Cinq foyers, huit associés, tous de la même famille, sont réunis au sein du Gaec de Parédé. Nous sommes entre Toulouse et les cimes pyrénéennes, dans une entreprise agricole aux productions multiples: vaches laitières, céréales, chèvres, vaches allaitantes, taurillons. La centaine de prim'holsteins à plus de 9.000 kg de moyenne constitue l'atelier principal. C'est le cas en termes de chiffre d'affaires mais plus tout à fait en temps de travail depuis l'achat de deux robots DeLaval à la fin de 2001. Cet investissement lourd a été réfléchi plusieurs années. «Depuis 1998, nous cherchions la meilleure option pour remplacer l'ancienne salle de traite qui, après vingt ans de service, était fatiguée et dépassée», explique Roger Fauré, un des associés. Les éleveurs se sont d'abord intéressés aux manèges. «Nous avions un devis de 138.000 euros (900.000 francs) pour un roto de dix-huit places. Mais il fallait encore deux personnes à la traite et surtout les modifications à faire dans le bâtiment étaient énormes. Nous avons aussi envisagé un système de traite par l'arrière mais, là aussi, il fallait casser des murs.»
32 m2 d'encombrement
Après plusieurs visites d'exploitations en France et en Europe, le choix du robot s'est imposé. «L'amélioration de la qualité de vie a primé. Pourtant, avec 235.000 euros (1,55 MF) pour deux stalles auxquels il faut ajouter le système de refroidissement et le Dal, c'était l'option la plus onéreuse», reconnaît Daniel Fauré, qui s'occupe du robot. Ramené au litre de lait produit, le coût apparaît plus raisonnable: 0,03 centime d'euro (18 centimes). L'intégration dans le bâtiment a été relativement facile. Les robots n'occupent que 32 m2. Pour conserver le couloir de paillage, les éleveurs n'ont pas placé les deux stalles au centre. Elles sont installées en parallèle à une extrémité de l'aire paillée, dans l'ancien local des jeunes génisses qui, lui, a été déplacé. Comme le recommande le constructeur, les éleveurs ont choisi une circulation guidée des animaux. Pour avoir accès à l'alimentation et aux abreuvoirs, la vache passe donc par le robot qui détermine si elle doit être traite ou non. Des portes antiretour entre l'aire paillée et l'aire d'alimentation assurent le sens de circulation. «Cette méthode facilite évidemment l'apprentissage du robot les premiers jours. Il y a ainsi beaucoup moins de vaches à aller chercher. Ensuite, en fin de lactation, le tarissement est moins rapide», expliquent les éleveurs. Avec quatre-vingt-dix vaches à la traite, les deux robots ne fonctionnent pas à 100% de leurs capacités. Ils pourraient accueillir vingt-cinq vaches supplémentaires sans difficulté. Il serait alors nécessaire d'installer une porte de sélection intelligente entre le couchage et l'alimentation pour ne pas encombrer les stalles avec des vaches qui ne justifient pas une traite. Le Gaec de Parédé a prévu cet emplacement à gauche des robots. Une autre porte sélective est déjà en place au bout du couloir de sortie des robots de façon à orienter les animaux vers les box d'isolement.
Le démarrage du robot est toujours un peu stressant pour les éleveurs. «Ici, l'apprentissage des animaux n'a pas été trop long. Trois jours et deux nuits à quatre personnes à pousser les animaux ont été nécessaires pour que la majorité du troupeau comprenne le fonctionnement.» Le nombre de réformes liées au robot a été très faible: seulement deux vaches trop effrayées. «Nous avions déjà de bonnes qualités de mamelles et le système VMS de Delaval pardonne beaucoup de choses. Il n'y a que les trayons arrière trop rapprochés qui peuvent poser des problèmes. Dans ce cas, on a la possibilité d'espacer un peu plus les traites de façon à avoir une mamelle un peu plus gonflée, notamment chez les primipares», explique Daniel.
Des choix de paramétrage
Car le robot VMS peut être paramétré pour chaque animal sur plusieurs critères. D'abord, la stalle s'ajuste automatiquement au gabarit de la vache. L'intervalle entre deux traites est aussi à programmer. Au Gaec de Parédé, il est de six heures. «Deux ou trois fois par jour, on repère sur l'ordinateur les vaches qui ne sont pas passées depuis plus de douze heures. On voit aussi les défauts de branchement, les coups de pied, la conductivité quartier par quartier, etc. C'est un autre métier que la traite. Il faut un certain apprentissage et avoir l'oeil. Mais, au final, on connaît beaucoup mieux les animaux car on les suit au jour le jour sur un grand nombre de critères», ajoute Daniel. Néanmoins, en 2002, pour la première année de fonctionnement, le troupeau a connu quelques problèmes de cellules. «Avec le robot et une circulation guidée, les mouvement des animaux sont plus nombreux. Chaque vache passe en moyenne six fois dans le robot et se fait traire trois fois. Le piétinement de l'aire paillée est donc plus important, ce qui a entraîné une surchauffe de la litière. Depuis que nous curons toutes les semaines, ce problème est résolu», assurent les éleveurs. D'ailleurs, toute la production est livrée à une fromagerie qui exige un maximum de garanties en termes de qualité du lait.
Etre disponible 24 h/24«Par rapport à une salle de traite, le robot nous fait économiser exactement deux heures de travail par jour. Et je ne tiens pas compte de la pénibilité. Car travailler sur un écran d'ordinateur ou surveiller quelques animaux n'a rien à voir avec les heures passées dans une fosse de traite par tous les temps», explique Daniel. Mais il y a aussi des contraintes, notamment être disponible 24 h/24 pour répondre aux éventuelles alarmes. Elles sont transmises sur un téléphone portable. En moyenne, les éleveurs connaissent moins de deux alarmes par mois. Le Gaec de Parédé assure lui-même une part de l'entretien. De ce fait, les associés ont choisi le service de maintenance minimal: la visite tous les deux mois d'un technicien et l'assistance téléphonique. |
L'avis de l'expert: JEAN-JACQUES CERUTI, responsable commercial du Sud-Ouest chez Delaval «Les éleveurs se sont approprié cette technologie» «La première chose qu'il faut remarquer au Gaec de Parédé, c'est la façon dont les deux robots ont pu s'intégrer dans le bâtiment existant sans qu'il y ait de modifications importantes à réaliser. Après vingt-six mois de fonctionnement, on peut dire que cette conception fonctionne bien. Nous avons une fréquentation quotidienne moyenne de 2,9 traites par vache pour une production journalière de 2.700 kg de lait pour les deux stations. Bien sûr, les deux robots n'atteindront leur optimum qu'avec vingt ou vingt-cinq vaches de plus mais les animaux se sont parfaitement habitués à la circulation guidée. L'autre élément important concerne les éleveurs. Ils se sont complètement approprié la technologie du robot et un partenariat s'est établi avec l'équipe technique du VMS. La facilité avec laquelle ils manipulent les logiciels du robot (l'Alpro) est aussi pour nous une grande satisfaction. |