«Tant qu’à traire, j’aime qu’il y ait du lait », observe Philippe Sinquin, éleveur du Finistère, passionné de génétique. En Isu, son troupeau se classe parmi les 10 % meilleurs du département, selon le relevé de prim’holstein France. L’objectif de Philippe est une moyenne de 9 200 kg de lait, même si ses vaches sont plus proches de 8 800 kg actuellement. Mais pas question pour lui de faire du « lait par les concentrés. » La ration des laitières est basée quasi exclusivement sur les prairies et les fourrages autoproduits sur les 62 hectares de l’exploitation (10 ha de prairie naturelle, 18 de maïs ensilage et le reste en ray-grass, avec ou sans trèfle blanc). Les fourrages équilibrés permettent de produire 97 % du volume de lait, soit 440 000 litres (voir encadré).
Les animaux sortent au pâturage le plus tôt possible, généralement de début mars jusqu’à fin novembre. Les prairies sont organisées en paddocks de 1 à 1,5 ha et les vaches reviennent tous les 25 à 28 jours sur une même parcelle. L’alimentation comprend également de l’ensilage de maïs, de la paille et un correcteur colza-soja. « Le silo reste ouvert toute l’année, car c’est difficile de maintenir ce niveau de production en le fermant », précise l’éleveur. À l’année, les vaches ingèrent 6,6 t de matière sèche (MS) de fourrages, 600 kg de correcteur azoté, et à peine 200 kg de concentrés énergétique. Ces derniers sont principalement distribués au printemps, au maximum 1 kg MS par jour en mai et juin. Le coût alimentaire est ainsi maîtrisé : 65 €/1 000 l malgré le haut niveau de production du troupeau.
Travaillant seul avec 55 vaches, Philippe a opté pour la simplicité. « Pas de table d’alimentation ni de cornadis, décrit-il. Les vaches sont nourries dans une auge montée sur roues, située au milieu de la stabulation. Je l’alimente avec mon godet une à deux fois par jour. Les fourrages sont offerts à volonté. »
Pour obtenir un niveau de production proche de 9 000 l, une clé de réussite est la qualité du maïs. Philippe choisit avec soin la variété et reste particulièrement vigilant sur le stade de récolte. Il vise un taux de matière sèche entre 33 et 36 %. « Je cherche l’expression du potentiel de la plante à fournir du lait et des taux. La récolte 2016 de maïs est excellente avec un rendement de 14 t MS utile/ha ». Pour les chantiers d’ensilage, il s’est associé avec l’exploitation voisine avec qui il a acheté le matériel. Avec la récolte de cette année, il a atteint près de 33 kg de lait par vache en décembre, à 34,6 g/kg de taux protéique (TP) et 45 g/kg de taux butyreux (TB).
Une belle performance pour des vaches sélectionnées sur la production, et de fait pénalisées sur les taux. « Au printemps, j’ai parfois du mal à atteindre 32 de TP », fait néanmoins part Philippe. Une concession inévitable avec de hautes productrices.
Taureaux américains
Philippe travaille scrupuleusement la génétique de son troupeau depuis les années quatre-vingt, conseillant son père avant même son installation. Il a toujours opté pour des taureaux américains. « Je choisis toujours des doses pour obtenir des vaches qui me plaisent, orientées lait et morphologie. Je suis très attaché à ce qu’elles aient une bonne mamelle. »