Depuis trois ans, Cédric Landrein élève trois lots de 25 génisses par an dans les bâtiments qui hébergeaient auparavant les laitières. « J’ai 150 places en tout. Avec un âge au vêlage réduit à 24,2 mois en moyenne, je vais sûrement pouvoir prendre quatre lots de génisses dès l’année prochaine », constate-t-il.
Installé en 2010, il pensait conserver la production laitière de 550 000 litres de ses parents, et réduire l’atelier de volailles de Loué. Finalement, il y a trois ans, il a revu l’orientation de son exploitation afin de tout mener de front. L’atelier de volailles s’est agrandi, la production laitière a cessé au profit de l’élevage de génisses, mais les 125 hectares de cultures et de prairies ont été maintenus. « L’élevage de génisses me correspond bien. Je les prépare pour leur carrière, et je peux valoriser mes bâtiments et mes prairies. »
Cependant, l’éleveur prévient : il est important d’anticiper une phase de transition. Cédric a ainsi réduit progressivement la production laitière sur une année afin de vendre ses vaches fraîches vêlées. En parallèle, il a accueilli ses premiers lots de génisses. « Le troupeau laitier disparaît peu à peu alors que les premières génisses ne sont vendues qu’au bout de deux ans. Il est donc important de se faire accompagner par son organisme de gestion. »
Obligations de résultat
Cédric est membre du Groupement d’éleveurs spécialisés de la Sarthe (GESS) qui détermine le prix d’achat et de revente des génisses. Il fixe aussi des obligations de résultat, telles que la réalisation de l’écornage, un poids de 550 kg à 60 jours avant vêlage (lorsqu’elles repartent chez leur naisseur), un vêlage à 30 mois maximum, et la vaccination contre la BVD (diarrhée virale bovine).
Appartenir au GESS permet également de comparer les résultats technico-économiques. « Cela fonctionne : à l’origine, il ne fallait inséminer ni avant 400 kg, ni avant 15 mois. Mais peu à peu, nos têtes de lots pesaient 400 kg à 14, voire à 13 mois. Désormais, l’objectif est uniquement d’atteindre 400 kg à la première insémination. » Il en est de même pour l’achat des génisses chez le naisseur. Le prix est fixé selon le poids à 14 jours. « J’achète beaucoup plus de génisses à 220 € qu’à 130 €, mais je m’y retrouve, explique celui qui réalise une marge brute d’environ 450 € par tête. Une génisse plus lourde à l’achat vêlera plus tôt et aura une meilleure carrière. »
Une fois arrivés dans son élevage, les animaux reçoivent une alimentation lactée pendant quarante-cinq jours pour un sevrage à 2,5 mois. « Je consomme entre 30 et 33 kg de poudre de lait par génisse. » Cédric leur distribue aussi une ration sèche composée d’un aliment 2e âge à volonté dans un premier temps, puis rationné à 4 kg après le sevrage. De la paille à volonté et une pierre à lécher sont alors mis à disposition.
Pâturage tournant
Passé 4,5 mois d’âge, une alimentation composée de fourrages de l’exploitation est distribuée. « J’ai une mélangeuse et mon salarié réalise l’aliment trois fois par semaine car la ration se conserve bien. J’utilise ma paille de fétuque, puisque je suis producteur de semence, mon ensilage d’herbe, de moins en moins de maïs ensilage, du maïs grain pour les petites génisses et du tourteau de colza. En effet, plusieurs de mes naisseurs sont engagés dans les filières des laiteries Bel ou Saint-Denis-de-l’Hôtel, avec une alimentation sans OGM. »
L’éleveur tient à faire pâturer au maximum les génisses. Un pâturage tournant est géré au quotidien. Les parcelles les plus lointaines sont récoltées en ensilage ou en enrubannage. Pour suivre la croissance des génisses et obtenir des lots homogènes, les animaux sont pesés tous les mois.
Yanne Boloh