« J'étais mal équipé pour manipuler mes animaux et la main-d'oeuvre fait défaut sur mon exploitation, confie Olivier Petit, éleveur à Liernolles, dans l'Allier. Mais avec le prototype que je viens d'installer, je vais pouvoir intervenir en toute sécurité. » Lorsque Olivier Petit s'est installé en Gaec avec ses parents en 1982, l'exploitation comptait 100 charolaises conduites en système naisseur-engraisseur. Depuis, le troupeau a grandi pour atteindre 120 vaches et les parents d'Olivier sont partis à la retraite. Les mâles sont vendus en broutards repoussés et les génisses ne sont plus toutes engraissées. « Même si je travaille beaucoup avec mon frère Didier, qui gère une exploitation identique à la mienne, et que mon père continue de nous aider en cas de besoin, je voulais pouvoir me débrouiller seul, explique Olivier. J'ai rencontré Patrick Naudot lors de journées de démonstrations consacrées à la contention. Son système m'a tout de suite séduit car je peux trier et manipuler mes animaux en sécurité sans jamais être en contact direct avec eux. »
Un équipement modulable
« C'est pour répondre aux besoins des élevages dont les effectifs ne cessent de croître que j'ai imaginé cet équipement de contention circulaire, déclare Patrick Naudot, dépositaire du brevet. Ce modèle est modulable en fonction de l'exploitation. Dix panneaux en tôle galvanisée sont assemblés pour former un cercle. Certains sont équipés de passages d'homme ou d'animaux. Au centre, deux "aiguilles" tournent autour d'un axe fixe et font avancer les animaux. Leur longueur est légèrement supérieure au rayon. Ainsi, elles peuvent venir buter contre les barres antiretour présentes tous les 50 cm sur l'ensemble des panneaux du contour. » Pour l'embarquement, il suffit d'ouvrir l'un des panneaux devant la bétaillère.
Jean-Paul Camus, technicien au Syndicat des cuirs et peaux, a aussi participé à l'élaboration du projet. « Les blessures ouvertes chez les bovins interviennent dans les quarante-huit dernières heures de vie de l'animal, explique-t-il. Elles sont très pénalisantes pour l'industrie du cuir. Les cicatrices représentent, elles aussi, un gros handicap. Elles demandent un ponçage qui engendre un coût supplémentaire et un cuir dévalorisé, d'où notre intérêt à concevoir des équipements dénués de toute aspérité, où bien-être de l'homme et de l'animal sont préservés », précise-t-il.
« Avec mes 148 ha répartis sur deux sites, les déplacements d'animaux sont fréquents. La stabulation libre, située sur le siège de l'exploitation, est équipée de cornadis autobloquants alors que les vieux bâtiments du deuxième site ne convenaient pas à la manutention. Mais je disposais d'une plate-forme bétonnée, vestige d'une ancienne fumière qui pouvait accueillir le nouvel équipement, détaille Olivier Petit. J'ai installé un parc d'attente à l'entrée. Après l'aménagement de mes deux parcs de réception, je pourrai trier broutards et laitonnes plus facilement au mois de juin et effectuer les traitements antiparasitaires ou les pesées dans de meilleures conditions », souligne Olivier.
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TEMOIGNAGE : François Raflegeau et Michel Perrin, de l'Institut de l'élevage "Tenir compte du comportement des bovins ""Il est important de prendre en compte les caractéristiques comportementales des bovins. Pour que l'animal puisse progresser calmement, il faut lui donner l'impression qu'il peut fuir. Dans ce système circulaire à entrée latérale, il ne distingue l'issue qu'au dernier moment, à l'inverse des couloirs rectilignes. D'une manière générale, les recoins ou angles droits sont à bannir. Prévoir parcs d'attente et de réception permet de travailler avec des animaux en groupe. Parmi ses congénères, il est plus serein. De même, les barrières en " tube " ou parois à ouvertures sont à proscrire car les animaux peuvent s'y coincer les pattes ou passer leur tête. Les panneaux pleins empêchent l'animal de voir à l'extérieur et le guident vers une sortie ", explique François Raflegeau. " L'embarquement des animaux sur l'élevage a souvent été négligé. Mal maîtrisé, il est source d'incidents et désorganise le travail. Les entreprises chargées du transport des animaux vers l'abattoir exigent des embarquements rapides. Sous peine de pénalités, l'éleveur doit aménager des structures pour un travail efficace ", poursuit Michel Perrin. |