Nos territoires ruraux sont bien vivants ! N’en déplaise aux orgueil-leuses mégapoles, la ruralité française fourmille de projets innovants qui dynamisent l’économie locale. A la base des expériences réussies : un environnement naturel que l’on cajole et des spécificités culturelles que l’on revendique. Une leçon d’identité heureuse.

« Par les champs et par les grèves »

Nous avons réalisé au cours de cette enquête divers reportages, du Pays basque à la Bretagne, en passant par le Lot et les Vosges. Nous sommes allés recueillir l’avis d’observateurs attentifs : élus, historien, sociologue, géographe… Tous les acteurs rencontrés le confirment, il ne peut y avoir d’aménagement possible, pérenne et profitable au plus grand nombre, sans respect de l’identité propre à chaque territoire. Une réalité souvent en contradiction avec les réflexes jacobins de la puissance publique.

Dans son dernier livre, l’écrivain voyageur Sylvain Tesson raconte sa traversée de la France au cœur des campagnes, loin des villes et des routes nationales (Sur les chemins noirs, Gallimard, 2016). Il s’y moque des experts cherchant à aménager le territoire depuis Paris, à coups de rapports sur « l’hyper-ruralité ». Ce qu’il leur reproche ? Vouloir faire entrer les pays dans des moules technico-juridiques. « Au lieu d’écrire Par les champs et par les grèves, le futur Flaubert qui traverserait ces étendues pourrait se fendre d’un Par les Zup et par les Zac, ironise-t-il. Les bénéficiaires de ces aménagements feraient de bons soldats, des hommes remplaçables, prémunis contre ce que le rapport appelait les ‘votes radicaux’. Car c’était l’arrière-pensée : assurer une conformité psychique de ce peuple impossible. »

La balade à laquelle nous vous convions dans ces pages prouve au contraire que c’est bien la diversité de la France qui fait sa richesse et son identité.