les fleurs ont séché sous la canicule avant d'avoir sécrété la moindre goutte de nectar.

La pilule est amère pour les apiculteurs locaux chez qui le miel de lavande, très prisé, constitue une part importante du chiffre d'affaires. Elle l'est également pour les transhumants en provenance d'autres régions, qui ont investi pour rien des sommes conséquentes dans le déplacement des ruches.