La méthionine est le premier acide aminé limitant chez les vaches laitières, notamment les hautes productrices. Sans un apport adéquat, inutile d’utiliser d’autres acides aminés en quantité importante, l’animal ne pourra pas les valoriser. Si les formes classiques de méthionine conviennent aux monogastriques, elles sont, en revanche, dégradées par la flore du rumen. Il est donc conseillé d’utiliser une forme protégée de la molécule, afin qu’elle parvienne à passer cette première barrière (effet bypass).
Les périodes privilégiées pour l’usage de la méthionine sont les transitions trois à quatre semaines avant et après le vêlage (lire l’encadré ci-dessous), pendant lesquelles les vaches doivent surmonter une balance énergétique négative, un stress oxydatif ou encore des inflammations. La méthionine et les composés issus de son métabolisme peuvent être utilisés comme acides aminés glucoformateurs pourvoyeurs d’énergie, antioxydants et soutiens du système immunitaire.
Apports mieux connus
« L’idée est d’améliorer la production laitière lors du pic de lactation », expliquait Bernard Cadudal, consultant en nutrition, lors d’une conférence organisée au dernier Space à Rennes.
Systali, le nouveau système d’alimentation des ruminants de l’Inra, modifie les recommandations en acides aminés. « Nous avons la volonté de prédire la production de protéines du lait en réponse à l’alimentation, quels que soient le stade et le potentiel de production », explique Sophie Lemosquet, chercheuse à l’Inra.
L’Institut a donc voulu vérifier les apports en acides aminés digestibles dans l’intestin (AADI), en lien avec les nouveaux modes de calcul des protéines digestibles dans l’intestin (PDI) : les protéines digestibles d’origine microbienne (PDIM) et alimentaire (PDIA). « En réduisant l’apport en PDIM et en corrigeant le profil en AADI, on maintient une bonne exportation de matières protéiques, souligne la chercheuse. Par ailleurs, la quantification des apports en lysine et méthionine digestibles (LysDi et MetDi) améliore la prédiction des matières protéiques par les PDI et l’énergie (UFL). »
L’Inra a également mis en évidence l’importance d’autres acides aminés indispensables : l’histidine (His) et la leucine (Leu). L’institut propose ainsi un profil idéal en acides aminés digestibles exprimé en pourcentage des PDI avec LysDi : 7 %, MetDi : 2,4 %, HisDI : 2,4 % et LeuDi : 8,5 %.